Lorsque vous êtes en vacances, sur la plage, et que vous avez envie de tenter une trempette, vous pouvez toujours vous approcher de l’eau et y glisser deux orteils. De là, si l’océan est un peu trop frais à votre goût, vous retournez tranquillement à votre serviette pour profiter du soleil. Et bien le Power Metal exige l’attitude inverse, impossible d’y tremper deux doigts de pied et de s’en aller de crainte d’être refroidi, sinon ça donne une plantade monumentale propice aux moqueries les plus justifiées. Non, le Power Meytal on y plonge comme on rentre en religion, avec fougue, passion, en tentant le saut de l’ange et en soignant son crawl, parce que le style ne tolère pas les timorés ni ceux qui passent en touristes. Et sans apprécier le genre au-delà d’une poignée de titres/albums, je dois reconnaître que j’ai toujours admiré cette grandiloquence et ce sens de l’emphase qui ont fait des meilleurs groupes des traductions de langage hollywoodien en musique. Certes, parfois, les arrangements sonnent faux, certes, de temps à autres, les chanteurs se la jouent diva d’opéra miniature en représentation permanente, mais il y a quelque chose de flamboyant et de remarquable dans ces grandes envolées lyriques et Speed, et ce, depuis la création du genre par je ne sais plus qui. Dans les années 80, alors qu’on ne collait pas encore cette étiquette, on parlait des groupes de Heavy Speed de la même façon, et on pointait alors les HELLOWEEN, les maîtres du genre, puis STRATOVARIUS, encore un peu gauche, avant que n’émergent les GAMMA RAY, RHAPSODY, SONATA ARCTICA, AVANTASIA, j’en passe et peut-être des plus notables, mais nous ne sommes pas là pour en faire un historique. A cette liste, aurait pu s’ajouter à une époque le nom des FRETERNIA, s’ils s’étaient montrés plus stables et productifs…Mais le destin étant ce qu’il est, ce sont dix-sept ans de silence que ces musiciens brisent aujourd’hui avec un troisième album que plus personne n’attendait…sauf les vrais fans de Power Metal.
Pensez-donc, rien à se mettre entre les oreilles depuis 2002, et la publication d’A Nightmare Story, qui suivait d’à peine deux ans l’introductif Warchants & Fairytales. Back in time, beaucoup misaient sur ce nouveau pur-sang, et y voyaient même la relève de l’arrière-garde Power, sans savoir que leur poulain allait se tirer avant de rentrer au box. Pourtant, avec le sceau de qualité suédois, une attitude de forts en gueule, et des capacités notables, le groupe avait largement de quoi tenir la dragée haute à ses aînés, se proposant même de les aider à marcher de leur béquille artistique. Las, et inutile de revenir en arrière, FRETERNIA n’est jamais devenu le leader qu’il aurait pu être, mais c’est aujourd’hui avec de nouvelles prétentions et une ambition remise à neuf que les originaires de Borås tentent le pari risqué du comeback après presque deux décennies de mise à l’ombre. Pari remporté ? Oui, et haut la main, parce que justement, le sextet (Pasi Humppi – chant, Patrik von Porat & Tomas Wäppling – guitares, Nicklas von Porat – basse, Tommie Johansson – claviers et Oskar Lumbojev – batterie) n’a pas hésité à plonger la tête la première dans les flots agités du Power Metal contemporain, gardant donc cette posture fière et altière qui les avaient distingués de la masse grouillante des habiles faiseurs sans talent dans un maillot trop moulant. Mixé et masterisé par Thomas Plec Johansson au studio The Panic Room (SOILWORK, WATAIN, NOCTURNAL RITES, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA), et doté d’un artwork griffé par Stan W Decker (MONUMENT, PRIMAL FEAR, TEN, ROSS THE BOSS BAND, STRYPER), The Gathering, à l’image de son titre référentiel, est un genre d’archétype d’album parfait dans le fond et la forme, légèrement handicapé par quelques détails qui n’atténuent pas le plaisir qui s’en dégage.
Plaisir de jouer d’abord, celui d’un groupe enfin réuni, qui s’est senti pousser des ailes et qui savait pertinemment que personne n’allait le rater en cas d’erreur. C’est pour ça que les six musiciens ont mis tous les atouts de leur côté, de cette production dantesque à ces morceaux hautement calibrés, qui sans faire avancer le style, puisent dans ses lettres de noblesse de quoi remplir un parchemin. Et niveau remplissage, personne ne se sentira lésé par ces soixante-quatre minutes de musique qui garantissent une longue et épique écoute. Là est donc le premier point faible de cette réalisation, cette longueur excessive qui condamne certains titres au mimétisme, et qui encombre d’autres de plans qui auraient gagnés à être concentrés. Mais avec une paire de guitaristes qui n’ont pas les riffs dans leur poche ni les soli dans leur sacoche, un chanteur qui sait se montrer puissant, racé et lyrique sans nous les briser, et des allusions permanentes au passé d’une musique qui a souvent brillé (on croirait souvent entendre quelques groupes que j’ai déjà nommés, de façon plus ou moins discrète), le tout est solide, carré, un peu engoncé dans ses arrangements trop polis (le son de synthé est parfois irritant), mais représente la carte postale parfaite que l’on souhaite recevoir d’anciens amis qui n’avaient pas donné de nouvelles depuis longtemps. De la fougue donc, et ce, dès « Reborn », qui de son intitulé en dit long sur l’envie de revanche des suédois. Riff d’entame qui a la rage, rythmique qui pilonne comme à la grande époque de « I’m Alive » ou « Freedom » de STRATOVARIUS, hargne presque thrashy dans les faits, mais légèreté mélodique qui permet de s’accrocher aux motifs, rien ne manque à l’appel et le retour se fait en pleine lumière du jour.
Des chœurs à l’allemande assouplis à la suédoise, pour une démonstration de force, et malgré le caractère parfois uniforme des idées (le milieu de l’album accuse un peu le coup, malgré l’inspiration du long « End of the Line »), on n’a que l’embarras du choix pour se rappeler que le genre est l’un des rares à vous faire rêver d’un monde fantasmagorique chamarré, avec ses dérapages un peu poppy (« Eye the Shadow of Your Sins », poppy but chic, et surtout, musclé), ses instants de classicisme à la DIO délocalisé quelque part sur la terre du milieu (« Change of Life »), et ses dégoulinades de sextolets qui n’en peuvent plus de cramer sur une rythmique cavalant et dévalant (« Dark Vision », belle démonstration de Pasi Humppi, qui s’arrache aussi sur les aigus). Avec quelques minutes de moins, et des idées moins tassées, nous tenions là l’album parfait, et en évitant certaines séquences de pilotage automatique, les FRETERNIA auraient pu s’enorgueillir d’avoir signé le fameux troisième album parfait qu’on attendait d’eux aux alentours de 2005, mais ne faisons pas la fine bouche, et acceptons de plonger le torse entièrement dans les océans. Car The Gathering n’a pas fait les choses à moitié, a soigné son entrée, bandé ses muscles, et taillé un joli dos crawlé. Et sans éclabousser les enfants je vous prie.
Titres de l’album :
1. Intro
2. Reborn
3. Last Crusade
4. The Escape
5. In Solitude
6. Eye the Shadow of Your Sins
7. End of the Line
8. Fading World
9. Change of Life
10. Last Fragments of Sanity
11. Dark Vision
12. Final Dawn
13. Age of War
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30