Depuis plus de trente ans, il serait légitime de se dire : le Death Metal, j’en ai marre. Après tout, le genre a pratiquement tout dit sur ses dix premières années, passant du cri primal de Scream Bloody Gore aux agitations techniques d’Individual Thought Patterns. Nous avons eu les GORGUTS, SUFFOCATION, le Gore, le Death/Grind, le Death avant-gardiste, le Blackened Death, CANNIBAL CORPSE, MORTICIAN, alors, à quoi bon continuer au risque de se répéter ? La réponse est évidente : marcher dans le purin la tête remplie d’idées noires, une nuit de novembre alors que tous vos amis sont en famille, c’est à peu près aussi jouissif que de déambuler dans les allées d’un cimetière en essayant d’imaginer la vie passée des trépassés. Regardez pour la énième fois Hellraiser ou Re-animator avec en bande son OBITUARY ou CARCASS, c’est aussi jubilatoire que de se repaître des cris de votre petite sœur qui pose ses oreilles par inadvertance sur le premier MORBID ANGEL en découvrant votre collection de revues porno. Parce que tout ça c’est viscéral, c’est primal, c’est instinctif, ça répond à des besoins élémentaires d’une vie tordue qui n’a que peu d’exutoires à notre époque. Alors, en partant de ce postulat, célébrons la sortie du premier album d’OBSCENE, qui n’en est pas que de nom. OBSCENE vient d’Indianapolis, a déjà sorti un EP en 2017, Sermon to the Snake, et se vautre dans la fange Death de plein pied, la langue pendante et les instincts barbares. D’ailleurs, quel meilleur aveu d’allégeance que « Without Honor and Humanity » qui sans aucun luxe d’intro rentre dans le lard comme les dents d’un affamé ? A l’image de sa pochette, ce quatuor avec foi mais sans loi vénère le Death tel qu’on le pratique depuis les origines, sauvage, barbare, sans retenue, avec un passage en revue de toutes les possibilités brutales.
Signé par les connaisseurs suédois de Blood Harvest, ce combo de quatre musiciens acharnés (Roy Hayes - basse, Brandon Howe - batterie, Mike Morgan - guitare et Kyle Shaw - chant), déjà rompus à l’exercice de la pratique de groupe (BLACK GOAT OF THE WOODS, TUNGUSKA, KVLTHAMMER, BODDICKER, CHINASKI, SUMMON THE DESTROYER, ACHERON, LYSURA, VENALITY, VULTURCH, PRIMORDIUM, VIRES, CHRIST BEHEADED, BLOOD CHASM, BODDICKER) n’hésitent pas à citer leurs influences (EDGE OF SANITY, ASPHYX, BOLT THROWER, GRAVE, DISMEMBER, IMMOLATION, AUTOPSY, MORBID ANGEL, DEMIGOD, DEATH, CIANIDE, MORGOTH, NECROPHAGIA, BENEDICTION, MASTER, POSSESSED) pour baliser leur champ d’inspiration. Et pour une fois, les noms cités ne le sont pas par hasard ou par simple respect, puisque The Inhabitable Dark résume assez bien leurs qualités intrinsèques. Entendons-nous bien sur le côté formel de l’opération, qui ne s’écarte jamais vraiment des sentiers battus. On retrouve ces riffs tronçonnés typiques de l’école américaine, cette lourdeur oppressante plus anglaise, cette atmosphère déliquescente caractéristique de la Floride légendaire, et cette rythmique polyvalente qui posait les jalons brutaux sur le parcours de DEATH, MORBID ANGEL et SUFFOCATION. Mais l’album dégage une telle énergie nauséabonde qu’on se prend facilement au jeu, tentant d’anticiper les plans pour reconstituer un puzzle historique.
Il faut dire que le groupe ne lésine pas. Même si l’album n’accuse qu’une petite demi-heure et que les morceaux dépassent rarement les quatre minutes, les idées s’accumulent, les plans s’entrechoquent, et le ballet de violence est suffisamment outrancier pour ne pas lasser une seconde. Et ce qui contribue à faire de ce premier album une œuvre tout à fait recommandable est le chant très particulier de Kyle Shaw, qui semble exilé de sa Norvège natale et toujours persuadé de faire partie d’un combo purement Black Metal. Ses cris aigus donnent un change intéressant aux grognements sourds habituels, et confèrent à la musique une aura diabolique et maléfique assez rare dans le créneau. Lorsque le tempo accélère, l’impression est saisissante, mais lorsque le Heavy se voit pilonné par tous les marteaux et enclumes, sa voix transcende encore plus l’horreur ambiante, comme en témoigne l’écrasant « All Innocence Burns Here ». Morceaux simples et courts, immédiateté de l’efficacité, mais pas de manque d’ambition pour autant. Le title-track posé en épilogue justifie à lui seul de ses six minutes l’intérêt de l’affaire, et rappelle le malaise ressenti à l’écoute du premier OBITUARY, lorsque la Floride s’émerveillait de sa propre décadence urbaine. D’un autre côté, « They Delight in Extinction », lapidaire en diable, nous entraîne sur les traces des premières embardées, avec un petit côté BOLT THROWER boosté d’une énergie suédoise pas désagréable du tout. Montrant qu’ils ont assimilé tous les aspects du Death traditionnel, les OBSCENE font preuve de grossièreté, mais une grossièreté plus fine qu’il n’y paraît. Avec un niveau technique tout à fait respectable, des prestations individuelles raisonnables et une osmose générale sincère, quelques trouvailles personnelles (le riff malin de « Black Hole of Calcutta »), The Inhabitable Dark est un voyage aux confins des ténèbres de toutes époques confondues, et une visite guidée des douves d’un château-fort gardé depuis des décennies avec une jalousie féroce.
Alors, non, tant que des albums de cette trempe sortiront, personne n’en aura marre du Death Metal. Bien au contraire, car nul style n’a encore mieux réussi à retranscrire l’odeur de la mort de notre vivant.
Titres de l’album :
01. Without Honor and Humanity
02. Bless the Giver of Oblivion
03. All Innocence Burns Here
04. They Delight in Extinction
05. Black Hole of Calcutta
06. Isolated Dumping Grounds
07. This Is He Who Kills
08. The Inhabitable Dark
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