Nous ne reviendrons pas une énième fois sur le fâcheux fait divers qui a coûté à David Ellefson son poste de bassiste chez MEGADETH, les colonnes des webzines s’en étant largement fait l’écho. L’affaire a bien arrangé l’autre Dave en tout cas, qui souhaitait depuis un bon moment se délester de ce poids qu’il considérait mort, mais cette triste affaire n’a pas stoppé net les ambitions artistiques du bassiste de légende. Il a rebondi, comme tout musicien, et nous présente aujourd’hui les fruits de sa nouvelle association, dont les réseaux sociaux se sont fait un plaisir de relayer le contenu.
On le sait, bassiste n’est pas forcément le poste le plus enviable dans un groupe au moment d’assurer sa reconversion. Et les conversations et spéculations allaient bon train quant au recyclage éventuel du compositeur de la célèbre ligne de basse de « Peace Sells ». Quid de sa nouvelle direction ? Heavy Metal ? Thrash ? Jazz ? Après tout, les bassistes célèbres ont souvent bifurqué au moment de faire oublier leur précédent groupe, de Jason Newsted dans ECHOBRAIN à Krist Novoselic et SWEET 75. Alors, tout était possible, et les questions fusaient jusqu’à ce que David lâche enfin le (petit) morceau. En publiant « Maggot Wind », David E. ne laissait plus planer aucun doute sur la suite de ses aventures, et nous ramenait à l’époque alternative de nineties qui gommaient l’hédonisme forcé des eighties d’une production abrasive et d’un retour à la simplicité.
Clarifions les choses immédiatement : THE LUCID n’est pas une pauvre tentative néo-Grunge de plus, destinée à replacer l’urgence au centre des débats, mais s’en rapproche un peu. En collaborant avec de nouveaux musiciens, en s’acoquinant avec le chanteur Vinnie Dombroski (SPONGE), le guitariste Drew Fortier, et le batteur Mike Heller (FEAR), Ellefson a fait le bon choix en préférant éloigner MEGADETH de la mémoire auditive de ses fans, un choix pas si risqué, la comparaison métallique aurait pu avoir raison de ses ambitions.
Ce premier LP éponyme n’est pas de ceux qui changeront le cours de l’histoire. Dave et les siens ont fait le choix de l’épure, de la simplicité, en proposant un Hard-Rock légèrement alternatif, parfois très proche des débuts d’ALICE IN CHAINS (« Spoiler Head »), et réminiscent d’une décennie qui avait mis à mal le Metal pur et dur, avant que la bête ne se réveille. C’est donc un trip vers la région de Seattle que le quatuor nous propose, avec des riffs directs et granuleux, une production rêche et pleine d’aspérités de distorsion, des lignes de chant mélodiques et des harmonies amères en filigrane pour donner au tout un goût doux-amer.
Agréable en oreille, ce premier album peut être deux choses : un one-shot sympathique, ou une entame modeste. Dans les deux cas, les chansons sont agréables, appréciables, et réduites à l’essentiel. Des couplets passe-partout pour des refrains qui explosent, et une façon de remettre les obsessions de Bob Mould sur le tapis, mais aussi celles de la génération Y. « Maggot Wind », le single, rappelle indépendamment les PUMPKINS, STONE TEMPLE PILOT, et toute cette vague de musiciens refusant la technique et la sophistication au profit d’un format Pop-Rock déguisé en fantôme Grunge. Immédiatement, la voix étrange et proche de celle de Scott Weiland de Vinnie Dombroski accroche l’oreille, comme cette rythmique percussive dans laquelle David semble se sentir à l’aise. Les enjeux n’étant pas les mêmes, passer d’un monstre du Metal à un jeune espoir alternatif semble avoir fait du bien au bassiste limogé. Il joue sobre, presque trop, et sa basse n’a plus le reflet Punk de ses interventions antérieures. On le sent en retrait, noyé dans le mix, maniant les graves sur la grosse caisse comme un basiste anonyme, mais c’est sans doute ce recul dont l’homme et le musicien avaient besoin.
L’uniformisation est de mise sur The Lucid. Comme si ces quatre musiciens avaient eu la lucidité d’affronter le défi de la façon la plus biaisée possible : en l’évitant. Le jeu percussif et puissant de Mike Heller permet au projet de ne pas sombrer dans les affres de la copie carbone, grâce à un jeu de fills ingénieux, et les riffs sortis de la guitare de Fortier assurent la caution métallique lorsque la distorsion est poussée. Mais le tout exhale d’un parfum particulier, un peu jauni par les années, tout en restant d’une efficacité indéniable (« Hair »).
Pas de tube à mettre en avant, une jolie collection de chansons en plaisirs mineurs, quelques variations pour illustrer la variété de mise, et le cadeau est emballé dans un papier kraft sobre. Et par pitié, ne réduisez pas THE LUCID au statut injuste de nouveau groupe de Dave Ellefson, ex-MEGADETH. Rien ne serait plus injuste pour ses partenaires qui sont loin d’être de simples faire-valoir. C’est d’ailleurs Dave qui en fait le moins sur cet album, et qui endosse le costume sur-mesure de bassiste lambda. Il assure les roulés sur « Maskronaut », il cimente sur « Breech Boy », il pose les noires sur « Parade of Spit », ballade amère de fin de soirée, et déclare même dans un éclair de lucidité :
C’était un vrai plaisir de faire un disque avec ces gars et je dois dire que c’est rafraîchissant d’explorer de nouvelles voies musicales… de sortir un peu de ce que chacun de nous a fait stylistiquement dans sa propre carrière. Il y avait une synergie sans effort qui est venue en créant ces chansons ensemble, ce qui est toujours étonnant quand on travaille avec de nouvelles personnes. J’ai hâte que tout le monde l’écoute !
Le monde va l’écouter, l’apprécier sans doute, et oublier enfin les turpitudes qui ont mené à sa genèse.
Titres de l’album:
01. Maggot Wind
02. Deaths of Despair
03. Spoiler Head
04. Hair
05. Maskronaut
06. Damned
07. Breech Boy
08. Pigs and Sons
09. Parade of Spit
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