Brexit ou pas, les forces musicales Anglaises continuent de faire partie de l’Europe artistique, et il serait malvenu de leur rappeler que les frontières virtuelles qu’ils ont choisi de ranimer les empêchent de diffuser leur musique hors de leur propre pays…
Et puis, dans de nombreux cas, la perte serait énorme niveau qualité de ton et de son. La musique ne fait pas de politique ? Pas toujours en effet, alors acceptons de considérer que ce triste évènement ne concerne que l’Europe économique et non les musiciens qui après tout, n’ont pas demandé forcément à faire machine arrière pour revenir en des temps reculés de protectionnisme.
Qui plus est, eut égard au sujet matinal, le protectionnisme n’a que peu de prise avec la réalité. Car le trio LET IT DIE n’a pas de terrain de jeu cloisonné et peut se targuer d’emprunter les affaires du voisin pour s’aménager sa propre piste ludique.
Déjà responsables d’une démo en 2011, et d’un simple éponyme en 2012, puis d’un split partagé avec les MONOLITHIAN, Alex (batterie), Ben (Guitare et chœurs) et xRedx (chant) nous offrent donc aujourd’hui des vues un peu plus développées sur leur art consommé de l’exploitation bruitiste, qui au passage, balaie quelques poncifs et établit de nouveaux standards de brutalité et de lourdeur.
Simple d’accès, la musique du trio est pourtant ardue à définir. On sent en filigrane de multiples références au Crust Anglais le plus véhément et crasseux, mais les retouches sont très personnelles et plus ouvragées que la violence générale du ton ne le laisse présager.
Certes, le trio est rapide, très, mais aussi lourd, très, compact, moite, assez traumatique dans sa conception de la pesanteur musicale, et alterne avec flair les parties instrumentales chaotiques et les longues litanies Heavy qui font mal à la vie.
Le tout est enrobé dans une production riche mais pas étouffante, qui permet de faire gronder les graves et de polir les médiums, pour une compréhension optimale et une efficacité radicale. Des points faibles dans cet étalage de qualités intrinsèques ?
Il semblerait que non, mais tout dépend de la sensibilité de chacun après tout…
Admettons que le fond de l’air The Liar The Saint est plutôt froid, et bouillant à la fois. L’héritage Crust local n’est jamais très loin, mais il est supporté par une charpente Lowcore conséquente, qui permet aux trois ouvriers de bâtir leur cathédrale sonore en toute quiétude. Mais l’inquiétude de l’auditeur est quant à elle mise à rude épreuve par ce jeu de cache-cache brutal qui ne ménage ni les soudaines accélérations, ni les décélérations inopinées qui nous écrasent et nous lapident sans aucune empathie. Si les allusions au patrimoine national sont patentes, ils convient de souligner aussi les accointances des LET IT DIE avec d’autres entreprises de déconstruction fameuses, comme les TRAP THEM ou NAILS, sans que les trois musiciens ne se permettent des emprunts trop poussés et flagrants.
Voix rocailleuse et gravissime, guitares trois tons en dessous et batterie qui s’accorde parfaitement des changements d’humeur, c’est une structure éprouvée qui trouve ici de nouvelles limites à dépasser. Ça fait mal, et encore plus mal, et le Hardcore fortement industrialisé des Anglais trouve un écho inattendu dans le Sludge ricain le plus touffu, ce qui rend leurs morceaux encore plus abrasifs.
Mais pour être totalement honnête, ou presque, tout est dit et prédit dès l’entame fort peu empathique « Release », qui effectivement libère les démons dans un décorum digne du GODFLESH le plus récent. Pesanteur, moiteur, son qui prend à la gorge et qui occupe tout l’espace, on se croirait presque transporté dans un univers Induscore déshumanisé, jusqu’à ce qu’un mid tempo écraseur à la ENTOMBED des mauvais jours n’accélère un peu le pas. Mais ce pas est décidé, quoiqu’un peu irrégulier, et le tempo joue au chat et à la souris avec vos nerfs, dans un jeu de « 1,2,3 soleil » démoniaque.
Et puis « One Hundred Days » de ruiner à grands coups de Crust intense les velléités de modération, alors même que le feedback, les stridences et autres coupures rythmiques ne mettent à mal la régularité monstrueuse du projet. Et là est véritablement la nature de ce trio décalé, qui ne sait se contenter d’une direction simple et claire, et qui préfère les errances qui aboutissent là où on ne les attend pas forcément pour prendre leur public à la gorge.
Et si « Punish » reste sur le même déroulement, l’intensité monte d’un cran, et les guitares se transforment en mur de gravité en arrière-plan, avant une fois de plus de laisser filtrer un feedback assourdissant, dans la plus grande tradition de l’Anarcho-Core national.
Une touche de Doom, une allusion Sludge, et le mélange est parfait, mais vraiment douloureux.
On pense aussi aux WORLD NARCOSIS qui une fois leur stage chez les flingués de NOISEAR terminé, valident leur acquis en passant une semaine à certifier leurs qualités sous l’égide des PIGS bien décidés à leur apprendre les mauvaises manières Core.
Une synthèse de tout ce que l’underground peut proposer de plus abject, de plus violent, de plus nauséeux, pour finalement se démarquer plus que la moyenne des acteurs de la scène, et qui aboutit à un résultat dont votre psyché musicale n’est pas prête de se remettre.
Et entre les valses bétonnées de « Oderint Dum Metuant » qui appuie encore un peu plus Sludge là où ça Hardcore, et le final cauchemardesque de « Heaven And The Eternity Of Tears (Part II) », qui Indus et Doom là où le Crust commence à couler une bielle, les choses sont complexes et claires à la fois, et une seule opportunité se dégage avec clarté, celle de la malséance harmonique qui pique et fait saigner les chairs au lieu de cautériser la plaie.
Tout ce charabia pour vous dire clairement que The Liar The Saint, le premier LP du trio LET IT DIE est une alternative dangereuse aux convenances d’usage. Avec une grosse poignée de titres brefs qui se concentrent sur la vitesse d’un Crust épais, ou qui alternent les humeurs ébouriffantes et les accalmies pesantes, et une ou deux pièces plus conséquentes, mais pas plus rassurantes, c’est une première tentative qui essaie de se mettre à la hauteur d’un patronyme ne laissant planer aucun doute.
Lapidaire comme du Crust Allemand, lourd comme du Sludge ricain, dissonant comme de l’Indus Anglais, mélange disharmonieux, mais efficace.
Une jolie façon de traiter le mal par le mal, et de constater l’état d’un monde à l’agonie par la douleur de la lucidité.
Titres de l'album:
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