En voyant la photo promo sur la page Facebook du quatuor ALLIGATOR, je n’ai pas pu m’empêcher de penser au DEATH ANGEL des débuts. Même jeunesse, même défiance dans le regard, même approche souple d’un Thrash mélodique, mais hautement agressif. Et les comparaisons pourraient continuer bon train, tant les indonésiens partagent des points communs avec les américains.
ALLIGATOR fait donc partie de cette relève Thrash mondiale, totalement décomplexée, et prête à mettre en joue les plus hauts gradés. Après un premier EP en langue natale (Penerus Bangsat Bangsa, 2017), les originaires de Ponorogo reviennent avec un long sous le bras, qui a pris son temps pour arriver à maturation. Six ans entre deux productions, il n’y a pas de quoi fanfaronner, mais c’était visiblement le prix à payer pour atteindre une qualité indiscutable.
Car The Myth of Justice, sous sa pochette superbe, cache une philosophie intéressante, et très éloignée des facilités old-school contemporaines. Même si évidemment, le quatuor ne peut nier s’intéresser de près aux années 80, son Thrash est beaucoup plus créatif que celui de ses contemporains, avec cette petite touche Rock et Punk qui rend les chansons passionnantes, et truffées d’idées et d’arrangements enrichissants.
Je ne le cacherai donc pas, cette sortie (que je traite un peu tardivement, toutes mes excuses au groupe) m’a redonné confiance en la jeunesse brutale. Alors que chaque full-lenght frappé du sceau de la nostalgie respecte les codes à un point de non-originalité sans retour, ALLIGATOR se donne un mal fou pour en extraire l’essence la plus originale. Et le résultat se fait sentir immédiatement, la triplette d’ouverture étant un modèle du genre.
Entre la fluidité sauvage d’un EXODUS pas vraiment content, l’imagination d’un DEATH ANGEL pleine bourre après Frolic Through the Park, et l’enthousiasme d’un Crossover modèle réduit, ce premier album frôle le génie, et nous permet enfin d’apprécier la version 2K d’un style qui se laisse souvent aller. Révélation de l’année 2023, ALLIGATOR sort les crocs, mais ne mord qu’à bon escient. Formation soudée (Diptya - basse, Aldira - batterie, Ridwan & Dhano - guitares et Bearly - chant), jeu concentré, et réminiscence de la boucherie canadienne des eighties (« Nightwrecker », hommage même pas déguisé à RAZOR et ses riffs effilés), tout est en place pour une gigue infernale, qui laisse les guiboles molles et la mèche plaquée sur le front.
Allusif au Speed Metal US de l’axe 1983/1984 (« Bajingan Kota »), parfois méchant comme un brésilien, ALLIGATOR traîne sa carcasse sur les eaux de l’insouciance, pour croquer du touriste arrivé là par inadvertance. Avec un timing raisonnable, et une inspiration qui tient bon, The Myth of Justice honore le genre de son amour pour une musique bien faite, composée avec les tripes et la tête, et nous rassure d’une bouée dans une mer trouble de conventions insupportables.
Musiciens très capables, mettant leur technique au service d’un collectif surpuissant, les membres d’ALLIGATOR semblent défier de leur morgue tous les acteurs de la scène passéiste, en leur donnant une leçon de violence souple, mais effective. Si la recette est d’usage, si les syncopes sont classiques, l’ensemble dégage un parfum de fraîcheur qui fait du bien aux naseaux, et qui permet de se laisser aller sans arrière-pensée. Sans vouloir vous survendre un album qui est somme toute assez classique, je me permets d’en souligner les nombreuses qualités pour que vous fassiez la différence avec un LP anonyme, plagiat de Reign in Blood ou Bonded by Blood.
On sent du D.R.I, du GANG GREEN, du FORBIDDEN, et pas mal d’autres ingrédients, mais accommodés à la sauce indonésienne. Carburant au curry le plus épicé, ALLIGATOR est un saurien à la gueule qui ne s’ouvre qu’au bon moment, et qui vous tranche la tête aussi efficacement qu’un solo de Kerry King.
Pas de pitié donc, pas de quartier non plus, mais une mise en application des théories modernes dans un contexte traditionnel, avec licks diaboliques, chant hargneux, et double grosse caisse analogique et logique. De quoi passer un bon moment en dodelinant du chef sur le rude « Torment from the Sky », en secouant ses puces sur « Hegemony of Destruction », avant de faire l’état des lieux pour le final progressif « Dying Boy ».
See you later, ALLIGATOR ?
Non, c’est aujourd’hui, maintenant, et pour une grosse demi-heure. Pour un dimanche heureux, ne soyez pas peureux et jetez-vous sur cet album aussi efficace que malin.
Titres de l’album:
01. Misery
02. Benteng Palsu
03. The Myth of Justice
04. Nightwrecker
05. Bajingan Kota
06. Sic Semper Tyrannis
07. Torment from the Sky
08. Hegemony of Destruction
09. Dying Boy
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09