Steve Harris peut être fier de son travail, et envisager la retraite avec le sens du devoir accompli. Depuis les années 80, son groupe n’a eu de cesse d’être cité entant que plus grand groupe de Heavy Metal de la planète (avec METALLICA, évidemment), et son influence n’a de cesse de se faire sentir sur les plus jeunes groupes émergeant. La portée de sa musique s’étend bien au-delà de son Angleterre sacrée, et c’est aujourd’hui en Pologne que les échos de ses albums les plus réputés se font entendre. Inutile en effet de cacher que le quintet polonais IRONFORCE a beaucoup écouté des albums comme The Number of the Beast, Seventh son of the Seventh Son, ou Brave New World. Fondé en 2014 à Rybnik, ce groupe inconnu du grand public et déjà responsable d’une démo en 2017 (She-Devil) propose donc en cette morne année 2021 son premier long, et il est inutile de tourner autour de la Vierge de Fer : The Lightbringer sonne comme du MAIDEN de tradition, repris à compte d’auteur pour sonner un peu moins fidèle que les derniers albums de Dickinson & co.
Car une fois passée l’intro de rigueur, tout est en place, et le mimétisme en est troublant. « The Witch Hunt », malgré son agressivité légèrement ACCEPT nous ramène aux temps bénis de « Be Quick or Be Dead », « Aces High » et autres brûlots de la bande à Steve, et fait le ménage dans la chambre Heavy Metal pour ne laisser que les jouets les plus guerriers. Basse au doigt qui roule et autour de laquelle tout s’écroule, chant lyrique et emphatique, rythmique sobre et solide, soli à la tierce, tous les ingrédients du mimétisme sont là, mais pourtant, malgré ce handicap créatif, la sauce prend. Elle prend car les différences sont moindres certes que les similitudes, mais le chant un peu voilé de Łukasz Krauze permet de prendre ses distances avec Bruce, bien que l’instrumental soit une copie habile des crises de virilité de MAIDEN.
Zbigniew Bizoń (basse), Adam Całka (batterie), Michał Halamoda (guitare solo) et Krzysztof Całka (guitare rythmique), ensemble depuis la fondation du groupe montrent un visage solide de cohérence, et développent des trésors de technique pour pousser le mimétisme dans ses derniers retranchements tout en s’autorisant une approche un peu plus personnelle parfois. En résulte un répertoire qui sonne comme le tracklisting des derniers albums d’IRON MAIDEN, mâtiné de furie Power Metal très bien dosée. On s’en rend compte en encaissant le choc violent mais mélodique de « When Eagles Fly », qu’HELLOWEEN et STRATOVARIUS auraient pu faire leur dans les années 90, et qui nous détourne légèrement d’un chemin trop bien tracé. Toutefois, et malgré une double grosse caisse plus sollicité que par Nicko McBrain, The Lightbringer ne tergiverse pas, et assume son hommage aux héros de la NWOBHM.
C’est beau, c’est carré, c’est pro, ça sonne juste et souvent un peu trop proche, mais chacun capitalise sur les influences qu’il a choisi, et celle de MAIDEN n’est pas la pire. Cela dit, la question qui squatte le bord des lèvres est la même à chaque fois : peut-on copier MAIDEN à la perfection et rester crédible ? Pas toujours, mais les IRONFORCE réussissent ce tour de…force, et parviennent à nous convaincre de leur intérêt. Il faudra évidemment faire abstraction de tous les points de rapprochement, excuser quelques riffs et lignes de basse un peu trop copiés/collés, mais l’ensemble dégage une foi et un investissement qui pardonnent quelques citations un peu trop grossières.
D’autant que les polonais n’ont pas l’ambition dans leur local de répétition, et qu’ils savent s’épancher au long de morceaux évolutifs et quasiment mystiques. Me direz-vous, voici encore un point commun qui pourrait les desservir, ce que les premières secondes de « Smoke and Mirrors » semblent confirmer. Première incartade épique de ce premier long, « Smoke and Mirrors » prouve sans ambages que le groupe de Rybnik a tout compris aux méthodes de Steve pour amener un déroulé tragique sur le tapis et pratiquer une emphase dramatique avec panache, et dès le démarrage en trombe, le voyage dans le temps et l’espace est bluffant de vérité. A ce moment précis, plus aucun avocat de la défense n’osera s’occuper du cas des musiciens, visiblement obsédés par les mythiques anglais, mais comment résister à ce panache de l’est qui rend le plus bel hommage qui soit, celui qu’on assume totalement.
Tous les aspects du savoir-faire MAIDENien sont passés en revue, de ce Heavy Metal up tempo agressif et pugnace (« The Lightbringer »), jusqu’à ces suites hypnotiques animées de textes historiques et de grondements de basse (« Children Left by God »), en passant par ces insistances mélodies et lourdes que l’on écoute comme on lit un roman épique (« The Turn of the Tide »). De là, tous les esprits dotés d’une raison normale me diront que nul n’a besoin d’un nouveau MAIDEN, même si l’original fait sur surplace redondant depuis des années. Mais l’avantage de ces tribute-bands indirects est qu’ils proposent des morceaux que le MAIDEN officiel ne compose plus depuis des siècles, trop occupé à caser des live, des compilations et des coffrets de bières.
Alors, soit vous acceptez le legs qui crève les tympans, et vous appréciez un album irréprochable dans la forme, soit vous refusez ce plagiat même pas déguisé et vous conchiez un album douteux dans le fond. Les deux choix se défendent, et je ne saurais vous en vouloir d’opter pour la seconde solution. Les autres, je vous comprends aussi, IRONFORCE étant un très bon groupe, solide, dont la tutelle est encore embarrassante, et qui semble coincé dans son enfance régie par l’autorité d’une baby-sitter un peu trop notable.
Titres de l’album:
01. Far Away
02. The Witch Hunt
03. When Eagles Fly
04. Smoke and Mirrors
05. The Lightbringer
06. Children Left by God
07. The Turn of the Tide
08. Light Up the Skies
09. Beyond the Horizon
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