The Giant's Dream

Warcoe

12/05/2023

Autoproduction

BLACK HOLE, DEATH SS, ARPIA, ZESS, TEGEN HART, autant de noms qui mettront l’eau à la bouche des amateurs de Doom italien des années 80. Prolongement d’une scène Progressive et occulte des années 70, ce mouvement a trouvé un écho certain dans les contrées transalpines, au point que l’Italie est régulièrement citée aujourd’hui comme terre d’asile des enfants légitimes de BLACK SABBATH. Depuis, la liste n’a fait que s’allonger, au point que le pays est devenu l’une des sources les plus constantes du genre. Et il est certain que les musiciens du cru en maîtrisent le vocabulaire sur le bout du manuel.

Le Doom italien a ceci de particulier qu’il répond aux codes du Rock progressif lysergique des seventies. On a rarement affaire à un collectif se contentant de pilonner pendant trois quarts d’heure avec à peine quatre ou cinq morceaux interminables. Et visiblement, l’inspiration est restée la même ces quarante dernières années, si j’en juge par le premier album des WARCOE, combo de Pesaro entièrement dévoué aux évangiles selon BLACK SABBATH.

WARCOE est encore un jeune groupe, qui n’a pour le moment que deux sorties à son actif. Et celle qui nous intéresse aujourd’hui a vu le jour en format longue-durée l’année dernière, un an après un premier EP éponyme qui avait mis le feu aux poudres. Ce power-trio impeccable (Carlo - basse, Francesco - batterie et Stefano Fiorelli - guitare/chant) avait donc décidé de s’exprimer plus longuement, plaquant huit morceaux sur la table des négociations, tout d’abord à compte d’auteur, avant d’être récupéré par deux labels, Helter Skelter Productions et Regain Records. The Giant's Dream a donc droit à une seconde vie, en CD et vinyle, pour tenter d’élargir son auditoire et de trouver de nouveaux fans à fédérer autour d’une musique résolument passéiste, mais envoutante.

The Giant's Dream est - ne le nions pas - symptomatique de la démarche italienne en matière de lourdeur et d’occultisme. Pas question d’écraser le tempo pour provoquer une dépression, mais plutôt de jouer lent et ventripotent pour rappeler les premières heures d’un Heavy Metal naissant, déjà sombre, mais encore musical et plus obsédant qu’éprouvant.

L’argument promotionnel utilisé se base sur un principe de nostalgie et de comparaison flatteuse. Helter Skelter n’hésite pas à comparer son nouveau poulain à la grande idole BLACK SAB’, arguant des similitudes de timbre entre ce bon vieil Ozzy et Stefano Fiorelli. Pas vraiment faux sans être totalement vrai, cet argument n’est toutefois pas vraiment utile pour se persuader du bien-fondé de la démarche du trio, qui sait aussi s’éloigner de ses influences pour taquiner un Space-Rock stellaire. Ainsi, le style pratiqué semble prendre du plaisir à mixer le SAB, HAWKWIND et Paul CHAIN, pour obtenir un cocktail juste assez corsé pour enivrer, au corps épais, qui reste en bouche et ne maltraite pas le foie.

Cohérent de bout en bout, imperturbable, The Giant's Dream est le rêve de géant d’un quidam à la taille raisonnable qui a pourtant tous les atouts pour toucher du doigt un ciel noir et impénétrable. Un quidam qui dispense un cours de riffs acides et passéistes, qui laisse la rythmique s’emballer seventies pour ne pas rester trop statique, et un quidam qui impose ses volutes de chant comme des ronds de fumée dans une pièce un peu trop chargée en patchouli. Un rêve de Katmandu, avec chèvres, mantra, cultures diverses, et évidemment, temps de répétition pour roder un répertoire aussi Rock qu’il n’est Heavy (« Scars Will Remain »).

En un seul titre, WARCOE expose son point de vue, entre lignes de chant empâtées et hypnotique, mid tempo pataud mais fluide, et ambiance délicatement occulte, entre deux promesses faites au diable pour le convaincre d’une sincérité indéniable. Si The Giant's Dream est encore très convenu et un peu trop respectueux de cette fameuse scène Heavy Doom des années 80, il n’en est pas moins persuasif, et pourrait même incarner la tête de gondole d’une nouvelle génération qui a beaucoup appris de ses aînés.

On déroule le tracklisting, et si les répétitions sont inévitables, elles ne s’intègrent pas moins au concept global qui fait plus appel au ressenti qu’au sens du détail. L’étrange « Cats Will Follow » en témoigne, de son lick Classic Rock et de sa production si claire, tout comme l’acoustique cristalline de « Omega Sunrise », intermède clair comme de l’eau de roche qui apaise les esprits.

Pas de longue digression, mais des morceaux conséquents, qui se laissent porter par un ou deux thèmes principaux. Du Rock joué lourd, qui a parfois de faux airs de NOLA light (« Fire And Snow »), ou de vrais traits de ressemblance avec le Heavy Rock de l’orée des eighties, en Angleterre ou en Italie (« Thieves, Heretics And Whores »).

WARCOE sort donc grand vainqueur de cette campagne de réédition, qui permet à son premier album de bénéficier d’une lumière nouvelle pour éclairer en mode tamisé un décor bien connu. Gloire au Heavy cornu !

     

                      

Titres de l’album:

01. Giant's Dream

02. Cats Will Follow

03. Omega Sunrise

04. Fire And Snow

05. Winternaut

06. Thieves, Heretics And Whores

07. Scars Will Remain

08. Church Of Void


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par mortne2001 le 02/05/2023 à 17:52
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