Bon, pas de tromperie sur la marchandise. Entre un trio constitué de trois olibrius répondant aux doux sobriquets d’Alcoholic Patrolator (guitare/chant), Michi von Einst (basse/chant), et Infernal Firedemon (batterie), un subtil pseudonyme comme INSULTER, et une maison de disques de la trempe de WITCHES BREW, inutile d’attendre autre chose qu’un bon Thrash germain franc et massif, ce qu’on comprend dès qu’on jette un coup d’œil à cette sémillante pochette dessinée par le petit Rudolf, onze ans, fasciné par l’au-delà et les démons depuis qu’il s’est enfilé l’intégrale de « Chair de Poule ». Sauf que la vérité, sans être totalement éloignée de ce tableau bien brossé, est quand même légèrement différente. Mais en faisant un petit effort de mémoire, et en y fouillant les souvenirs de groupes aussi essentiels que radicaux comme PROTECTOR et WHIPLASH, vous pourrez vous en approcher, de très près même, puisque cette horde de barbares se réclame en effet d’un Thrash subtilement blackisé, aux effluves gentiment occultes, mais à l’efficacité maximale. Fondé en 2006, ce groupe au line-up évolutif a dû attendre jusqu’en 2016 pour proposer son premier LP, Crypts Of Satan, qu’une démo (Thrashing Hell, vous voyez bien…) avait précédé quatre ans plus tôt. Evoluant désormais en power-trio depuis le départ de leur héros Unholy Masochist (ancien grogneur), les INSULTER ne s’en posent pas plus de questions pour autant, et continuent donc de tout dévaster sur leur passage, avec une brutalité teintée de naïveté qui fait plaisir à voir dans le petit Landerneau de l’extrême.
Se sevrant de Metal coulant dans les veines de tous les enfants du Thrash boom des 80’s, sans pour autant loucher uniquement du côté de leur patrimoine national, ces trois-là se montrent plus fins que tous les indices les décrivant ne le laissaient entrevoir. Sans non plus verser dans la démonstration, ils troussent des hymnes ultimes qui valent largement la peine d’être écoutés, et beaucoup plus élaborés et réfléchis que la moyenne du genre qui se contente souvent de tout bousculer comme un éléphant dans un mosh-pit. Se montrant aussi concis qu’ils ne sont évolutifs, ces allemands parviennent donc à combiner les ambiances malsaines et sombres du PROTECTOR le plus assoupli, et le radicalisme presque Core des WHIPLASH, se situant un peu à mi-parcours en optant souvent pour des tempi raisonnables et des riffs modulés. Nous avons d’ailleurs droit à des breaks assez sidérants de finesse, durant lesquels Alcoholic Patrolator et Michi von Einst font montre d’un certain panache en tapping (« Horny Necromaniac », on tremble à l’idée des exactions du bonhomme sur des cadavres), et même à des morceaux où l’atmosphère gentiment horrifique nous colle la trique, histoire de nous plonger en plein récit déviant avec maniaques et serial-killers peu avenants (« Past Rituals Of The Msianthrope », ciselé mais violemment Heavy, pour passer une bonne nuit). C’est donc loin du Thrash germain bourrin que ces trois olibrius placent leur destin, maniant la digression comme l’agression, et offrant donc un patchwork assez fascinant de cruauté pure et de sadisme sûr. Impossible à l’écoute de certaines crises de colère de ne pas penser à des pierres angulaires comme Golem ou Urm The Mad, bien que la cadence générale soit beaucoup plus abordable.
Et sans surprise, le tout est très plaisant, et se dévore en un instant, puisque les musiciens ont l’intelligence de ne pas s’égarer en route. Avec trente-cinq minutes au compteur, The Misanthrope joue la bonne longueur, et distille ses saillies en harmonie, ressuscitant avec un flair certain l’esprit chafouin du Thrash semi bestial des années 80, celui qui bousculait mais qui s’excusait, en plaçant sur son chemin quelques finesses à portée de main. Ainsi, les contretemps très efficaces de « Riders Of War » auraient fait un malheur en 85/86, tandis que l’ouverture sans pitié de « Legion’s Lust » aurait largement eu de quoi satisfaire les fans de Thrash diffus, un peu sourd sur les bords, mais dont on se saoulait jusqu’à la mort. Instrumentistes suffisamment performants pour jouer leurs propres plans, les INSULTER ne se montrent ni simplistes ni condescendants, et jouent honnêtement leur carte sans se soucier d’une quelconque crédibilité. Et ils ont raison, car lorsque leur rythmique tourne au marteau-pilon, la lourdeur en impose dans le salon, et « Zombie Force » de se répandre en une entame bien Heavy qui dégénère très vite en Speed Black tout compris. Difficile de faire la fine bouche face à une équation aussi bien résolue, qui ne comporte aucune inconnue, mais qui laisse quand même une part de liberté à l’interprétation qui de temps à autres s’enfonce dans les corridors de la mort (« ‘Til Dawn », feeling un peu OBITUARY sur les bords, et soudaine accélération dans le décor).
Neuf morceaux qui jouent assez varié pour ne pas lasser, mais qui pris dans la continuité, forment une belle ode à la violence débridée. En disposant d’un bon paquet de riffs efficients, les allemands jouent sur du velours tâché de sang, et ne peinent pas à nous convaincre de leur potentiel. On sent même que les ambitions pourraient monter d’un cran, à l’occasion d’un presque progressif « Infernal Warfare » qui frise la démonstration tout en restant d’une crudité carton. La voix convaincante et la guitare tranchante, Alcoholic Patrolator domine les débats de son timbre grave et gras, et en impose en tant que frontman, se hissant sans effort au niveau des Tony Portaro et autres Paul Arakaki, pouvant compter en arrière-plan sur une rythmique sans défaillance. On termine même ce nouveau chapitre par un mystique « Into Battle II : Misanthropic Death », faisant écho à la précédente conclusion de Crypts Of Satan, assurant de fait une ludique liaison. En choisissant de terminer son second LP par un titre aux connotations très sabbathiennes, le groupe a fait un choix culotté, mais qui paie, puisqu’on est immédiatement tenté de remettre la galette à son point de départ, pas encore rassasié de ce Thrash un peu roublard. Mais avec The Misanthrope, le trio de Friedrichsdorf prouve qu’on peut encore jouer du Thrash à tendance Black à l’ancienne, sans copier son voisin, ni verser dans le bestial chafouin. Un disque attachant et hautement recommandable à tous les nostalgiques de la vague radicale de la seconde moitié des 80’s, qui headbanguaient au doux son de Power and Pain ou de Leviathan’s Desire.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09