C’est sûr qu’avec de pareilles références, on ne risque pas de ne pas les remarquer ces deux-là. Deux ? Oui, Anders Manga (chant, guitare et basse) et Devallia (synthés, orgue), qui depuis 2012 nous fascinent de leur obsession pour les bandes horrifiques des années 70, qu’ils accompagnent d’une musique très personnelle, en convergence de toutes les influences qu’ils veulent bien partager avec nous.
Lesquelles ?
En dehors des allusions à Dario Argento, Lucio Fulci, ou Jess Franco, côté pellicules espagnoles et italiennes versées dans le meurtre à l’arme blanche, les dimensions infernales et l’érotisme un peu paillard sur les bords, on trouve dans leur bagage musical de quoi enrichir une discographie vierge de toute référence. Ils parlent de Nick Cave, de BAUHAUS, des CRAMPS évidemment, de SABBATH, de METALLICA, mais aussi de Tom Waits ou des SISTERS OF MERCY, en gros, un marché global qui n’a cure des différences de genre et qui s’accommode très bien d’une ouverture d’esprit respectable et respectée.
Ces deux musiciens de l’ombre des cryptes nous offrent aussi depuis 2012 et avec une belle régularité des œuvres assez personnelles, dont pas moins de quatre LP en cinq ans, Bloody Hammers, Spiritual Relics, Under Satan’s Bed et Lovely Sort Of Death, ainsi qu’une grosse poignée de singles et quelques participations externes à des hommages divers.
Prolifiques donc, mais créatifs ?
Il est évident que les deux associés ont un univers très personnel, qui aime à s’isoler dans l’ombre de la B culture quelle qu’elle soit, et on les imagine très bien engoncés dans un vieux canapé défoncé à réfléchir à leur prochaine intervention en gobant un vieux Pulp Horror un peu défraîchi.
Pour autant, il est inutile d’attendre d’eux qu’ils nous refassent le coup du bon vieil Horror Punk, puisque leur musique en est aussi éloignée que Dario Argento des bluettes pour adolescents ou des couteaux à dents. Non, le groove des BLOODY HAMMERS est palpable et tangible, et se rapprocherait plus du dancefloor des boites batcave à la mode dans les années 90. Faire peur Ok, mais sans oublier d’inciter à se déhancher au son d’une incantation ténébreuse qui juxtapose un beat très appuyé à une ambiance étudiée, genre vieux cimetière aux allées arpentées la nuit, avec un casque sur les oreilles qui diffuserait quelques vieux tubes des SISTERS OF MERCY remixées par Rob Zombie, sans tomber dans le grotesque ou trop forcé pour séduire les midinettes en manque de frissons cheap.
Alors, ça danse, ça bouge, mais ça riffe aussi dans le rouge, et ce premier EP de la carrière du groupe est à l‘image de sa pochette, séduisant mais vénéneux, plaisant mais dangereux, mais étudié pour ne pas faire pisser dans son froc ceux qui s’approcheraient de trop près. Non que la musique soit trop calibrée, mais elle est quand même policée pour ne pas trop effrayer le chaland envouté. Six morceaux qui se posent dans une continuité du travail entrepris depuis quelques années, et qui se permet de jeter en pâture quelques tubes potentiels, qu’une collaboration entre Peter Murphy et ORGY aurait pu produire un soir de pleine lune.
Avec vingt-six minutes au compteur, cet EP vous en donne pour votre argent, et fournit presque le pop-corn. Six morceaux qu’on sent sous influence de Fulci bien sûr (« The Beyond »), mais aussi de Sergio Martino («All the Colors of the Dark »), et qui naviguent au gré de l’inspiration de leurs deux mentors, qui prennent soin de nous gâter d’une variété d’ambiances savoureuses. Entre le déhanché d’un WHITE ZOMBIE traité façon SPINESHANK de l’horreur dès l’ouverture « Gates Of Hell », et le final plus intimiste et ombragé de « All The Colors of The Dark », qui se la joue giallo musical à la MANSON suintant de stupre et de tension érotique, le spectre (le terme est bien choisi) est vaste, et nous balade de maisons abandonnées et hantées en vieux sanatoriums aux échos spectraux assez rédhibitoires pour les victimes potentielles encore vierges.
Pas d’énorme surprise à attendre au regard de la production passée des BLOODY HAMMERS, qui restent dans une continuité de nuances sombres et glauques, parfois perturbées par un orgue malsain à la Anton LaVey (« The Bloodsucker Leads the Dance »).
Le chant d’Anders est toujours aussi suave et grave, rappelant même les intonations d’un Ville Valo en version plus juste et sensuelle, et le contrepoint des touches manipulées avec vice par Devallia apporte le petit plus que nous sommes en droit d’attendre d’une telle collaboration. Les deux s’entendent toujours aussi bien pour distiller de petites pièces fantastiques, qui n’oublient pas de nous faire danser et trembler en même temps.
Métrage court, mais inspiration qui court, pour de petits hymnes à la débauche nocturne, qui frottent des guitares abrasives à une rythmique synthétique (« Vultures Circle Overland »), et qui nous replongent parfois dans une ambiance de série B 80’s savoureuse et juteuse (« Blood », ça suce sans doute des canines, et ça vise l’immortalité d’un beat plombé).
Intros travaillées pour nous immerger dans la brume d’un hôtel mal famé (« The Beyond »), dissimulant dans sa cave un passage vers des enfers de luxure et d’excès pervers, arrangements sobres qui n’empiètent pas sur le scénario gentiment glauque, et production top qualité pour ne pas tomber dans le vintage de bandes VHS déjà trop usées.
Certains trouveront ça un poil trop gentillet, et assez loin d’un Shock Rock des seventies abusé de gimmicks sanglants, mais l’effet voulu est obtenu, alors, aucune raison de se plaindre du film pour les oreilles qui se délecte d’une affiche sublime qui décore une version vinyle de toute beauté.
En substance, The Horrific Case of Bloody Hammers est une continuité logique dans l’œuvre des américains, qui sont à l’aise dans leur univers. Un mélange de Rock sombre, d’EBM sobre, d’Electro-Metal soft et de Dark Pop de loft, pour une fête qui s’annonce plus sympathique qu’horrifique. Un truc à danser un soir de pleine lune, avant d’affronter les démons de la nuit. Mais des démons gentils, pas des zombis à la Fulci.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09