Hé ben mes cadets…Hé ben mes petits frères…30 ans déjà ? La durée de vie moyenne d’une autruche mâle ou femelle étant de 65 ans, la moitié ou presque du chemin a été faite. 65 ans à montrer son bec tout plat, à chercher des noises dans les enclos, à pondre des œufs de la taille des bourses de Rocco, c’est pas une vie ça…L’autruche est pourtant un oiseau assez étonnant dans les faits, et plus scientifiquement du genre Struthio, de la famille des Struthionidae. Si avec ça vous n’avez toujours pas compris pourquoi PSYKUP se dandine sur les scènes internationales depuis trois décennies, alors je ne peux plus rien pour vous. Pour moi non plus d’ailleurs. Il y a quatre ans, les volatiles indociles saluaient leur karma avec une belle emphase, et une explosion qui en disait très long sur les intentions de voler dans les plumes. Depuis, quelques petites choses ont changé, le fond aussi, mais la forme reste ce qu’elle a toujours été :
Sauvage, excitante, cohérente dans la folie, et remuante à l’infini.
Entre Hello Karma et The Joke Of Tomorrow, une différence de taille. Le départ du co-brailleur et co-fondateur Matthieu Miegeville, split qui avait donné des suées à tout le monde. Le co-leader avait en effet ses fans, nombreux, et son remplacement par le montpelliérain Matthieu Romarin inquiétait les éleveurs. Allait-il se montrer à la hauteur ? Allait-il pouvoir se faire une petite place, et surtout, est-ce que Julien Cassarino allait laisser de la latitude à ses comparses, désormais seul au pouvoir ?
La réponse est finalement assez simple. The Joke Of Tomorrow, qui est certainement la meilleure blague musicale de ce deuxième trimestre 2025. Car si certaines ambitions ont été remisées dans le cagibi de la mémoire (ce qui était déjà plus ou moins le cas depuis CTRL+ALT+FUCK), si l’approche est de plus en plus condensée, avec la mise de côté définitive des titres les plus développés et des expérimentations les plus culottées, The Joke Of Tomorrow reste largement au-dessus de la masse en termes d’originalité et d’efficacité. On sent que Julien a une fois de plus laissé parler son naturel qui revient toujours au galop, se servant de son expérience au sein de RUFUS BELLEFLEUR, de MANIMAL et de ses incarnations scéniques au service d’une musique du 7ème art pour encore faire progresser son concept principal et le remettre sur des rails…plus personnels.
Car non seulement Julien s’est mis à la colle avec un nouveau partenaire de chant, mais il partage aussi la guitare avec un nouvel arrivant, qui n’est autre que Dorian Dutech. Le relooking n’y est donc pas allé de patte morte, et ces deux nouveaux cinquièmes du groupe participent à cette nouvelle mutation, pour des plumes plus brillantes, et des courses encore plus rapides. Toujours est-il que…The Joke Of Tomorrow est un album beaucoup plus direct que ses aînés, aussi déchaîné, mais plus franc dans ses prises de position. Si le second degré est encore présent, Julien a décidé de ne plus enrober son message dans des tournures folles, et assume son avis avec une belle poigne et un beau verbe. D’où certainement quelques déceptions, et des regards en arrière nostalgiques, quand les autruches nous pondaient un L'Ombre Et La Proie ou un We Love You All. Certains parleront de maturité, d’autres d’une envie d’être en phase avec ses désirs, certains de la domination trop évidente d’un compositeur unique qui n’a plus de contre-expertise, mais je préfère y voir un cheminement logique, une petite pirouette pour se dégourdir les jambes, sans se casser le dos. Mon opinion - j’ai la franchise de l’admettre - est évidemment légèrement biaisée par l’admiration que je ressens pour le sieur Cassarino, qui depuis les années 90 m’étonne de sa faconde, dans le meilleur sens du terme. L’homme est musicien, compositeur, chanteur, arrangeur, technicien, perd ses cheveux, mais garde la tête haute, les années passées lui ayant conféré une sorte d’aura que rien ne peut venir entacher.
Mais même en mettant cette admiration de côté, il est impossible de critiquer ce nouvel album pour de mauvaises raisons. Car objectivement, The Joke Of Tomorrow est extraordinaire, comme un Terry Gilliam toujours vert et ayant oublié depuis longtemps les moulins à vent et les incarnations trop prétentieuses.
Vous avez déjà pu vous faire le bec sur le sublime clip 8-bits de « Same Player », qui annonçait la couleur. Ou plutôt, les couleurs. Réalisé par Nicolas Leroy, il nous ramenait à l’époque bénie des consoles Nintendo, et ces petits amusements bien anodins pour lesquels on perdait des heures infinies. Ce morceau, sur lequel les deux chanteurs ont pour seul objectif de devenir définitivement aphones, est l’un des plus radicaux, mais aussi l’un des plus symptomatiques. Je le placerai d’ailleurs au même niveau que le superbe et ombrageux « Death in the Afternoon », inspiré de l’œuvre d’Hemingway, rappelant évidemment la passion de Julien pour la pellicule et les salles sombres aux sièges de velours.
La pochette elle aussi en dit assez long. A moitié effrayante et à moitié absconse, elle oppose le clown de Stephen King et le boxeur de Raging Bull, dans un combat dont on ne connaît pas l’issue. Le graphisme est magnifique, et la symbolique laisse place à l’interprétation. Est-ce une bagarre perdue d’avance ? Un baroud d’honneur avant de raccrocher les gants ? Une métaphore sur un organisme vieillissant qui ne va peut-être plus supporter longtemps les blessures et la fatigue de tournées interminables ? Julien lui-même a avoué que ce nouveau disque était un regard vers une fin, encore non programmée. On espère en effet que celle-ci interviendra le plus tard possible, une fois que les musiciens se pisseront dessus dans un EHPAD juste pour faire chier les infirmières en mode Mac Murphy.
Je ne saurais dire pour le moment si The Joke Of Tomorrow est mon album préféré du cheptel autruchien. Il se glisse en tout cas sur le podium de par sa franchise et sa diversité. C’est le seul, ou presque, où l’on peut trouver une composition aussi efficace que « Fear Is the Key » au gribouillis guitaristique d’introduction intraduisible même en langage Malmsteen. Une mélodie un peu bancale, une accélération fatale, et une fois encore, un duel entre Julien et Matthieu Romarin qui donne des puces et l’envie de foutre la moitié de sa discographie à la poubelle pour faute de dégoût.
L’humour est là, mais les opinions sont plus nuancées. A la manière d’un Dupieux mettant en scène un Gondry, The Joke Of Tomorrow est une comédie absurde et burlesque, hommage doux-amer aux Monty Python et Gareth Evans. Vous imaginez le truc ? Des maîtres en art martiaux qui se battent contre un Jésus réincarné pour la deuxième fois, dans un immeuble administratif à la dérive.
Pas facile à retranscrire, mais je signe tout de suite pour le bluray avec bonus. Julien Clerc chantait « Ce n’est rien ». Julien Cassarino nous chuchote que c’est déjà pas mal.
Titres de l’album
01. I Will Let You Down
02. Drinks on Me
03. Rise and Fall and…
04. Same Player
05. Bigger Than Life
06. Child Interrupted
07. Whispers in the Morning
08. Death in the Afternoon
09. Fear Is the Key
10. Losers Only
11. Burn After Hearing
12. The Joke of Tomorrow
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15