Il est de notoriété publique que le petit monde du Black Metal fonctionne souvent en circuit fermé, et surtout, en autarcie totale. Il n’est pas rare de découvrir que tel ou tel groupe n’est en fait qu’un projet « solo », ces fameux one-man-band que nous connaissons tous et qui sont souvent des pare feux protégeant leur concepteur d’un monde d’influences extérieures.
La démarche n’est pas toujours très pertinente ni lucide, mais elle est personnelle et se traite donc en tant que telle. Et un nouvel exemple de « musicien dans son coin », nous en est encore donné ce matin, via la première réalisation longue durée d’un projet américain, FROZEN SPIRIT.
FROZEN SPIRIT, c’est avant tout un homme seul aux commandes, Goroth Abaddon, qui endosse tous les costumes (chant, guitare, programmation, claviers), et qui depuis 2016 n’a eu de cesse d’empiler les réalisations, sous tous les formats possibles.
Un EP, Empire, une démo Lost Hope, et un split en compagnie des LOST IN ISOLATION, le tout en quelques mois, histoire d’asseoir sa réputation naissante.
A ce stade de pratique, je m’interroge toujours sur les différences qui peuvent exister entre une démo et un EP, puisque de toute façon ces musiciens agissent souvent en sous-marin sans l’aide d’une quelconque maison de disques, produisant tout at home sans se soucier des répercussions.
Mais admettons que la différence soit tangible, et traitons donc du cas très précis de ce premier album, The Light Shines No More, à la pochette aussi sombre que son titre et son contenu.
Vu de l’extérieur d’un œil détaché, tout ça sentait le gros BM lo-fi, enregistré sur un vieux quatre pistes fatigué avec des guitares usées, et un micro à la membrane déchirée. Mais finalement, et après écoute, il semblerait que le projet de Goroth Abaddon soit un poil plus ambitieux que quelques litanies factices assemblées à la hâte au fond d’une cave, et plus intéressant qu’un long soliloque inécoutable entièrement voué à la glorification du nihilisme et du DIY douteux.
Néanmoins, l’entreprise ne manque pas de défauts. Les morceaux sont parfois assemblés étrangement, et étouffés par un son rachitique dont les fréquences graves aspirent tout l’air disponible. Mais la variété de ton dont fait preuve notre misanthrope du jour n’est pas sans charme, même si l’interprétation n’est pas toujours à la hauteur des ambitions.
On trouve donc un peu de tout sur ce premier album, du BM lourd et poisseux, du BM traditionnel furieux, mais surtout, une optique assez envoutante en soi, bien que développée de façon assez maladroite.
Il est évident que dans ces cas de figure, le minimalisme est érigé en dogme. Mais on sent en filigrane une réelle volonté de proposer une musique un tant soit peu travaillée, ce qui laisse augurer d’un avenir éventuellement moins anecdotique qu’il n’y parait.
Premier écueil à passer pour apprécier les dix pistes de ce The Light Shines No More, le son de cette infâme boite à rythmes (si c’en est une et non un kit très mal réglé) qui dans les moments les plus violents est tout bonnement insupportable, spécialement lorsque les parties en double écrasent le reste de l’instrumentation.
Mais dans les instants les plus intimistes, la musique de FROZEN SPIRIT est assez troublante, un des meilleurs exemples en étant le très lent et souffreteux « The Temple », qui propose des arrangements très intrigants, sur fond de digression lourde et oppressante. Notes de claviers très bien placées, riff lourd et monolithique dans sa mélancolie, au point d’évoquer un souffle commun au MAYHEM le plus étrange et le DARKTHRONE de Panzerfaust.
Et ce sont ces segments-là qui se montrent les plus fascinants, lorsque l’auteur compositeur ralentit le tempo à l’extrême pour se concentrer sur des sensations déviantes, et non se focaliser sur une violence handicapée par une production vraiment trop approximative pour soutenir la brutalité de ton.
L’originalité n’est pas non plus totalement absente, et lorsque Goroth Abaddon tente quelques rythmes percussifs appuyés et redondants, sur fond de tronçonnage de riffs à répétition, l’atmosphère devient putride, et le charme sombre opère à plein régime (« The Brewing Storm », aux enchaînements un peu hasardeux, mais à la brume musicale épaisse).
Tout n’est donc pas parfait sur cette première tentative longue durée, mais on sent quand même que l’artiste a envie d’aller plus loin qu’un simple BM de bas étage répété à l’envi et enregistré dans de piètres conditions. « The Light Shines No More » le prouve d’ailleurs mieux que n’importe quel discours, et la lancinance des harmonies décharnées évoque même le BM canadien de ces dix dernières années, avec cette petite touche US contemporaine.
Outre des intermèdes assez bien troussés (« Burning Sky », minimaliste et simple, mais efficace), des tentatives d’Ambient assez étranges (« Morning Star », genre de dérive stellaire soudainement interrompue par des stries de violence crue) et un final assez décalé (« Purpose Of Man », qui mélange plus ou moins toutes les approches de l’album en quatre minutes avec ses claviers prédominants), c’est surtout l’hétérogénéité de l’ensemble qui marque les esprits, et il serait intéressant de voir ce que tout cela pourrait donner avec un peu plus de moyens, et surtout, une rythmique moins électronique ou peut-être mieux réglée.
Mais pour un premier essai, le résultat montre de belles qualités de composition et d’atmosphère, sans non plus s’imposer comme renouveau d’un genre.
Voyons ça comme le petit monde perso d’un artiste qui se veut résolument différent, et qui parvient par touches fugaces à nous faire pénétrer dans son univers bizarre et ténébreux.
Personnel et maladroit, mais créatif.
Et c’est finalement ce qui importe le plus.
Titres de l'album:
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