The Lion's Road

Sarayasign

11/08/2023

Frontiers Records

Il y a des évènements qu’il convient de ne pas manquer, sous peine de passer à côté d’une hype totalement justifiée. Je ne parle pas ici de nouveautés à la mode ou de mastodontes sortant de leur tanière, mais plutôt d’albums méritant une attention particulière, de par la qualité de leur musique. Et assurément, le second long des suédois de SARAYASIGN fait partie de cette catégorie. 

SARAYASIGN a débarqué récemment de Suède, avec dans ses bagages, des chansons puissantes, des mélodies entêtantes, et une énergie de tous les diables, maîtrisée à la perfection. Pourtant, en surface, rien ne permet de distinguer l’orchestre de bon nombre de ses contemporains. Une réputation enviable, des musiciens capables, et bien sûr, une tendance à remonter l’éphéméride jusque dans les années 80, pour trouver la bonne date à honorer. Mais même en traitant le dossier sous son angle passéiste, l’opération reste incroyablement bien menée, et le résultat inévitable :

Une claque.

Quatuor d’Örebro, SARAYASIGN porte les armes de son blason avec fierté. Constitué de musiciens hors-pair (Stefan Nykvist - chant, Jesper Lindbergh - batterie, guitare, claviers, boucles et effets, Daniel Lykkeklev - basse, claviers, et Peter Lundin -  guitare), il incarne une certaine vision traditionaliste de la royauté musicale suédoise, celle qui règne sur le monde depuis une bonne quinzaine d’années. Mais attention. Pas question ici de passéisme facile et d’hommages rendus avec détachement. Car The Lion's Road, un an à peine après la révélation Throne of Gold prône des valeurs de seigneur, via un Hard n’Heavy de haute teneur en décibels.

On se demande d’ailleurs comment les musiciens ont fait pour revenir aussi tôt avec un album aussi beau. Ont-ils trouvé le secret de la salsa, celle qui transforme une œuvre classique en bijou de grande valeur ? Nul ne saurait répondre à cette question, mais en l’état, The Lion's Road est indiscutablement le meilleur album du cru de l’année, alors même qu’il reste encore quatre mois avant de clore les débats des traditionnels tops.

Pourquoi cet enthousiasme ?

Parce que les suédois, en artisans malins, ont réussi le métissage le plus parfait entre WHITESNAKE, HAREM SCAREM, PRETTY MAIDS, ECLIPSE, et une bonne moitié de l’écurie Frontiers, sans forcer, en se reposant sur leur talent naturel. Et dès les présentations faites par « When All Lights Go Out », le doute n’est plus permis, et SARAYASIGN confirme avec panache tous les bons avis émis à l’occasion de son premier album. Qui est surpassé ici par ces dix nouveaux morceaux aussi cinématiques que dramatiques.

Cinematic Metal, on connaît la formule, qui permet de qualifier n’importe qui n’importe comment. Mais The Lion's Road mérite amplement cette appellation, puisque son Metal nous entraîne dans un ailleurs qu’on imagine dessiné par un scénariste de blockbuster, un genre de Marvel pour les oreilles sans les facilités juvéniles de superpouvoirs déjà dépassés.

Cette façon stupéfiante qu’a le groupe de jouer un Heavy mélodique formel en lui offrant un écrin moderne a quelque chose d’hypnotique. Si les riffs et les soli restent dans une tradition de fond, la production offre à l’album une patine contemporaine immaculée, comme une carapace en titane cachant un cœur en diamant. Capables de jouer des coudes comme de jouer des sentiments, ces quatre esthètes nous offrent une démonstration incroyable de savoir-faire et de passion, que l’on sent exsuder de la moindre note de « The Beginning Of The End » ou « Blood From Stone ».         

 

Pourtant, SARAYASIGN a choisi de relever le défi de la façon la plus risquée. En tablant sur la patience de son public d’une heure de jeu tassée, le groupe a pris la tangente la plus dangereuse, en tâtant de la redondance et des répétitions inévitables. Mais si le fil d’Ariane est facile à suivre, les détails permettent d’éviter la narration fleuve et compacte qui lasse au bout de quelques titres magiques. Ainsi, la délicatesse de « Will You Find Me » permet de faire une petite pause à mi-parcours, avec toujours en arrière-plan ces strates électroniques développées par le batteur Jesper Lindbergh, architecte sonore transformant en cathédrale moderne cette église Metal traditionnelle.

Avec une moyenne de cinq minutes par titre, voire un peu plus, The Lion's Road est très généreux. D’autant que les parts sont bien coupées, et distribuées avec soin. « Everdying Night », qui lance la seconde partie du disque retrouve les riffs agressifs de la génération HAREM SCAREM, couplés à ces mélodies sublimées par le timbre lyrique de Stefan Nykvist, fils spirituel de David Coverdale et Jami Jamison.

D’ailleurs, cette seconde partie sans entracte se montre encore plus savoureuse que la première. Le quatuor a pris grand soin de diversifier son propos sans trahir ses convictions, osant même la noblesse d’un Heavy taquiné de soubresauts électroniques sur le title-track.

Respect des racines, mais ancrage moderne, tel est le crédo de ce deuxième album qui donne une sacrée leçon à  son aîné. Avec un sentimentalisme traité façon film noir évitant les clichés d’une rom-com musicale (« Love Will Burn »), et un épilogue épique reprenant un thème du premier album (« Throne Of Gold Part II – A Heartless Melody », l’énorme cerise sur l‘énorme gâteau), SARAYASIGN déjoue tous les pronostics qui le voyaient glisser de son piédestal.  

Les suédois y sont fermement attachés, et l’aventure ne fait que continuer. Si la qualité est exponentielle, attention à la succession de chefs d’œuvre.

   


Titres de l’album:

01. When All Lights Go Out

02. Blood From Stone

03. A Way Back

04. The Beginning Of The End

05. Will You Find Me

06. Everdying Night

07. The Lion’s Road

08. Love Will Burn

09. Hope And The Sorrow

10. Throne Of Gold Part II – A Heartless Melody


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 08/08/2023 à 17:32
95 %    257

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Excellent!

 

23/11/2024, 11:22

Simony

 

23/11/2024, 10:37

Simony

 

23/11/2024, 10:37

Moshimosher

Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)

21/11/2024, 18:01

Tourista

Quelqu'un sait s'ils sont confirmés au Anthems Of Steel ?

21/11/2024, 17:17

Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51