La difficulté du travail promotionnel d’un label aujourd’hui est sensiblement la même depuis les années 80/90. Sauf qu’avec ce déferlement d’artistes old-school, la donne a changé, et la problématique s’est densifiée. Comment vendre efficacement un groupe qui ressemble en tout point à celui que vous avez signé le mois précédent, et qui lui-même puisait son inspiration dans des réservoirs que le passé a abondamment alimentés ? Est-il possible par exemple de vanter les mérites d’ENTOMBED A.D alors qu’une bonne trentaine de groupes pompent leurs idées sur eux, et qu’eux aussi ont besoin d‘arguments pour trouver tribune dans la presse et le cœur des fans ? La gageure ne doit pas être des plus simples, et les mêmes qualités mises en avant pour essayer de tirer vers le haut des albums qui risquent de finir dans les oubliettes de l’histoire musicale. En parlant d’histoire musicale, le cas des ENDSEEKER est presque un cas d’école, de par les références qu’ils affichent et la musique qu’ils pratiquent. Fondé en 2014, ce quintet (Torsten – Basse, Ben – Guitare, Lenny – Chant, Jury Kowalczyk – Guitare et André Kummer – Batterie) est ainsi passé de l’anonymat le plus total à une signature chez Metal Blade en quelques années, et avec un seul album au compteur. Originaires de Hamburg, les musiciens ont d’abord opté pour un format EP (Corrosive Revelation, 2015), avant de passer au format long il y a deux ans via Flesh Hammer Prophecy distribué par l’estimé indépendant et underground F.D.A. Records. Jusqu’ici rien de vraiment choquant, et cette signature s’explique sans doute par le professionnalisme du quintet, qui depuis des débuts s’ingénie à progresser pour devenir imperfectible, sans rien renier de sa philosophie. Et ce professionnalisme s’accompagne d’une franchise relativement appréciable, puisque les hambourgeois admettent qu’ils ont pratiquement tout piqué à l’école suédoise, celle des nineties qui imposa au monde une vision glacée d’un Death Metal plus létal que jamais. Des allemands qui jouent du Death scandinave ? Voici qui soutient la théorie d’un langage universel, mais surtout, d’une fascination pour le passé qui occulte de plus en plus la projection vers l’avenir.
Cette fascination pour le passé s’articule chez les ENDSEEKER par une liste d’influences qui balisent le terrain. Ils nomment donc sur leur page Facebook les noms d’ENTOMBED, NIHILIST, GRAVE, DISMEMBER, CARNAGE, NECROPHOBIC, UNANIMATED, DESULTORY, GOREFEST, HYPOCRISY, SLAYER, ce qui permet à l’auditeur éventuel de bien comprendre ce qui l’attend. Et ce qui l’attend, c’est justement une énième grosse tranche de nostalgie à base de HM-2, de riffs froids comme un hiver de mort, de rythmiques concassées qui imposent la cadence, et d’un chant qui toutefois ose des choses moins systématiques. En jouant l’honnêteté immédiate, il convient de te prévenir cher lecteur, que rien de neuf ne t’attend à l’intérieur de cet album, rien en tout cas que tu n’as déjà entendu des dizaines de fois. Mais loin de se contenter de reprendre à leur compte les recettes légendaires et éprouvées des meilleurs fossoyeurs suédois, les allemands y injectent une sévère dose de rigueur germaine qui rappelle les meilleurs moments de la période Death de MORGOTH, avec ce petit surplus Thrash groovy issu des CARNAL FORGE. On pense aussi parfois à une version boosté du CARCASS de fin de carrière, avec cette euphorie mélodique héritée des AT THE GATES (« Epitome Of Decadence »), multiplicité qui apporte une plus-value non négligeable à un LP qui finalement, montre bien des qualités. C’est certes classique, autant que peut l’être un discours de Lars Goran Petrov sur les origines de la scène de Stockholm, Mais l’énergie dont fait preuve le quintet, et la solidité de ses compos génère une puissance soufflante, même si certains morceaux ont tendance à marquer le pas et à jouer le jeu d’un mid tempo pas toujours très pertinent.
Mais fort heureusement, la tonalité générale de l’album, sombre mais souple, nous permet d’oublier le manque flagrant de prise de risques de The Harvest. Cette nouvelle récolte, une fois encore produite par Eike Freese (HEAVEN SHALL BURN, DEEP PURPLE, GAMMA RAY) au Chameleon studio de Hambourg, fait la part belle à l’agressivité et la véhémence, et privilégie un tempo général assez dense, le tout soutenu par des riffs tronçonnés avec une belle conviction. On en comprend assez rapidement les tenants et aboutissants, dès « Parasite », qui en moins de trois minutes nous offre une démonstration de force probante. Dès l’entame, le groupe bombe le torse et se rappelle des déflagrations nordiques d’ENTOMBED et DISMEMBER, tout en assouplissant le son des anciens d’une production plus claire, et de transitions plus fluides. Il ose même lâcher quelques blasts dès le départ pour donner le ton, et place quelques arrangements séduisants, dont quelques notes de basse et un flow de Lenny qui nous évite les grognements sourds habituels pour se rapprocher d’un Hardcore vraiment sale. Mais pas d’inquiétude à avoir, l’ensemble est estampillé Death jusqu’au bout des médiators usés, et « Pulse » de confirmer l’allégeance avec beaucoup d’emphase. Rien d’ambitieux, mais une volonté de se sortir de schémas trop usés pour adapter les vues anciennes à des théories plus récentes, et une transposition du crédo nostalgique à des aspirations plus contemporaines. Evidemment il est impossible de passer sous silence l’importance de l’ENTOMBED global sur les choix des allemands, mais leur manière d’éviter la paraphrase en coulant leurs évolutions dans un magma de haine leur permet de signer des manifestes de violence vraiment impressionnants (« Cure »).
Les titres les plus longs ne sont pas forcément les plus fascinants, et « Whores Of War » d’alourdir l’ambiance avec un surplus de graisse, se basant plus volontiers sur le moyennement inspiré « Crawl » de leurs idoles que sur la terreur glauque de « Stranger Aeons ». On note le coup de mou de mi-parcours, mais on aime toujours cette façon de traiter les chœurs de loin, laissant des nappes vocales d’arrière-plan s’évaporer comme des spectres lascifs. Le mélange de cruauté allemande et de froideur suédoise fonctionne donc plutôt bien, même si pas grand-chose ne permet de distinguer cette sortie de la masse old-school mensuelle. On retiendra donc un son plutôt costaud, des musiciens qui s’investissent à plein, et très souvent, de l’aisance dans le traitement rythmique qui nous évite les pilonnages systématiques et les engluements un peu trop poussés. Pas encore assez affranchi pour se montrer innovant, ENDSEEKER progresse avec prudence, mais a les armes pour devenir une prochaine référence sur la scène vintage européenne.
Titres de l'album :
01.Parasite
02.Pulse
03.Cure
04.Spiritual Euphoria
05.Whores Of War
06. The Harvest
07.Epitome Of Decadence
08.Immortalized
09.Vicious Devourer
10.Symphony Of Destruction
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