« Turkey, twelve points ».
Ça vous dit quelque chose ? Oui, la Turquie participait en effet au concours Eurovision de la chanson depuis 1975, et a même remporté le dit concours en 2003, l’année donc où cette phrase a résonné plus d’une fois dans les casques des journalistes présents à la manifestation.
C’était la star nationale Sertab Erener qui à l’époque chantait son « Everyway That I Can », et qui avait permis au pays de gagner son premier et unique trophée, mais depuis, la Turquie a décidé de se retirer de la compétition, mécontente des nouveaux règlements.
Dommage, vraiment dommage.
Pourquoi ?
Parce qu’ils auraient pu envoyer un représentant qui aurait cassé la baraque cette année, et ainsi ramener le précieux sésame une fois encore au pays. Il aurait fallu pour cela faire confiance à une bande d’allumés Rock, qui n’ont pas oublié les joies du Hard Rock made in California des années 80, et qui en proposent une version très contemporaine, et haute en énergie.
Ça vous tente ? Moi aussi, et je suis certain que nombre de votants leur auraient donné leur voix. En en parlant de voix, celle de la belle İzgi Gültekin n’est pas piquée des hannetons.
THE MADCAP est donc un quintette nous venant d’Ankara, formé en 2015, et qui aujourd’hui évolue autour du line-up suivant, Izgi (chant), Deniz et Emre (guitares), Faruk (batterie) et Erman (basse). Le combo peut s’enorgueillir d’être le premier groupe Glam mené par une chanteuse dans l’histoire du pays, mais les réduire à cette anecdote serait d’une flagrante injustice.
Les rockeurs sont très connus en Turquie, notamment depuis leur accession aux demies finales du télé crochet national Rising Star diffusé par la chaîne TV8, bataille qui leur a permis de satisfaire le public de leurs reprises des GUNS, de BON JOVI ou AC/DC. Ce parcours les rapproche donc d’un gang bien de chez nous qui avait aussi brillé sur le petit écran, autant que sur les scènes nationales, je veux bien sûr parler des BLACK RAIN, avec lesquels les turcs partagent bien des points commun.
Le principal étant cette passion pour un Hard-Rock in your face, subtilement teinté de Sleaze coloré et expansif, qui dynamise des structures basiques d’une petite touche de folie bubble-gum. Pour autant, les THE MADCAP avec The Madcap Rising ne se perdent pas en considérations futiles, et gardent le cap sur une musique solide et terriblement entraînante, qui vous rappellera sans doute par procuration quelques déambulations sur le Strip, que vous avez vécues au travers d’albums et de live report d’époque dans les magazines.
The Madcap Rising, distribué par le label national Arpej Yapım et produit par la triplette Alen Konakoğlu, Deniz Sayman and İzgi Gültekin est donc un concentré de riffs bien burnés, de rythmiques gonflées comme des moteurs de hot-rods, et d’envolées vocales pleine d’allant, qui offrent à des chansons simples toute la percussion dont elles ont besoin pour convaincre les fans d’un Hard-Rock pur 80’s, qui toutefois ne crache pas sur un brin de groove boogie/bluesy des 70’s (« Long Island Blues »).
La majorité de la partie créative a été prise en charge par Deniz Sayman, soliste et İzgi Gültekin, chanteuse, qui nous offrent donc un festival de distorsion fun et d’envolées saturées, sans pour autant le sacrifier à la mélodie et aux accroches rythmiques bien galbées.
D’ailleurs, le potentiel du quintette est flagrant dès l’ouverture bombée du torse de « Storm The Road », qui évoque avec une merveilleuse nostalgie le passé glorieux des DANGEROUS TOYS, L.A GUNS et autres chantres d’un Metal light en bulles de savon Rock, celui-là même qui avait transformé la fin des années 80 en party interminable avec confettis sur le sol et tâches de bière sur la carpette.
C’est certes aussi original qu’un comeback de RATT ou DANGER DANGER, mais c’est plus efficace qu’une caisse de bourbon pour s’enivrer de fièvre Sleaze qui se refuse à cacher son inspiration sous une tonne de mascara.
Certaines influences sont plus qu’évidentes, et celle des frangins Young est palpable sur les licks gluants de « Put The Blame On Me », qui toutefois dégénère assez vite en mid tempo d’enfer.
Le brio des instrumentistes saute assez rapidement aux yeux, même s’ils préfèrent tous la jouer pertinent plutôt que démonstratif.
L’ambiance est à la fête, et les refrains explosifs succèdent aux breaks dynamiques, d’une vitesse de croisière assez soutenue.
Mais un simple coup d’œil à la pochette salement flashy de ce premier album suffit à piger que les MADCAP ne sont pas là pour se prendre la tête, ni la vôtre, mais bien pour vous la faire dodeliner, ce qu’un morceau aussi direct que « Rock n’Roll Revolution » exprime sans détour via un refrain fédérateur et collégial, qui une fois de plus nous suggère que les accointances avec nos BLACK RAIN ne sont pas que figuratives.
Dix morceaux, neuf en Anglais, un en idiome natal, pour un hommage dans les règles à la scène californienne d’il y a trente ans, soutenue par quelques clins d’œil appuyés au HR Européen des mêmes années.
Toutefois, la légèreté ambiante rapproche plus nos amis de la scène de L.A, bien que leurs propres up-tempi ne fassent pas semblant de malmener le Rock de tous les côtés (« Stepped on a L.Go », oui, ces petites pièces qui traînent pas terre et qui font hurler quand on pose le pied dessus, ça a de quoi mettre en colère...).
Pas de temps à perdre, même si l’émotion parvient à se faire une toute petite place dans la débauche de décibels ambiante (« Question of a Lifetime », qui effleure la nostalgie d’un GUNS N’ROSES ou d’un POISON, et déballe un joli duo vocal masculin/féminin), alors même que les rockeurs semblent affectionner le déhanché d’un Hard Groove à la GREAT WHITE/CINDERELLA (« Aces In My Hand », effectivement, ils ont une belle main pour rafler la mise…)
Une jolie démonstration de hargne et de foi en un Hard-Rock pur et dur, qui dispose de plus d’une belle production claire et un peu sèche sur les attaques de guitare. Le chant d’Izgi fait montre d’un lyrisme qui s’accorde très bien de la puissance d’un backing-band en pleine possession de ses moyens (« Footsteps In The Sand », et ses couplets roulant sur une basse au dos rond), même si parfois, l’inspiration cherche un peu d’air, suffocant dans la redite d’un HR en pilotage automatique (« Almighty Fear »).
Mais globalement, le résultat est largement positif, et The Madcap Rising se veut en effet déclaration d’intention d’un groupe prêt à déferler sur le monde pour répandre la bonne parole d’un Rock glamour qui n’a pas oublié son cran d’arrêt dans un gant de velours.
Je persiste à dire que la Turquie devrait revenir concourir à l’Eurovision avec ces trublions d’une culture musicale ouverte, et ainsi accumuler les twelve points, devant une assistance médusée. Et The Madcap Rising, avec son visuel diablement coloré, permettrait une mise en scène chamarrée à la hauteur de l’énergie dispensée.
Je me fendrais même d’un sms pour l’occasion. Alors qu’en pensez-vous. On lance une pétition ?
Titres de l'album:
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