L’heure du loup, après celle du chien. Entre chien et loup, lorsque le soleil nous darde de ses derniers rayons, la lumière est si belle et pourtant la pénombre guète et le jour s’apprête à mourir de sa belle mort. Ce bref moment de rêve éveillé précède de quelques minutes l’obscurité de la nuit, lorsque les parias sont de sortie et les dangers tapis dans l’ombre. Les stalkers arpentent les rues, les psychos aiguisent leurs couteaux, et les créatures à poil ressemblent encore à des hommes, avant que la pleine lune ne laisse apparaitre leur pelage touffu et leurs dents aiguisées. Jamais repus, ces hommes/loups cherchent la victime idoine, de préférence féminine, se replongent dans leur collection Hammer de bandes horrifiques bon marché, avec château d’époque et décors en carton-pâte, héroïne au décolleté généreux et à la naïveté touchante.
AMOTH, c’est un peu le chaînon manquant entre ces films, la NWOBHM, et le Heavy naissant des USA, le tout vu de Finlande, l’un des trois pays nordiques exportateur de musique de qualité, et d’hommage variés. Celui-ci honore les eighties, et des légendes comme QUEENSRYCHE, IRON MAIDEN, DEATH SS, LIZZY BORDEN, mais se permet quand même d’aller un peu plus loin dans le cauchemar, en insérant entre les plans quelques scènes d’action Power, presque Death mélodique parfois, tout en sachant très bien qu’une harmonie porteuse fait le job dans un morceau trop classique.
AMOTH, ce sont plus de quinze années passées à arpenter les chemins de l’horreur, de dessiner d’Helsinki des paysages colorés et contrastés, et deux albums longue-durée bien troussés. Crossing Over en 2011, Revenge en 2016, et ce petit dernier, respectant la casse de 5/6 ans, The Hour of the Wolf. Depuis quelques années le quatuor de base formé par Anne Lanttola (basse), Tomi Ihanamäki & Mikael Rauhala (guitares) et Oskari Viljanen (batterie, depuis 2012) est épaulé par un chanteur/claviériste de premier ordre, Pekka Montin, des valeureux ENSIFERUM, venu prêter ses cordes vocales puissantes à un projet de recyclage de premier ordre. Evidemment, l’adjonction d’un tel chanteur à un groupe solide est une plus-value plus qu’intéressante : captivante. Et nous étions nombreux à attendre de pied ferme le résultat de cette collaboration, qui prend la forme de neuf morceaux pour quarante-sept minutes de musique aussi intense qu’un mariage entre GRAVE DIGGER et CRIMSON GLORY.
The Hour of the Wolf et sa pochette délicatement rétro captive dès ses premiers instants, et nous entraine dans une nuit de folie à traquer la bête, qui finit par vous tomber dessus sans grogner gare. Cette bête qui renifle sans relâche sa jeune victime, cette « Alice » qui aurait pu être celle d’ANNIHILATOR, mais encore trop tendre pour en supporter la violence. « Alice » s’agite donc au rythme d’un Hard-Rock conventionnel épicé d’interventions Heavy du meilleur cru, le tout sublimé par les envolées lyriques d’un vocaliste en pleine possession…de ses moyens. Inutile de le nier, l’arrivée de Pekka Montin a dopé la créativité collégiale, et ce troisième album honore son statut de chansons solides, performantes, évolutives et passionnantes, qui nous replongent dans les souvenirs d’une jeunesse à écumer les bacs pour y trouver la pochette la plus attirante. Les tierces sont là, l’énergie est condensée, la complémentarité des musiciens impeccable, et en un seul titre, AMOTH nous convainc de la pertinence de son histoire classique.
Inutile de dire que le quintet a soigné tous les détails, pour faire de cet album un disque filmé pour les oreilles qui stimule l’imagination de ses gimmicks et autres arrangements. Mais l’écoute est aussi dopée par des tendances à dévier du chemin trop bien tracé, pour aller taquiner le Néo-Thrash nordique des années 90, et sa brutalité mélodique, comme en témoigne l’énorme « The Man Who Watches The World Burn », et ses nombreuses cassures et autres déviations harmoniques.
Entre épique à l’italienne et solidité à l’américaine, The Hour of the Wolf donne une belle leçon old-school à la concurrence qui sombre trop souvent dans la facilité du recopiage scolaire impardonnable. Ainsi, le diptyque « Wind Serenade » ose le picking ultra-mélodique en instrumental avant que sa seconde partie n’impose la tendresse via un solo simple mais touchant, et une basse enjôleuse vous lovant dans ses cordes. Instrumental en deux parties distinctes, cet entracte nous décrit la beauté de la nuit, sans occulter les menaces qui l’entourent. Pas question de se leurrer, mais juste d’admirer la beauté de la lune avant que sa créature la plus vorace ne nous prenne en chasse.
Superbement produit et impeccablement mixé, joué par des musiciens connaissant très bien l’enjeu, The Hour of the Wolf ose le crossover le plus global, mais n’oublie pas de placer au bon endroit les morceaux les plus tendus, à l’image de ce « We Own The Night », sombre comme du KING DIAMOND exilé de l’opéra.
Et si parfois, l’immédiateté de l’instant oblige cette pauvre Alice à courir comme une dératée au son d’un Power Metal allemand survitaminé (« It Ain’t Over Yet »), AMOTH lui réserve une fin de parcours semée d’embuches pour rester dans la grande tradition de ces épilogues gothiques que la Hammer aimait tant. L’acoustique s’invite alors au bal, Anne Lanttola tisse sa toile la plus fine et invisible tout en engluant ses cordes dans le venin, alors que les seventies laissent leurs empreintes dans la neige encore fraîche (« Traces In The Snow »).
Lyrisme et intimisme, deux contraires qui s’accordent en cette fin de nuit, pour célébrer le retour de la créature, puissante et sans pitié. De fait, « The Hour of The Wolf » lâche les derniers watts avec la complicité des étoiles, sous un tapis de nuages de chœurs étranges, et d’un vent de mélodies hivernales.
Alice finalement, aura compris le désespoir de cette pauvre bête honnie des humains, et se sera prise de tendresse pour elle. Les parias parfois repartent avec la plus belle des femmes de la nuit. C’est une promesse difficile à tenir, mais qui fonctionne lorsque l’imagination d’un groupe évite une logique trop incontournable.
Titres de l’album:
01. Alice
02. The Man Who Watches The World Burn
03. Wounded Faith
04. Wind Serenade Part I
05. Wind Serenade Part II
06. We Own The Night
07. It Ain’t Over Yet
08. Traces In The Snow
09. The Hour of The Wolf
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