Le temps passe super vite mine de rien. Je m’en rends compte tous les jours en comptant les rares poils noirs de ma barbe qui jouent la résistance, mais encore plus en chroniquant des albums de groupes dont la carrière frise les deux décennies. Pensez donc, les américains d’IGNITOR fêtent cette année la sortie de leur septième album en dix-sept ans d’existence, et tout ça ne nous rajeunit pas. Mais dans le cas des originaires d’Austin, cette sensation de vieillesse annoncée se transforme vite en liesse agencée, chacun de leurs albums étant une invitation à la fête d’un Heavy Metal puissant et racé, et blindé d’influences. Et seize ans après le premier effort Take to the Sky, les texans ont effectivement tenu toutes leurs promesses et nous ont emmenés plus haut que les étoiles, nous propulsant dans la stratosphère du plaisir Metal avec un brio hors du commun. Il serait pourtant facile de réduire le quintet (Pat Doyle - batterie, Stuart Laurence - guitare, les seuls survivants du line-up d’origine, Jason McMaster - chant, Billy Dansfiell - basse et Robert Williams - guitares, arrivés en 2015) à un énième combo hommage de plus, même si leur musique emprunte évidemment des tics bien connus des eighties. Sens de l’à-propos, énergie ne se démentant pas, thèmes simples mais accrocheurs, basse proéminente à la Steve Harris, et chant suraigu. Car les américains ont ce petit plus qui leur permet de se distinguer de la masse, et qui ne réside pas seulement dans l’organe unique du légendaire Jason McMaster, ex-WATCHTOWER, DANGEROUS TOYS, DIRTY LOOKS, et trop d’autres combos s’étant disputé son talent hors-norme. D’ailleurs, depuis longtemps, Jason ne fricote plus avec les infrasons, et préfère se concentrer sur un chant plus classique, parfaitement en adéquation avec la bande-son tricotée par ses collègues. Et dans un registre de crossover entre Heavy et Power, The Golden Age of Black Magick tutoie encore les sommets, et nous assomme de huit hymnes totalement irrésistibles.
On pourrait d’ailleurs presque dire que les américains ont pris de sérieuses leçons chez leurs homologues suédois, à la différence près qu’ils existaient bien avant que les cadors scandinaves ne poussent leurs premiers cris. Et au moment de trouver une illustration nordique à la bombe « Steel Flesh Bone », je serais bien en peine. Car il semblerait que seuls les IGNITOR soient capables de jouer ainsi avec les frontières de la nostalgie, osant même fouler du pied les limites du Thrash que McMaster a autrefois franchi avec aisance. Et si « Secrets of the Ram » nous aiguille en introduction sur la piste d’un nouvel album trop nostalgique pour être créatif, la barre est vite rétablie, et le cap remis sur l’inventivité nostalgique. Et sous un artwork peint par le CEO de Metal on Metal Records Jowita Kaminska-Peruzzi (EXODUS, ATTACKER, WITCHBURNER, MIDNIGHT PRIEST, MANILLA ROAD, FORSAKEN, DECEASED, MELIAH RAGE, ARKHAM WITCH, METAL LAW) se cache donc l’album revival de cette fin d’année, le seul assez fou et débridé pour nous faire oublier qu’il puise son inspiration dans le passé. La maison de disques n’hésite d’ailleurs pas, et met le paquet au moment de comparer ce dernier né à des ensembles de légende. C’est ainsi que les noms d’ATTACKER, DIO, RIOT, SKULLVIEW, ASKA, CAGE, RAINBOW, IRON MAIDEN, PHANTOM-X, JAG PANZER et JUDAS PRIEST sont utilisés pour présenter ce septième tome des aventures des texans, et si certaines sont pertinentes, le groupe a acquis depuis assez longtemps une réelle identité pour s’en dispenser.
Ici, tout n’est qu’énergie, testostérone, allant et mordant. Les riffs sont accrocheurs en diable, les soli mélodiques mais techniques, et l’ambiance le confine au délire le plus absolu. Et si Jason a parfois un peu de mal à provoquer l’hystérie de son organe, il n’en a pas moins gardé ses prétentions festives intactes, ce qui permet aux morceaux de tutoyer la folie la plus allumée des années 80, lorsque les groupes ricains désiraient rattraper leur retard sur l’Europe en termes de Heavy Metal. C’est ainsi que l’on déguste à grandes lampées l’hymne absolu « Countess Apollyon » qui ressemble en effet à s’y méprendre à du MAIDEN repris par JUDAS PRIEST dans un local du Texas, mais c’est bien lorsque le groupe développe ses ambiances qu’il se montre le plus probant. De fait, « The Golden Age of Black Magick » agit en tant que title-track digne de ce nom, avec son lot de riffs virils, de gimmicks harmoniques en background et de déroulés de basse en nœud coulant. Il n’y a bien sûr rien de révolutionnaire dans l’attitude des IGNITOR, juste un classicisme adapté aux exigences d’une époque qui ne se contente plus de fac-similés, mais cette façon de remettre le passé en lumière en pointant les spots sur ses aspects les plus festifs à quelque chose d’irrésistible, comme si le grand ANNIHILATOR s’amusait à reprendre du RIOT dans le texte (« Hell Shall Be Your Home »). Huit morceaux, trente-cinq minutes de musique, le timing est parfait, et l’ombre du grand JUDAS PRIEST plane à côté de celle des LEATHERWOLF, ce qui permet au quintet de moduler les atmosphères pour proposer le produit le plus varié du marché.
Le Hard-Rock teinté de Heavy à la SKID ROW se taille parfois la part du lion (« Tonight We Ride »), mais les musiciens insufflent toujours à leurs morceaux ce petit plus de férocité qui les empêche de sombrer dans l’hommage pur et dur. A tel point que le terme de Power Metal pourrait être substitué par celui de Heavy Thrash, avec de sérieuses allusions à METAL CHURCH et à SATAN (« Execution Without Trial »), soit la réconciliation la plus sincère entre les Etats-Unis et l’EUROPE autour du totem Metal. Sans aller jusqu’à parler de « meilleur album », The Golden Age of Black Magick synthétise avec facilité tous les meilleurs côtés du groupe, et prouve que ses bientôt deux décennies de carrière ont été mises à profit pour sans cesse s’améliorer. Et faites-moi confiance, tomber sur un album qui accueille à la même table LIZZY BORDEN, SANCTUARY et RIOT n’est pas un plaisir auquel on a droit tous les jours (« Stoned at the Acropolis »).
Titres de l’album:
01. Secrets of the Ram
02. Countess Apollyon
03. The Golden Age of Black Magick
04. Hell Shall Be Your Home
05. Tonight We Ride
06. Steel Flesh Bone
07. Execution Without Trial
08. Stoned at the Acropolis
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