Shooting Daggers - Athames
Nouvelle rubrique, parce que le Hardcore, j’en veux encore. Sous-titré : le Punk/Hardcore est l’un des styles les plus prolixes, et voit éclore chaque semaine une grosse portée de groupes, qui ont tous leurs revendications. Et quel plus grand plaisir que d’entamer cette nouvelle formule avec un power-trio exclusivement féminin, qui hurle ses revendications comme un chien la queue coincée dans la porte. Fondé il y a quelques années, SHOOTING DAGGERS est évidemment lié au mouvement riot grrrl, ce que précise leur bio sur la page officielle de leur label, mais évidemment, il est impossible de les résumer ainsi. Sal, Bea et Raquel se revendiquent d’une étiquette feminist punk/Queercore outfit, puisque la lutte pour l’équité en matière de droits est encore un long combat loin d’être terminé, et quel meilleur vecteur d’expression que ce premier EP, décliné en trois supports, CD, 7’’ et tape.
C’est leur label national New Heavy Sounds qui se charge de la distribution, et la maison de disques a eu le nez creux. Malgré sa brièveté, Athames est l’une des grosses surprises de cet été, avec son rythme affolé, ses cris à donner des suées à Ted Bundy, ses riffs francs et massifs et sa cohésion d’ensemble. Très liées, les trois musiciennes ne se contentent pas de rentrer dans le lard façon Fastcore, mais imposent leur point de vue sur un up tempo diabolique, le tout nappé de lyrics hargneux mais terriblement lucides.
Admettons-le, ce simple/EP est le genre de truc qui s’écoute en boucle pendant une heure, tant sa hargne est tangible et sa musique addictive. Sorte de trip en immersion dans la peau d’une femme de notre siècle, ou dans les fringues d’un queer de campagne, Athames met mal à l’aise de sa violence, mais use aussi de nombreux effets/atmosphères pour nous interpeller. Et tout ça fonctionne très bien, laissant parfois place à une sorte de Heavy Core malsain et en écho (« We Will Live », on veut bien les croire), ce qui confère à ce premier format court une aura particulière et une créativité indéniable.
A l’image d’un BIKINI KILL détourné par ATARI TEENAGE RIOT en rupture de synthés et d’électronique, SHOOTING DAGGERS est une dague plantée dans le cœur des machos, des homophobes, et plus généralement de cette société inégale qui envisage encore certains de ses représentants comme des citoyens de seconde, voire troisième zone.
Entre « Liar » à l’ambiance BLACK FLAG et l’entame « No Exit », vraiment en rogne, Athames nous prend à la gorge pendant un quart d’heure, et nous fait voyager dans les couloirs du temps, entre Hardcore traditionnel et attaque alternative fumeuse des nineties. Faites-vous plaisir, et partez à la rencontre de ces trois musiciennes qui ont beaucoup de choses à dire et qui le disent très bien, et très fort.
Titres de l’album :
01. No Exit
02. Liar
03. Manic Pixie Dream Girl
04. Carnage
05. We Will Live
06. You Can’t Kill Us
Last - The Sinless Birth
Du Hardcore encore, du Hardcore d’accord, mais du fort, du violent, et du qui te casse gentiment les dents. Et à ce petit jeu de pains balancés dans la tronche, les belges pas trop débonnaires de LAST sont des cadors, ce que leur second EP prouve en vous brisant quelques côtes et en vous offrant un bel œil au beurre noir. La bagarre, la vraie, et pour une raison simple : la diversité. Certes, le groupe des Flandres est résolument Core, mais il ne crache pas pour autant sur un brin de fantaisie Metal et même d’un jet de pus Death histoire d’agrémenter de sauce bien torride ses morceaux hargneux comme des pitbulls réveillés en pleine nuit.
La nuit, tous les chats sont gris, mais le soir, tous les belges sont teigneux. Voilà la formule à l’emporte-pièce qui pourrait résumer cette confrontation, puisque The Sinless Birth tient plus du combat psychologique et physique que de la simple écoute d’un produit mis sur le marché. Fondé en 2019, le quintet (Ruben - basse, Koen & Kristof - guitares, Kris - chant et Bert - batterie) a d’abord tâté le terrain avec confiance via Eater of the Light, mais a rassemblé ses forces pour nous offrir la déflagration la plus intense de cet été caniculaire, histoire de faire grimper la température de quelques degrés supplémentaires.
Impeccablement produit, distribué localement mais disponible sur Bandcamp, The Sinless Birth est un pur concentré de haine, comme le démontrent les intitulés des morceaux. « Chaque jour tu échoues », « Bois le sang », « Pas d’espoir », « Une époque de dépression », « La malédiction de l’humanité », « L’enfer rentre à la maison », je ne vais pas tous les citer, mais on sent que les textes ne sont pas focalisés sur l’amour de la nature ou de son prochain. Il fallait donc que la musique soit en adéquation, et ce Hardcore fortement métallisé n’est pas sans évoquer un SLAYER des années 90 en goguette avec les EXILE, et frappe fort, lourd, méchant, laissant une sensation durable de pugnacité de tous les instants.
Lucides, les belges jouent donc la dénonciation des inégalités et la torture d’une vie régentée par la société et la plèbe bienpensante. On sent que l’héritage Hardcore se manifeste surtout au niveau des textes et du chant, alors que l’instrumental lui, joue la carte de la biodiversité en recyclant des riffs purement Death sur fond de rythmique solide comme un bloc de béton. De là, inutile de chercher midi à quatorze heures, le EP s’écoute d’une traite, et puis encore une fois, et encore une fois…ad lib.
Sa brièveté joue pour lui, mais parvenu à « The Sinless Birth », limite Crust et Grind, on déplore que deux ou trois titres n’aient pas été rajoutés au dernier moment. Alors, LAST ne fait sans doute pas partie des premiers, mais ne dit-on pas que Dieu envoie ses plus valeureux soldats à la fin ?
Titres de l’album :
01. You Fail Every Day
02. Drink the Blood
03. No Hope
04. Times of Desperation
05. Curse of Humanity
06. Manumitter
07. Hell Comes Home
08. The Sinless Birth
Hip Fire - Vices and Sins
This EP is dedicated to Austin Stewart, Jace Dallas, Riley Gale, and all other friends lost too soon. Rest in Power.
On ne peut pas vraiment dire que cet EP se présente sous les auspices les plus joyeux et optimistes. En choisissant de rendre hommage à des disparus, ce groupe nous rappelle gentiment que la mort frappe n’importe où et n’importe quand, et que notre condition fragile d’humains est soumise aux caprices du destin. Ce qui, au demeurant, ne doit pas nous empêcher d’apprécier la musique proposée par HIP FIRE, lourde, intense, glauque et légèrement métissée sur les bords.
Comme dirait notre regretté Coluche, « c’est l’histoire d’un mec ». Oui, car HIP FIRE est un side-project monté par Michael Anstice, originaire d’Austin, Texas, et membre de HINAYANA. Souhaitant explorer d’autres horizons, l’homme s’est lancé en solo, en sollicitant toutefois l’aide de quelques comparses. On retrouve ainsi des featurings d’Erik Shtaygrud (guitare), et de Kyler Caron et TJ Lewis au chant. Niveau prod, c’est Michael Anstice lui-même qui s’est chargé du mixage et du mastering, en résulte un son gras, épais comme un caillot de sang, et mettant admirablement en relief le côté Metal des riffs.
La question en suspens dans tous les tympans : cette musique reste-t-elle du Hardcore, ou bien s’agit-il d’un Metal subtilement Sludge, méchamment Death, et, par moments Core, lorsque l’humeur de colère l’exige ? La réponse est simple, on s’en cogne comme du premier coupe-ongles de Dee Snider, et on savoure cette tranche de méchanceté, parfaitement adaptée son époque, qui ne reste certes pas dans les balises précises d’un Hardcore de rue, mais qui en a l’intensité et les intentions. Si Vices and Sins n’est pas le EP du siècle, ni même du mois, il n’en est pas moins un produit efficace, qui n’est pas sans évoquer - avec un peu d’imagination - un délire commun à MEETHOOK SEED et CANCER. Comme vous le constatez, les racines ne sont pas vraiment Hardcore, pas plus que ces guitares qui rugissent des riffs noirs comme une cheminée ramonée par les RAMONES. Mais l’envie, la rage en filigrane, et ce deuil porté du bout du désespoir s’assimilent bien à cette forme de musique rageuse venue de la rue, même si parfois, notre hôte pousse le bouchon le plus loin possible sur les rives d’un Death vraiment cryptique et subtilement mélodique (« Sins », interlude loin d’être un bouche-trou).
Alors, j’en conviens, j’aurais pu pour boucler cette nouvelle rubrique trouver un machin plus roots et moins métallique. Mais les hasards des choix étant ce qu’ils sont, je suis assez content d’être tombé sur ce moyen-format intense, déprimant et sans réel avenir autre que celui du point de vue de son concepteur.
Les rythmes sont variés, les idées aérées (« Burn the Rot »), les syncopes entrecoupées par des silences bien sentis (« Johnny Texas »), et le plaisir un peu masochiste. Avec Vices and Sins Michael Anstice s’est fait plaisir, ne nous vend pas vraiment de rêve mais plutôt une lucidité indispensable à toute survie dans cette société, en jouant une musique bien déprimante, et surtout, violente à souhait.
Hardcore ? Quelque part oui, mais bien travesti.
Titres de l’album :
01. Vices (Intro)
02. Ink and Blood (feat. Erik Shtaygrud)
03. A Rider Named Death
04. Sins (Interlude)
05. Burn the Rot (feat. Kyler Caron)
06. The Pattern (feat. TJ Lewis)
07. Johnny Texas
08. Burn the Rot (feat. Kyler Caron) (Extended)
❤️
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
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