Rob Lamothe (RIVERDOGS), James Harper (FIGHTING FRIDAY), et Zander Lamothe (LOGAN STAATS BAND), un trio de musiciens capés, pour un premier album comme on en entend rarement. C’est en tout cas le constat que je tire de mes multiples écoutes de The New Truth, nouvelle vérité vintage qui n’a rien en commun avec les vieilleries ramassées dans les friperies musicales américaines. Mais composé et interprété par de telles pointures, ce constat n’a rien d’étonnant.
CROSS COUNTRY DRIVER est un hommage transversal, entre des seventies affranchies et des nineties libres et alternatives. Loin des facilités old-school qui usent de ficelles à la corde déjà bien élimée, le projet se situerait plutôt en convergence de plusieurs hommages rendus à CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL, LED ZEPPELIN, WHITESNAKE, le Gospel, l’Alt-Rock attaché à ses racines, le tout saupoudré d’une bonne dose de Soul qui confère à l’ensemble une âme incroyablement pure et pieuse. En gros, une musique directement branchée sur les accus d’un ciel dégagé aux nuages rieurs.
Nos trois amis ont pour l’occasion fait appel à une batterie de guests à rendre jaloux le tapis rouge des Grammy Awards. Nous retrouvons sur cet album des noms plus que fameux, dont je m’empresse de reproduire une partie de la liste ici :
Mike Mangini (DREAM THEATER), Greg Chaisson (BADLANDS), dUg Pinnick (KING'S X), Rhonda Smith (Jeff BECK), Jimmy Wallace (THE WALLFLOWERS), KFigg (EXTREME), et une poignée d’autres, pour une fête ininterrompue donnée en l’honneur d’un Hard-Rock racé, aéré, sincère et sans artifices inutiles.
Mixé par la référence Nick Brophy, The New Truth est un nouvel évangile selon Saint Blues-Rock, qui va convertir une horde de nouveaux fidèles. Prêchant avec les mots justes, CROSS COUNTRY DRIVER ne désire qu’une seule chose : faire revenir les brebis dans la chapelle d’un Rock intemporel, très attaché à ses racines des années 60 et 70. Pour ce faire, Rob, James et Zander ont utilisé la formule la plus simple et convaincante qui soit. Une rythmique souple mais ferme, des guitares à s’en éclater les tympans, des envolées vocales poignantes, et une ambiance générale religieuse, entre offrandes déposées aux pieds de la vierge et réunion intimiste de croyants mettant leur talent au service d’une force supérieure.
Alors évidemment, certains auront du mal à se laisser convaincre par ces arguments, arguant du caractère formel d’un album qui ne fait que recycler des idées déjà largement exposées. Sans vraiment pouvoir les contredire, puisque ce qu’on entend sur The New Truth est en effet classique au possible, je m’empresserai de renvoyer ces arguments face au tribunal de l’évidence, en présentant des preuves incontestables. La vague old-school est certes pointée du doigt, mais le naturel, l’aisance, la puissance et la maturité de cet album en font un contre-exemple parfait, loin des albums jetables qui se satisfont très bien de riffs réchauffés et de plans passés au micro-ondes. Ici, le Blues respire, le Rock se détend, et les harmonies vocales enchantent, sans en rajouter, comme si ce trio magique concentrait en une seule personnalité tous les éléments que nous aimons tant dans cette musique.
A l’heure du revival, CROSS COUNTRY DRIVER est une bouffée d’air frais, qui s’inscrit parfaitement dans son époque, et qui peut faire penser à bande originale de la série Daisy Jones & The Six, que « I Won’t Look Back » cite indirectement de son groove lourd et de ses voix multiples se rejoignant dans un unisson orgasmique.
Pourtant, avec près d’une heure au compteur, The New Truth avait de quoi se plomber dans les grandes largeurs. Mais incroyablement, les treize morceaux proposés couvrent un terrain assez large pour ne pas se marcher sur les pieds. De la cohérence dans la différence, quelques nuances, et un catalogue d’invités conséquent, pour justement faire sonner chaque titre comme une individualité. En prenant quelques exemples probants, on comprend mieux cette capacité à s’extirper de la prévisibilité avec un panache incroyable. « Rio Tulerosa » profite de la frappe de Mike Mangini mais aussi du timbre de dUg Pinnick, « Risen » s’autorise un featuring du compère Vivian Campbell pour saluer la Country de Nashville avant de donner l’accolade aux EAGLES et FLEETWOOD MAC, « Long Gone », et sa basse élastique à la Motown rend aux afro-américains ce feeling qui leur appartient, et ces trois morceaux ne sont que des réussites parmi tant d’autres, qui transforment cet album en passage en revue impeccable des possibilités de la musique américaine depuis les seventies.
Du beau boulot, des guitares acoustiques au son cristallin, des inflexions vocales dégoulinant de sensibilité, et surtout, de l’honnêteté, pas d’esbroufe, et une sincérité qui fait plaisir à entendre. Et si The New Truth n’hésite pas à basculer du côté d’un Classic Rock mainstream et généraliste, il a la classe de le faire avec les manières, tout en réservant quelques décharges d’électricité convaincantes pour les hard-rockeurs que nous sommes.
La perfection n’existe pas, pourtant, ce disque somme toute anecdotique dans la production pléthorique actuelle s’en rapproche dangereusement. En se servant dans les coffres de la tradition, Rob, James et Zander nous présentent un menu savoureux, chaleureux, copieux, qui réchauffe les âmes avant une nouvelle étape tournée vers l’avenir.
Du feeling à revendre. Il y a des acheteurs ? Le taux de change est largement en votre faveur.
Titres de l’album:
01. Wild Child
02. So Fly
03. A Man With No Direction
04. Traces Of The Truth
05. I Won't Look Back
06. Rio Tulerosa
07. Shine
08. Off The Rails
09. Long Gone
10. Real Love
11. Risen
12. Everything Forgiven
13. My Goodness
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