A night at the Opera.
Quand Serafino a envie de s’amuser, il ne va pas au cinéma, ne joue pas au polo ou ne savoure pas une pizza. Non, il va à l’opéra. Enfin, plus exactement, l’opéra vient à lui. Le boss du label transalpin Frontiers voit les choses en grand, et s’aménage des espaces de loisir au sein même de sa maison de disques, en supervisant, produisant et distribuant le dernier délire en date du guitariste/compositeur/producteur/arrangeur suédois Magnus Karlsson, trop heureux de concrétiser une vision qui le ronge depuis des années. On connaît bien ce sympathique musicien scandinave, impliqué dans de nombreux projets à grande échelle (ALLEN/OLZON, KISKE/SOMMERVILLE, MAGNUS KARLSSON’S FREE FALL, PLANET ALLIANCE, PRIMAL FEAR, THE FERRYMEN, ALLEN/LANDE, LAST TRIBE, MIDNIGHT SIN, etc…), boulimique de travail, et on reconnait immédiatement sa patte en écoutant un album, qu’il en soit le compositeur, le simple exécutant ou bien le maitre d’œuvre. Et c’est ainsi que Magnus nous livre sa version des faits, en dévoilant la genèse de ce nouveau concept opératique qui a tellement enthousiasmé Serafino qu’il en a oublié son sac sur le terrain de golf :
Mon intérêt pour la musique orchestrale s’est accru depuis des années. Je voulais mélanger l’approche dramatique et épique de l’opéra et le Metal pour produire une musique sans limites. Fin 2019, j’ai commencé à travailler des idées, et j’ai testé de nouveaux sons et arrangements dans le but de créer quelque chose d’épique et de grandiose. C’est à ce jour mon travail le plus accompli et complexe, de par ses arrangements gigantesques et l’utilisation d’un orchestre. Mais aussi par le fait qu’il m’a fallu trouver les bons chanteurs pour les parties adéquates, pour que chacun donne le meilleur de lui-même. Ensuite, il a fallu intégrer le tout à une histoire intéressante, à propos de ce « guérisseur de cœurs »…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Karlsson se montre enthousiaste quant à son projet, et qu’il a travaillé d’arrache-pied pour le rendre valide. Pour ça, l’homme a fouillé dans son carnet d‘adresses pour y trouver des noms évidents mais a dû aussi prospecter pour que tous les rôles de cet opéra soient attribués. C’est ainsi que pas moins de sept chanteuses se répartissent les personnages pour donner corps à l’histoire, assez simple et manichéenne il faut l’admettre. Les concepts d’Opéra-Metal sont rarement les plus fascinants d’un point de vue scénaristique, privilégiant souvent l’affrontement entre bien et mal, entre donjons et dragons, et naïades et monstres de l’océan. L’histoire - si tant est qu’elle vous intéresse - concerne donc le personnage principal du Heart Healer, qui se réveille sans aucun souvenir. Elle découvre rapidement qu’elle est capable de guérir les gens par simple apposition des mains, don précieux dont l’utilisation la rend toutefois de plus en plus faible. Nous la suivons donc sur le chemin du souvenir, rencontrant des alliés et ennemis, dans une quête impossible, mais traduite en musique avec une acuité certaine. Pour en arriver au résultat souhaité, Magnus Karlsson a donc fait appel au gotha des chanteuses opératiques du monde Metal, et affiche au final un libretto assez conséquent. On retrouve sur l’album des chanteuses comme Adrienne Cowan (SEVEN SPIRES, SASCHA PAETH'S MASTERS OF CEREMONY, AVANTASIA), Netta Laurenne (SMACKBOUND, LAURENNE/LOUHIMO), Youmna Jreissati (OSTURA), Ailyn (HER CHARIOT AWAITS, ex-SIRENIA), Noora Louhimo (BATTLE BEAST), Margarita Monet (EDGE OF PARADISE), et Anette Olzon (THE DARK ELEMENT, ex-NIGHTWISH), avec Adrienne Cowan dans le rôle principale de la HEART HEALER.
Les fans de Metal symphonique et opératique risquent donc d’être aux anges. Pour l’occasion, Magnus s’est évidemment occupé de toutes les parties de guitare et de basse, mais aussi des claviers, laissant le violoncelle aux bons soins de Daniel Tengberg, le violon à Erika Sävström Engman et la batterie à son complice Anders Köllerfors (ALLEN/OLZON, STARBREAKER). Le cahier des charges est donc respecté, avec des morceaux aux ambiances choisies pour correspondre aux chapitres de l’histoire, et force est de remarquer que le fougueux suédois a mis les petits plats sur la grande table, pour proposer un banquet à la hauteur de ses invités. Mais plus qu’un opéra mis en Metal, HEART HEALER propose une forme très aboutie de Metal progressif et symphonique dans la plus droite lignée des précédents efforts du cru. On trouve donc dans cette musique une assise Metal très prononcée, et un côté opératique plus allusif que concret, et heureusement pour nous, le guitariste/compositeur s’est surtout focalisé sur la qualité des chansons qui possèdent toute cette accroche Pop les rendant assez catchy. Inutile donc de vous attendre à un décorum à la Disney avec poutres en plastique apparent, et château de Cendrillon en carton-pâte, puisque cet album, débarrassé de tous les gimmicks les plus insupportables du genre, se concentre sur la puissance Metal, augmentée d’une interprétation délicate et investie des sept participantes.
Toutes livrent une performance au-dessus de tout soupçon, en directe lignée de leurs groupes respectifs, et donnent tout ce qu’elles ont pour offrir un écrin de choix à cette histoire assez banale, mais propice au cadre instrumental choisi. La production est évidemment impeccable et brillante, avec une rythmique bombastic, une guitare tranchante, et des effets synthétiques suffisamment bridés pour ne pas prendre le pas sur l’agressivité et le naturel d’un Heavy vraiment costaud. En bon concepteur suédois qu’il est, Magnus Karlsson a pris soin de ne pas déborder du cadre de famille et de céder aux effets de manche. Il nous offre donc des compositions sinon originales, du moins efficaces, avec des soli pertinents et pas trop bavards, et des arrangements d’arrière-plan en soutien.
De là, deux solutions s’offrent à vous. Soit vous acceptez de jouer le jeu et découvrez un album qui mérite d’être écouté, soit le style vous laisse de marbre et vous claquez la porte. Pourtant, il y a quelque chose d’humain et d’artisanal qui émane de ce The Metal Opera by Magnus Karlsson, et si l’émotion a encore une portée trop limitée par le registre opératique des chanteuses, si l’histoire laisse de marbre, les moments orchestraux sont menés avec fermeté (l’intro de « Evil’s Around The Corner » peut en témoigner), et les quelques tubes qui jonchent l’effort (« Back To Life », « When The Fire Burns Out ») équilibrent les tentatives plus élaborées comme l’entame « Awake » ou l’évolutif « Into The Unknown » qui embrassent tous les codes du Metal opératique tels que QUEENSRYCHE les a définis il y a fort longtemps avec Operation Mindcrime.
Mais en tant que réfractaire absolu au genre, je dois avouer que l’écoute de cet album, à défaut de me transporter m’a suffisamment enthousiasmé pour que j’en parle. Bravo donc à Magnus Karlsson de s’être laissé aller de la sorte, et de nous avoir offert une heure de musique riche et mélodique. L’album ne vous guérira sans doute pas de votre allergie à l’épique, mais elle vous permettra d’en supporter les effets dramatiques avec plus d’efficacité.
Titres de l’album:
01. Awake
02. Come Out Of The Shadows
03. Who Can Stand All Alone
04. Back To Life
05. Into The Unknown
06. When The Fire Burns Out
07. Evil’s Around The Corner
08. Mesmerized
09. Weaker
10. This Is Not The End
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