En me basant sur la signalétique mathématique du nom de BRUIT ≤, il serait donc établi que le groupe est inférieur ou égal à tout et n’importe quoi. Mais en restreignant notre champ d’analyse à la pratique même des musiciens, s’épanouissant dans un Post Rock dreamy et coloré, je m’inscris en faux contre cette assertion. Et en restreignant encore plus les options, puisque le quatuor a choisi la voie Ô combien difficile du Post Rock instrumental, j’affirmerai au contraire que BRUIT ≤ est supérieur ou égal à n’importe qui. Le Post Rock, ce style bâtard qui oblige les musiciens à voir au-delà, supporte un certain nombre de détracteurs très actifs qui ne considèrent le style que sous son aspect contemplatif, et il n’y a qu’à prendre acte du nombre de voix s’élevant contre les derniers DEFTONES - LA référence du genre - pour comprendre que le style n’est pas prêt d’être accepté par les masses. Et c’est tant mieux, puisque cette musique ne s’adresse pas aux masses consommant la musique comme un produit quelconque, incapable de de faire la différence entre un pauvre fichier mp3 et un vinyle d’époque. Mais ne jouons pas l’élitisme qui éloignera le public potentiel de ce premier album, sans pour autant en prendre les individualités pour des imbéciles. La musique présente sur ce premier long est aussi facile à apprécier que difficile d’accès, mais fait appel au ressenti le plus viscéral et primaire des musicologues qui comprendront que parfois, l’appartenance n’a d’importance que si l’on souhaite enfermer un artiste dans une petite case.
Or, ces mecs-là détestent justement les étiquettes. La preuve, puisqu’ils proviennent tous d’horizons très différents, et surtout, très éloignés des musiques amplifiées. Ils jouaient la Pop de façon intelligente, et aujourd’hui, ils transcendent le Rock comme les HYPNO5E subliment le Post Hardcore ou les 7WEEKS le Hard Rock. Il y a quelques années, Clément Libes (basse, violon), Damien Gouzou (batterie) et Théophile Antolinos (guitare) nous avaient gratifiés d’un Monolith annonciateur en moyenne durée qui avait braqué les projecteurs sur lui. On y découvrait une envie d’aller voir ailleurs, et d’enrichir la musique de la même façon que le FLOYD ou CAN avaient franchi les barrières quelques décennies auparavant. Avec l’aide au violoncelle de Luc Blanchot, le groupe revient soudé, et provoque dès le titre de son œuvre. Car la lecture de ce titre est aussi longue que l’écoute de l’album, comme si dans un désir de provocation, les musiciens avaient dressé une ligne à ne pas franchir par les timorés. Ainsi naquit donc The Machine Is Burning And Now Everyone Knows It Could Happen Again, et une œuvre bien plus grande que la somme de ses parties.
Musicalement, pas de tromperie sur la marchandise. Quatre morceaux seulement pour quarante minutes de musique, une musique aussi pleine que complexe, et aussi pure que recherchée. Les strates de sons s’empilent, et les instruments fonctionnent à l’encontre de leur nature. La guitare ne riffe pas, elle lâche des notes et tisse des sons évanescents, agressifs, relaxants, méditatifs. La batterie assure l’assise, j’en conviens, mais elle sert aussi de pulsation qui permet au cœur de l’œuvre de battre au bon rythme. La basse gronde, roule, insiste sur quelques notes, tandis que le violoncelle tutoie les nuages pour nous entrainer en plein ciel. Le groupe affirme même en amont :
Nous préférons les longs formats, car nous considérions que la société moderne nous a déconnectés de notre nature biologique et de notre rythme naturel. Nous pensons donc que la musique est un moyen de se réapproprier ce temps perdu. Nous avons choisi de ne pas diffuser notre œuvre sur les plateformes légales, puisqu’elles vont à l’encontre des idées politiques et philosophiques que nous défendons.
Un groupe engagé donc, qui ne sortira pas plus de produit physique, et qui vendra sa musique sur ses sites, et nulle part ailleurs. Je peux comprendre la démarche, et ce refus de voir un art sombrer dans les affres d’un consumérisme en reniant les dogmes initiaux. En se privant de chant (mais en faisant appel à la narration, comme sur le séminal Emile Jacotey d’ANGE), le groupe a pris un autre risque majeur, niant au public le droit de s’accrocher à une voix et à des textes. Mais l’effondrement de la société et sa renaissance étant un processus naturel, il se passe de mots.
Celui qui vendait du temps au temps a scié la branche sur laquelle il était assis puis l’arbre sur lequel était la branche. N’ayant plus d’ombre pour s’abriter, il était temps pour lui de faire face à la colère des autres ou de se confronter à la brûlure du soleil.
En gros, l’homme n’a pas respecté sa part du contrat, a malmené son environnement, l’a violé, pillé, et doit maintenant affronter le jugement d’une planète qui le condamne à la mort. Faut-il dès lors assumer sa part de responsabilité en se retournant vers les accusations du peuple, ou bien admettre que les UV ne seront plus filtrés et que tout brûlera sans appel ? Mort et renaissance, telle est donc la thématique de ce premier album, qui fait la part belle aux atmosphères différentes et complémentaires. La musique de BRUIT ≤, très solaire, permet aux amateurs d’harmonies et de longues digressions de se laisser aller à la rêverie, mais aussi au constat. Entre longues plages évolutives et mélodiques, et soudains accès de violence, ces quatre morceaux ne sont que les chapitres d’une grande histoire, et non des morceaux à proprement parler, que l’on peut prendre séparément. Et jamais au grand jamais, la démarche du quatuor ne semble redondante, excessive ou complaisante. « Industry », le titre le plus lourd et oppressant du lot, stigmatise à merveille le rôle de l’industrie dans la destruction des écosystèmes, et brade des riffs sombres sur fond d’apocalypse de cordes. Mais dès « Renaissance », la délicatesse s’impose, et les harmonies prennent le temps d’admirer une nouvelle ère. Telle une fleur poussant à travers le bitume, cette partie symbolise le retour à une autre vie, moins autocentrée, et plus empathe. Ainsi, les mélodies deviennent le moteur de l’expression, et le jeu de guitare et de violoncelle excusent l’absence de mots et de chant.
The Machine Is Burning And Now Everyone Knows It Could Happen Again ne s’adresse pas à tout le monde, mais aux poètes, et bizarrement, aux lucides qui ont bien compris que tout devait s’arrêter un jour avant de redémarrer. A l’image d’un THE GOD MACHINE qui mélangeait les genres pour accoucher du sien, le quatuor joue avec les sons, les laisse respirer pour donner lieu à un échange vivant avec l’auditeur. Encore faut-il que ce dernier accepte les règles du jeu, et donne de sa personne pour entendre ce message de vie.
Titres de l’album:
01. Industry
02. Renaissance
03. Amazing Old Tree
04. The Machine Is Burning
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