Je me disais qu’il fallait une sacrée dose de courage ou d’inconscience pour oser appeler son groupe AOR. Après tout, ces trois petites lettres signifient tant pour les amateurs de musique américaine que le résultat se doit d’être à la hauteur du défi, et il est de notoriété publique que n’importe quel musicien ne peut pas jouer d’AOR sans être vraiment talentueux et passionné. Alors, qu’un américain ait le culot d’utiliser cette AOC comme nom de baptême peut être envisagé comme de l’outrecuidance crasse. Sauf que l’artiste caché derrière ce nom n’a rien d’américain, et qu’il est bien…français. Oui, un français qui s’exile aux Etats-Unis pour défier les américains sur leur propre terrain a quelque chose d’attachant dans la folie, et pourtant, c’est le pari relevé depuis des années par Frédéric Slama, compositeur, producteur, auteur, journaliste et directeur de label (Sunset Dreams Records). Car la carrière d’AOR, comme la musique que le groupe honore n’a pas commencé hier, mais bien à l’orée des années 2000, alors que le style était moribond depuis longtemps. Plus de vingt ans de carrière pour Frédéric donc, et une kyrielle d’albums, tous aussi passionnants et intenses. Et vingt ans après l’initial L.A Concession, The Ghost of L.A. célèbre donc une existence vouée aux gémonies de la musique la plus radiophonique des eighties, celle qu’on écoutait sur les stations et qu’on entendait dans les films, rythmant les scénarii les plus typiques pour rendre l’action encore plus romantique ou dramatique.
Cinq ans après son dernier témoignage studio (L.A. Darkness), et après avoir inondé le marché de compilations et d’inédits (Rare Tracks & Demos (2017), More Demos From L.A. (2018), Heavenly Demos (2019)), Frédéric Slama revient donc en mode créatif pour nous proposer le dernier tome de ses aventures mélodiques, avec encore une fois, de sacrés sidekicks. Le principe du groupe est toujours le même, une base instrumentale sur laquelle vient se greffer le chant de légendes vivantes du genre, et Perris Records n’est pas peu fier de présenter la dernière collaboration d’AOR avec des vocalistes historiques. Le label présente donc ce nouvel album comme étant le meilleur de la discographie d’AOR, constat euphorique que seul le temps validera ou pas. Et tout ce qu’on peut dire pour le moment à propos de The Ghost of L.A. est qu’il ne fera pas vraiment tâche dans l’œuvre de son auteur.
Frédéric a condensé le propos, et n’a battu le rappel que de façon modeste. Ce ne sont que quatre chanteurs que l’on retrouve au micro sur ce nouveau chapitre, mais pas des moindres. Ainsi, le chant se partage entre Paul Sabu (ONLY CHILD, KIDD GLOVE, John WAITE), Rick Riso (CHASING VIOLETS, AOR), Steph Honde (HOLLYWOOD MONSTERS), et Markus Nordenberg (COASTLAND RIDE), Tommy Denander (ALICE COOPER, Steve WALSH) se chargeant quant à lui d’apporter le doigté en solo nécessaire à l’enjolivement des compositions, superbes, tandis que le maître d’œuvre Slama, en sus d’avoir tout composé, a aussi tout interprété et enregistré. Les quatre vocalistes se partagent donc le butin, avec deux morceaux pour Sabu, quatre pour Riso, deux pour Honde et un seul pour Nordenberg, la dernière piste se dispensant de chant. C’est donc à un festival auquel nous sommes conviés, et surtout, à un hommage sincère à cette ville qui a vu naitre tant de talents, et qui a incarné la Mecque du Rock FM dans les années 70 et 80.
Le titre même de l’album est quant à lui plutôt nostalgique et amer, puisqu’il prend acte de la dérive de cette ville californienne unique, autrefois temple de l’insouciance qui aujourd’hui semble avoir perdu son âme. Mais il est tout à fait possible d’être lucide et mélodique et à la fois, et les compositions de ce nouvel album ne s’engluent pas dans un sentimentalisme de bas étage lui préférant l’efficacité Rock habituelle. Nous sommes donc gratifiés de dix compositions, peaufinées par Frédéric, compositions incarnant à merveille le caractère intemporel de cette musique, et l’insouciance qui en accompagne le souvenir. Mais cet AOR est bien loin des arrangements suédois modernes, ou de la soupe pseudo Soul servie par des artistes en perdition, et se rapproche plus d’un Hard FM tel qu’il fut pratiqué en son temps par des formations comme HONEYMMON SUITE, BON JOVI, ou même le WHITESNAKE le plus commercial et séduisant. Pas question donc de s’en remettre à des claviers dégoulinants ou des intermèdes jazzy pour faire plaisir aux musiciens les plus pointus, mais bien de jouer une musique euphorique, énergique, plus proche de BRIGHTON ROCK que de TOTO.
Certes l’uniformité du produit en vient à user parfois notre patience, tant le recours au mid tempo est un peu trop systématique, les plans harmonique se ressemblant d’ailleurs un peu trop aussi. La production, générique au possible n’allume pas non plus la mèche, et l’ensemble donne parfois le sentiment d’avoir eu recours au pilotage automatique, ce qu’on peut regretter après cinq années d’absence.
Cela étant posé, les hits ne manquent pas. « The Easiest Way » entame la reprise de contact avec un riff que le grand SURVIVOR aurait pu lâcher dans les mid eighties, et l’aventure commence donc sous les meilleurs auspices. C’est d’ailleurs à Steph Honde que revient l’honneur de lire la partition en premier, tâche dont il s’acquitte évidemment avec brio de son vibrato soul. Mais on aurait aimé que Frédéric dévie un peu de sa ligne de conduite pour proposer des morceaux moins conventionnels, et qu’il tolère une accélération du tempo pour produire des choses plus…nerveuses. C’est donc paradoxalement vers les rares adoucissements qu’il vaut aller chercher les variations, sur le très beau « Sarah’s Touch », seul morceau interprété par Markus Nordenberg, puisque le reste du tracklisting s’accorde de cette linéarité de surface qui devient vraiment irritante passé les quarante minutes.
Certes, l’instrumental « Good Intentions » et ses airs de BO de sitcom vient nous sauver en extrême fin de lecture, mais l’ensemble souffre de ce conformisme rythmique, qui handicape sérieusement son propos. The Ghost of L.A. passe donc du statut de résumé parfait en première partie à celui de survol bâclé en seconde, et se voit condamné à passer en fond sonore lors d’une soirée qu’on veut tranquille. Dommage, car Frédéric Slama est un compositeur de grand talent, qui aurait dû pousser le bouchon plus loin, et varier son propos. Mais si le but avoué de cet album était de transposer la léthargie d’un L.A trop nostalgique de son propre passé, alors le but est malheureusement atteint.
Titres de l’album:
01. The Easiest Way
02. Too Late For Tears
03. Give Her The Moon
04. The Edge Of The World
05. The Spiral Heart
06. The Distance Between Us
07. Jenny’s Gone
08. Sarah’s Touch
09. Cast Out This Wicked Dream
10. Good Intentions
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