Ces deux dernières années, nous avons été les témoins de reformations plus ou moins inattendues. Pas le genre de reformations anecdotiques, enfin pas tout le temps, et des évènements qui nous ont pris par surprise, déclenchant dans certains cas une euphorie tout à fait justifiée face à la qualité de la musique produite. Dire que la reformation de PSYCHOTIC WALTZ est une surprise relèverai de la mauvaise foi partielle. En effet, le groupe de San Diego, Californie a remis le couvert depuis une dizaine d’années, se retrouvant à l’orée des années 2010 pour une série de concerts et des participations à des tournées d’importance (notamment en compagnie de SYMPHONY X ou NEVERMORE). Il semblait donc logique que cette remise en jambes aboutisse un jour ou l’autre à l’enregistrement d’un nouvel album, mais néanmoins, cette absence de surprise ne doit pas atténuer le plaisir ressenti à la découverte d’un nouveau chapitre d’une des sagas les plus étranges du Progressif US. C’est donc avec bonheur que nous retrouvons en 2010 un groupe qui a marqué de son singularisme la scène américaine des années 90, considérant que le quintet nous en revient dans sa configuration d’origine, et non avec un line-up tronqué se reposant sur un ou deux membres originaux. Après un hiatus discographique de vingt-quatre ans, le fan hardcore avait de quoi légitimer ses inquiétudes, l’eau ayant coulé sous les ponts, mais dès les premières secondes de « Devils And Angels », il sera immédiatement rassuré. L’approche du combo n’a pas changé, ce sont juste ses méthodes de travail qui ont évolué. En effet, après deux décennies de silence, chacun des membres a continué sa vie, de façon plus « normale », et ce sont aujourd’hui des hommes responsables qui reprennent leur poste, et non des musiciens en quête d’une carrière solide. Il fallait donc trouver des solutions, et c’est une décennie presque complète qui aura été nécessaire à l’élaboration de ce The God-Shaped Void, qui n’a pas vraiment été enregistré selon une tradition collective.
Il a donc fallu beaucoup de patience et d’abnégation aux musiciens pour accoucher de cette œuvre. Ce sont d’abord les deux guitaristes Dan Rock et Brian McAlpin qui ont construit les morceaux en trouvant les bons riffs, programmant même des pistes de batterie pour rendre le tout plus parlant musicalement. Une fois cette base posée, le batteur Norm Leggio a pu travailler ses plans pour homogénéiser le tout, avant-dernière étape avant la complétude finale. Le chanteur Devon Graves, résidant depuis longtemps à l’étranger s’est vu fournir en matière via les voies numériques de communication actuelle, cet échange résultant en de longues périodes d’attente pour voir les morceaux prendre forme. Mais une fois le nouveau répertoire achevé, le groupe s’est donc rendu au studio Rarefield de San Diego pour bosser avec Ulrich Wild, avant de confier le glaçage au réputé Jens Bogren, connu pour faire briller les travaux de SEPULTURA, OPETH, KREATOR ou BABYMETAL. Tous les atouts ont donc été mis de côté par les PSYCHOTIC WALTZ qui ont pu reprendre le chemin interrompu après la parution de Bleeding en 1996, qui fut leur dernier témoignage studio. Et en tendant les deux oreilles sur ce majestueux et ample The God-Shaped Void, on a du mal à croire qu’un quart de siècle s’est écoulé depuis le dernier passage en studio de la bande tant les deux albums auraient pu être proposés à la suite. Non que ces dix (ou onze selon les versions) morceaux sonnent comme des redites, mais l’ambiance qui s’en dégage respire la cohérence et la fidélité à un style que les californiens furent plus ou moins les seuls à pratiquer à l’époque. Et pour cause, puisqu’ils en furent les inventeurs et les seuls dépositaires. Mais si le style n’a pas changé, son approche a dû s’adapter à la nouvelle vie des musiciens qui ne pouvaient plus se permettre quatre ou cinq nuits de répétition dans la semaine, et de fait, l’osmose qui règne sur cet album est tout simplement bluffante. On a vraiment le sentiment que le groupe a tout enregistré et composé dans la même pièce, aboutissant à ce monstre de cohésion qui retrouve l’optique des dernières années, se rapprochant évidemment des deux derniers efforts du groupe, sans pour autant oublier l’originalité flagrante des débuts. Et sans jouer les rabat-joie, inutile d’attendre de The God-Shaped Void la verve psychédélique du chef d’œuvre A Social Grace, même si certains morceaux pourraient s’en être échappés d’une réalité parallèle, notamment le très sudiste et champêtre « Pull The String » et son parfum NOLA dilué dans le Seattle d’HEIR APPARENT. Mais dans les faits, et sans condescendance aucune, ce cinquième LP se place sans honte parmi les meilleures réalisations du quintet qui finalement, n’aura jamais produit un mauvais album - voire moyen - de son existence.
Le Progressif selon PSYCHOTIC WALTZ n’a jamais répondu aux mêmes critères que celui de ses contemporains. On pourrait d’ailleurs voir aujourd’hui des réminiscences de QUEENSRYCHE dans cette musique, du NEVERMORE dans les passages les plus agressifs, et une touche de CRIMSON GLORY pour cette vision lyrique épurée. Le chant de Devon, toujours aussi particulier profite d’un instrumental la plupart du temps tranquille, qui sait toutefois se faire puissant lorsque l’ambiance le réclame. C’est ainsi que « Devils And Angels » propose une sorte de Post Grunge renforcé de Metal pur et dur, dans un voyage temporel nous ramenant aux dernières années des californiens. Le ton est planant, toujours un peu évanescent, et les pistes vocales de Graves, empilées, mixées et mélangées confèrent une sensation cotonneuse loin d’être désagréable. Le plus gros du travail a été accompli par la paire de guitaristes, qui ont tissé les trames sonores incantatoires, mais toujours sublimées de mélodies étouffées. La grandiloquence n’est jamais loin, mais travestie, un peu comme si le groupe voulait se rapprocher des seventies sans en accepter les digressions les plus pénibles. L’ampleur du son, remarquable, porte la marque du grand Jens Bogren, mais on sent que l’ingénieur du son s’est retenu pour ne pas dénaturer les morceaux, qui n’avaient pas besoin d’une production trop tape à l’œil. Les non-initiés auront sans doute du mal à se faire à ces chansons qui ne décollent pas vraiment et qui prônent la demi-teinte, de leurs harmonies amères et de leurs progressions tranquilles (« Stranded »), et les habitués aux grandes envolées vocales supporteront difficilement les modulations mystiques de Devon, qui utilise sa voix comme le ferait un conteur, sans jamais tomber dans la démonstration. Mais en accentuant un peu l’agressivité de temps à autres via quelques riffs plus tendus (« Back To Black »), le groupe se sait susceptible de parler à tout le monde, sans vraiment convaincre la majorité. Mais c’est le style PSYCHOTIC WALTZ, et nul ne le maîtrise comme ces cinq-là. Et pour cause, puisque personne n’essaie.
Le disque n’a pas la brillance des deux premiers LP’s. Il n’a pas cette aura particulière qui faisait du groupe un cas résolument à part, mais il a la magie des œuvres honnêtes, qui ne jouent pas. Les guitares acoustiques et le cheminement tamisé nous entraînent sur la piste du CRIMSON GLORY de Strange and Beautiful (« The Fallen »), tandis que l’adjonction de flutes rappelle les JETHRO TULL, soit un condensé de délicatesse et d’incongruité dans le domaine du Progressif moderne. Mais la beauté de l’ensemble laisse admiratif, spécialement lorsque le groupe se lâche et nous bombarde d’un des morceaux les plus épiques de sa carrière (« Sisters Of The Dawn »). Et de fil en aiguille, The God-Shaped Void s’insinue en nous, grandit dans notre cœur, comme le nouveau testament d’un groupe qui ne méritait pas encore son épitaphe.
Titres de l’album :
01. Devils And Angels
02. Stranded
03. Back To Black
04. All The Bad Men
05. The Fallen
06. While The Spiders Spin
07. Pull The String
08. Demystified
09. Sisters Of The Dawn
10. In The Silence
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