Contacté par mail par un groupe désireux de promouvoir son dernier EP, je me suis donc intéressé au cas de cet orchestre à l’actualité brûlante, mais dont le passé récent avait été mystérieusement passé sous silence. Une sale erreur de jugement, noyé dans les sorties pléthoriques, d’autant que le nom de COSMIC JAGUAR m’était familier pour l’avoir lu plusieurs fois sur les réseaux sociaux. Alors, autant faire un carton plein d’une pierre deux coups, et chroniquer non seulement cet EP, mais aussi son grand frère.
Commençons donc par la première entrée du dictionnaire ukrainien, en parlant de ce The Legacy of the Aztecs, fasciné par la culture du peuple du même nom, et donc très éloigné des thématiques usuelles d’un Metal agressif souvent porté sur les injustices sociales, les pressions environnementales, ou autres délires Gore bon marché. Une passion pour le moins originale, qui s’accorde très bien d’une optique musicale décalée, pour un trio qui mérite franchement d’être connu.
En occultant cette pochette somme toute assez malhabile (mais claire dans les obsessions), The Legacy of the Aztecs est le type même d’album intelligent que l’on savoure du début à son terme. Se rangeant dans la catégorie des amoureux de la technique, nos trois amis ukrainiens nous offraient donc en avril dernier un redoutable album de Techno-Thrash à tendance progressive, du genre de ceux que les nineties continuaient à offrir en faisant fi des modes en vogue.
Denis Tornillo à la batterie (BESTIAL INVASION, REUSMARKT, OMNIVERSE), Sergio Lunático à la basse et au chant (BESTIAL INVASION, ex-VIOLENT OMEN) et Juan Maestro à la guitare (ex-BESTIAL INVASION, ex-SUNRISE) sont donc des gens très fréquentables qui se connaissent très bien pour avoir joué ensemble dans d’autres projets. Cette confiance mutuelle leur permet donc de fricoter avec l’esprit de CORONER, ATHEIST, BELIEVER, CYNIC dans une partie de Ouija musical infernale qui permet aux esprits d’intégrer les corps pour une possession en bonne et due forme.
Rappelant même parfois les iconoclastes de DELIVERANCE et leurs compères chrétiens de la fin des années 80, The Legacy of the Aztecs ose un académisme de conservatoire couplé à un intérêt dévorant pour la civilisation aztèque, qui permet au trio de se laisser aller à quelques arrangements étranges, conférant à sa musique une aura surnaturelle et ésotérique qui permet de s’éloigner d’une concurrence trop sage. Mais cette préciosité n’empêche pas quelques dérapages viscéraux, comme celui qui anime le turbulent « The Harbinger of the Sun », partagé entre fureur Death/Thrash, élitisme Techno-Thrash, et délires Folk à grands coups de flute.
Vous l’aurez donc compris, COSMIC JAGUAR ne s’adresse pas à tout le monde, mais flatte les esthètes Thrash dans le sens du poil. Et les ukrainiens n’hésitent d’ailleurs jamais à avoir recours à des idées incongrues pour faire fleurir leur violence, allant jusqu’à tâter d’un intermède hispanisant sur ce même « The Harbinger of the Sun », décidément dément.
Cette folie palpable est l’une des principales qualités du groupe, dans un créneau qui ne supporte que très peu les errances Folk et privilégie les boucles Jazz, plus élitistes, mais moins touchantes. Avec une rythmique constamment sur la brèche, un guitariste qui se prend pour le fils spirituel de Chuck Schuldiner et Allan Holdsworth, et trois iconoclastes qui n’en font qu’à leur tête, COSMIC JAGUAR s’extirpe habilement d’un océan de nouvelles sorties en jouant la carte du culot.
La nostalgie a donc du bon lorsqu’elle se manifeste sous la forme de chansons complexes mais fluides. Aucun titre de remplissage, aucune facilité, une passion pour les ouvrages précieux de nos immortels WATCHTOWER, voilà qui donne matière à penser, mais aussi à remuer du chef. Car si la musique du trio de Zhytomyr Oblast est de celles qu’on couche sur partitions, son énergie permet aussi de se remuer en mode épileptique, lorsque la batterie monte dans les tours, propulsée par une basse inventive et ludique.
Parfois à la limite d’un Jazz-Rock dopé au Metal (« Chimalma: Mother of the Quetzalcoatl »), The Legacy of the Aztecs mérite amplement de figurer au panthéon des œuvres Techno-Thrash les plus denses et complexes. En synthétisant les travaux des plus grandes références du genre, COSMIC JAGUAR s’offre un vocable riche, et une attitude frondeuse. On sent en filigrane une réelle fierté de pourvoir jouer le Thrash de façon aussi alambiquée, Sans pour autant se montrer prétentieux. Et en se concentrant sur l’histoire d’une civilisation disparue depuis des siècles, COSMIC JAGUAR provoque les Dieux de la colère, et signe un manifeste de brutalité structurée de premier ordre.
Et même s’il est impossible de passer sous silence ces tutelles reconnaissables entre mille (WATCHTOWER, BELIEVER, CORONER), il serait de même subjectif de ne pas admettre qu’elles ont été digérées avec beaucoup de pertinence. Et comme une vérité scientifique ne passe jamais mieux qu’interrompue par une blague pour en alléger le propos, le trio se fend d’une reprise tout à fait incongrue en fin de métrage, citant les BABE RUTH via leur « The Mexican », de la même manière que CELTIC FROST s’appropriait Dean Martin.
Une histoire commencée sous les chapeaux de roue, et qui garde sa vitesse de croisière. Mais nous aborderons ce sujet lors de la prochaine chronique.
Prêts ?
Titres de l’album:
01. Teotihuacan: City of The Gods
02. Temple of the Feathered Serpent
03. The Northern Underworld
04. Yoalli Tlauana(Hymn to a Night-God)
05. Our Lord the Flayed One
06. The Harbinger of the Sun
07. Burn Your Gods (New Fire Ceremony)
08. Chimalma: Mother of the Quetzalcoatl
09. The Bloodthirsty Aztec Empire
10. The Mexican (cover Babe Ruth)
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