« C’est rond ça les gars, ça cueille précis ! »
« Oui, j’en conviens, nous avons trouvé la formule qui nous sied, mais nous n’avons toujours pas de patronyme… »
« Il faut y remédier céans…Il nous faut un nom qui retranscrit la subtilité et la poésie de notre démarche… »
« J’avais plusieurs idées de mon côté. CRISTAL LILLIES ou QUEST FOR THE SUBLIME… »
« Pas mal ça, moi aussi j’ai trouvé la bonne dénomination je pense. SODOMISERY, ça vous parle ? »
« C’est bon ça coco, c’est chaud, j’adopte »
Conversation fantôme entre les diverses personnalités de Harris Sopovic, en 2015, après avoir rodé quelques exemples de son répertoire dans l’optique d’enregistrer un premier EP avec son nouveau projet de studio. Plus sérieusement, et pour renforcer le côté cocasse de cette introduction, je me demande souvent ce qui passe par la tête des musiciens pour oser s’affubler de noms pareils, aussi fleuris et fins, le dernier me revenant en tête étant CLITORICIDE. Mais après tout, l’extrême ne s’est jamais bien assorti de comparaisons florales et de parallèles avec Verlaine, alors autant accepter le ridicule de ces sobriquets tous plus « choquants » les uns que les autres. Plus prosaïquement, SODOMISERY est donc né en 2015 dans le cerveau fécond du suédois Sopovic, qui à l’origine avait conçu cette aventure comme projet perso. Après un premier EP éponyme balisant le terrain, l’homme se rendit soudain compte qu’une configuration plus étendue permettrait à son concept de devenir un groupe, et c’est ainsi qu’il s’est entouré d’un line-up complet au moment de graver pour la postérité son premier longue-durée. Le voici donc dans toute sa splendeur, cautionné par la référence Testimony Records, frais dans sa pochette colorée, et animé des plus mauvaises intentions du monde. Il est évident que sans connaître la bête et en se basant sur un pareil blaze, on est en droit d’attendre de The Great Demise qu’il dégomme tout sur son passage, sans laisser de blessés à terre. Pourtant, l’affaire est moins simple qu’il n’y paraît, malgré un parti-pris extrême évidemment bien assumé. Dans les faits, SODOMISERY se conçoit comme l’équilibre parfait entre la violence du Black et la déliquescence artistique du Death, et les neuf morceaux de ce premier long prouvent que la recette en équidistance fonctionne parfaitement. Du Black/Death donc, ou Blackened Death selon vos inclinaisons, qui s’il ne révolutionne pas vraiment le créneau, n’en trahit pas les dogmes de brutalité et de crédibilité.
Aujourd’hui constitué d’une ossature solide et d’anciens/actuels membres de LIFE ECLIPSE, SMOTHERED, DEFUELD, SHADOWS PAST, LAMIA ANTITHEUS, SLAVEGRID, UNLEASHED SOUL, PREACH, SPHERA NOCTIS, AWAKEN THE DRAGON, ou DIABOLICAL (le line-up a changé depuis les débuts collectifs), avec à la guitare et au chant le leader Harris Sopovic, Paul Viscolit à la basse et Viktor Eklund à la batterie depuis 2017, et Magnus Grönberg à la seconde guitare depuis 2018, SODOMISERY est une sérieuse affaire de Metal bombant le torse, utilisant toutes les astuces d’un Death des nineties pour le propulser dans les affres d’un Black de la même époque, sans renier les aspirations mélodiques de la scène scandinave. Un mélange donc de Death sombre et agressif, parsemé de blasts, osant des ambiances mortifères et oppressantes, et se rapprochant parfois d’un Death technique et évolutif dans ses passages les plus alambiqués. Une vraie réussite donc dans le classicisme, le tout légèrement handicapé par une production un peu passe-partout, aux graves assez accentués. C’est ainsi que la batterie sonnera un peu trop synthétique aux puristes, tandis que les guitares trouveront grâce aux yeux des amateurs de tronçonneuse bien huilée. On sent que le groupe est à l’affût, prêt à en découdre à la moindre occasion, même si évidemment ce premier long n’est pas exempt de défauts. On notera par exemple une propension assez gênante à faire durer certains plans plus longtemps qu’il ne le faudrait, et des idées qui se répercutent d’un morceau à l’autre sans vraiment changer d’apparence.
Mais en l’état, The Great Demise est le type même d’œuvre à même de séduire tout autant les fans de MÖRK GRYNING que ceux d’AT THE GATES. Le parallèle peut sembler osé au vu de l’écart de style séparant les deux groupes, mais en entendant à la suite deux morceaux aussi différents que « Reapers Key » ou « The Messenger », on comprend mieux l’association, et cette possibilité de naviguer à vue entre les différentes approches. Le tout est savoureux en oreilles, donne un sentiment de déjà entendu, mais la voix forte et corsée de Sopovic, et la multitude de riffs qui remplissent les titres permettent de toujours se raccrocher à quelque chose et de ne jamais vraiment s’ennuyer. Et si l’entame radicale de « Reapers Key » place les débats sur le terrain de l’ultra-brutalité, avec ses guitares insistantes et sa rythmique tonitruante, un peu MORBID ANGEL sur les bords, le reste du tracklisting fait la part belle à des nuances plus prononcées. Ainsi, « In the Void » ose aller un peu plus loin qu’un simple pamphlet de bourrins pour bourrins, développe une belle ambiance enfumée, pour se rapprocher d’un Death à la suédoise effectif et prenant. Les instrumentistes connaissent évidemment leur boulot, mais se laissent parfois aller à la complaisance en taquinant le chrono, ce qui étire « The Great Demise » au-delà du raisonnable. Toutefois, la belle intro acoustique de « Until They Burn » découlant sur une boucherie down tempo du plus bel effet rétablit la balance au milieu, avant que « Arise » ne nous charcute aux petits oignons avec ses allusions BM plus vraies que nature. Efficace, pas trop roublard, aplatissant, relevé et musclé, ce premier LP est donc un bel exercice de style, mais on espère à l’avenir plus de breaks syncopés comme celui relançant la dynamique de « Arise ».
Ne faisons pas la fine bouche, car cet album, sous des auspices simples, se bonifie au long des écoutes et révèle sa nature profonde. Encore un peu tendre pour le statut de leader, SODOMISERY se montre toutefois sous un jour flatteur, et fait le job avec application. Il fournit même le lubrifiant, c’est dire s’il prend soin de vos canaux. Auditifs s’entend.
Titres de l’album :
01. Reapers Key
02. Into the Cold
03. Sacrifice
04. The Messenger
05. In the Void
06. The Great Demise
07. Until They Burn
08. Arise
09. The Abyss
Pas mal. J'aurai sans doute oublié ce groupe demain, mais en attendant, je suis toujours client pour ce genre de Black/Death suédois à la Dissection.
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