Les moissons ont déjà commencé par nos contrées. Le blé, le maïs, le colza, les tournesols sont donc fauchés, et la terre préparée pour un hiver improductif et reposant. La vie suit donc son cours, comme les saisons, mais inutile de dire qu’ici, les récoltes apportent la vie, et non la mort. Visiblement, en Pologne la donne n’est pas la même si j’en juge par le premier album des mystérieux CODEX NERO. Ce Codex noir semble donc cacher des secrets inavouables, partiellement dévoilés par une musique étrange, aux confins des genres. CODEX NERO est le genre d‘énigme que la production mondiale affectionne de temps à autres. Aucune date de formation ni de line-up, un Faceboook assez opaque, et pour seule indication, un album, distribué par un label polonais tout aussi étrange. De là à dire que les musiciens et le label sont liés par plus qu’une simple coïncidence, il y a un pas que je pourris franchir.
Les énigmes sont comme les légendes urbaines, pas toujours crédibles ni intéressantes. Je me souviens de ce Livre sans Nom dont on m’avait vanté les mérites il y a quelques années, mais dont le seul intérêt résidait en l’absence d’auteur, et qui a fini par prendre la poussière sur les étagères des médiathèques et des bibliothèques personnelles. Mais le cas bizarre de The Great Harvest of Death est beaucoup plus intrigant que ce roman policier de bas étage, puisque son contenu dévoile des ambitions artistiques assez imposantes.
Il est d’ailleurs assez difficile de définir les contours précis de cette œuvre. Entre Death/Black vraiment épais, et Black/Death sombre et poisseux, CODEX NERO ose même fusionner l’Indus des années 90 en filigrane d’une musique puissante et ample, et finit par emporter l‘adhésion de sa cohérence et de sa vilénie de ton. On ne sait pas vraiment à quel démon se vouer en écoutant ces huit pistes qui défient le reste de la production de leur culot rythmique et mélodique. Les harmonies, présentes, sont souvent dissonantes et stridentes, le climat délétère, le propos malsain, et l’histoire racontée n’est pas de celles qui rassurent les enfants au moment de fermer les yeux. Le tout ressemble plus au proverbial monstre caché sous le lit ou dans le placard, et dont les yeux brillent une fois la lumière éteinte.
Je le concède, sans avoir été secoué sur mes fondations les plus stables, The Great Harvest of Death a provoqué une réaction bizarre dans mon organisme. Comme si un microbe ou un virus inconnu s’y étaient répandus insidieusement, altérant momentanément ma perception des choses. Il faut dire qu’une entame de la grandiloquence de « Khaos Vortex » a de quoi surprendre. Montée en puissance progressive, riff monstrueux en mantra qu’on se répète de plus en plus fort pour échapper à la réalité, marche martiale nous menant vers des Hadès parallèles, le propos est tout sauf serein et le voyage pour le moins chaotique dans son plan de départ.
Il y a beaucoup d’idées dans cet album. Certaines sont formelles, d’autres plus déviantes, mais l’ensemble tient debout grâce à un art consommé de la fondation solide. Les structures sont bien ancrées dans la terre profanée, et les envies progressives et évolutives bien pensées. Loin de la méchanceté habituelle de la scène Black/Death défiant l’originalité avec l’épée du conformisme de l’efficacité, CODEX NERO déroule un parchemin étrange, qui ne se décrypte pas avec un simple coup de chance. Avec des chapitres longs et développés, le groupe polonais (ou one-man-band, qu’en sait-on après tout ?) impose sa patte, et profite d’une production gigantesque mettant les graves en relief tout en montant les médiums. Ainsi, ce premier LP fait montre d’une maîtrise hallucinante, et sonne comme le travail fourni d’un groupe établi, passant la troisième ou quatrième étape cruciale de sa carrière.
De la même façon qu’un TERRA TENEBROSA s’insinuerait dans les pages du grimoire d’AURA NOIR (« Transmutations Code »), The Great Harvest of Death fauche les champs de la créativité pour offrir sa récolte pas comme les autres. Entre tempo médium appuyé et accélérations apocalyptiques et assourdissantes (« The Unborn Spirit Awakens », l’un des rares segments purement Black, mais à la polonaise qui en buvait au petit déjeuner), ce premier album est d’une maîtrise rare, et sert extraordinairement bien son propos mystérieux. Comme un parchemin retrouvé sous les ruines d’une église maudite, il fonctionne sur le principe de l’interrogation, de la fascination et de la répulsion.
Difficile de ne pas se poser de question sur sa construction, sa préparation et ses ambitions, sans se forcer à admettre que son contenu est plus surprenant qu’il n’y paraît au prime abord. Monstre de puissance brute et froide, il finit par faire son chemin dans vos veines au sang noir, occultant une bonne partie du reste de la production actuelle. Messe noire enregistrée live par des prêtres défroqués, il propose quand même des psaumes plus classiques, à l’image du ténébreux « Pestis » qui ressort du placard ces sinistres masques de protection au nez méchamment pointu, et se termine même par un ultime chant en Ambient malsain, avec voix agonisantes, et incantations récitées dans un dernier râle (« Mavrisma »).
Enorme surprise que ce premier album de CODEX NERO, qui fascinera les amateurs de devinettes sans réponse.
Titres de l’album:
01. Khaos Vortex
02. Terra Nullius
03. Spiritual Hibernation
04. Transmutations Code
05. The Unborn Spirit Awakens
06. Pestis
07. Misanthropy
08. Mavrisma
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