Jouer du Death old-school est devenu tellement à la mode que c’en est presque new-school. Après, il convient de faire le tri entre ceux qui essaient de retrouver l’esprit, et ceux qui ont vraiment su retrouver le son. A ce petit jeu de dupes, les slovaques de BLOODCUT gagnent haut la main le pari, de la pochette de leur album à son contenu. Tout ici exhale des effluves putrides du Death des origines, et ce duo sorti de presque nulle part a relevé la gageure de mixer les influences US et suédoise au sein d’un même contexte morbide.
Distribué par le label tchèque Support Underground, BLOODCUT nous offre donc une suite tout à fait légitime à son premier et remarqué EP Remains Of The Deceased, qui avait déjà bien agité l’underground l’année dernière. Et puisque le groupe originaire de Slovaquie se voit épaulé par une structure tchèque, on peut dire que le tout reste une affaire de famille rondement menée.
Niveau bio, on retrouve aux commandes de ce projet deux hommes, Slavek à la basse et Janek à la guitare, au chant et la programmation, ce qui leur permet un contrôle absolu de leur direction artistique, direction que les deux acolytes suivent fermement depuis leurs débuts.
Ils nous en viennent de la ville de Martin, et existent depuis 2015, ce qui confirme qu’ils ne manquent ni de matériau ni d’allant pour enrichir leur discographie.
Mais quid de ce The Old Cemetery Stories en termes d’inspiration ?
L’affaire est simple, et peut aisément se résumer en quelques lignes.
Les histoires du vieux cimetière qu’ils nous racontent ressemblent fortement à d’anciennes légendes exhumées pour le plaisir du souvenir, et respirent le linceul de la mort des deux narines. Pas de grosse surprise à attendre d’une telle réalisation qui se complait dans un Death d’avant-hier, celui-là même que les cadors de BOLT THROWER, AUTOPSY, GRAVE, MASSACRE créaient et développaient il y a un peu moins d’une trentaine d’années, sans savoir que le mouvement auquel ils venaient de donner naissance allait tout balayer sur sa route. On y retrouve donc ces riffs glaciaux, ces rythmiques monolithiques, ce son froid comme un hiver de peste, et ce chant rauque d’outre-tombe qui colle si bien au concept.
Pas vraiment de quoi crier à la résurrection, mais largement de quoi adhérer à un propos simple et efficace. Doté d’une production qui semble émaner des Sunlight Studios ou du Morrisound, The Old Cemetery Stories est un bel exercice de style Death des premières années, qui ne cherche pas à finasser, mais bien à se rapprocher de ses racines.
Peu ou pas de changement notable depuis le premier EP du duo, c’est un travail dans la continuité, qui pourra sembler roboratif aux plus exigeants d’entre vous, mais qui satisfera sans problèmes les amateurs de vieux Death qui a refusé toute forme d’évolution.
Ce qui convainc en premier lieu, c’est cette attitude roots qui découle sur la recherche de sonorités vintage casher, et qui permet à des compositions simples de retrouver l’impulsion de 90/91, et d’albums comme From Beyond ou Into The Grave, sans pour autant plagier les grands auteurs.
Bien évidemment, cette optique ne leur permet pas d’éviter l’écueil dangereux de la répétition, et certains riffs, certains breaks ont tendance à se ressembler, tout comme les inflexions vocales sont toutes coulées dans le même moule.
Mais les incantations de BLOODCUT restent d’une efficacité optimale, et réjouiront les nostalgiques d’In Battle There Is No Law ou Mental Funeral, tout comme les amoureux de Severed Survival, sans pour autant que la pâle copie d’AUTOPSY soit à pointer du doigt.
Le label ne s’y est d’ailleurs pas trompé, et a basé son argumentaire sur quelques références évidentes. Avec une accroche comme « ouvrez le cercueil et découvrez d’étranges secrets de famille, totalement old-school », la harangue a le mérite d’être claire et de ne pas tromper sur la marchandise embaumée.
Constitué de sept nouveaux titres et de quatre bonus déterrés du caveau du premier EP, The Old Cemetery Stories propose donc une avancée prudente en terre consacrée, et ne s’éloigne pas de ses horizons sombres développés il y a un an pour affirmer l’identité d’un duo qui sait exactement où il va avec ses pelles et ses sacs à cadavre.
Leur vieux cimetière a même des allures organiques de MORTICIAN sans la brutalité excessive d’une machinerie rythmique et d’une gravité grotesque, et un titre comme « Strange Family Secrets » vous dévoilera assez vite le peu de mystère emballé dans un album qui joue franc-jeu dès son artwork et son logo.
Difficile de se montrer disert à propos d’un LP qui joue la même partition du début à la fin, en réfutant toutes les théories d’évolution.
On peut à la rigueur jouer le petit jeu de la comparaison entre l’ancien et le nouveau répertoire, et noter que la dynamique globale à légèrement pâti d’une uniformisation de ton entre temps, puisque les quatre morceaux de Remains Of The Deceased semblent plus pêchus que les sept inédits qui les précèdent.
Chacun appréciera à sa juste valeur le répertoire proposé, mais il est certain qu’après quelques minutes d’écoutes attentives, on se surprend à regretter un manque d’audace évident, qui pourtant aurait permis à ce projet de décoller.
Plans de guitare un peu trop jumeaux, voire triplés, chant monocorde qui refuse toute variation, mais quelques samples et autres arrangements disséminés avec parcimonie viennent heureusement apporter une légère touche de fraîcheur à l’embaumement, et parfois, quelques accroches un peu plus entrainantes que la moyenne nous sauvent de la rigor mortis létale (« Horrible Experience », assez groove et bondissant, avec une basse claquante qui donne le rythme).
Au final, le premier longue durée des slovaques ne peine pas à convaincre de sa démarche passéiste revendiquée, mais il semblerait qu’elle soit une fin en soi, ce qui limite les efforts accomplis et peut souvent servir d’excuse à une inspiration qui se tarit assez vite.
Avoir retrouvé l’esprit d’époque est une chose les gars, prendre quelques distances avec et avancer d’un pas moins assuré en est une autre. A vous de faire la différence comme vos aînés la faisaient, en laissant parler la créativité plutôt que l’authenticité à tout prix.
D’autant que personne n’a besoin d’un nouvel AUTOPSY ou d’un GRAVE relifté.
Titres de l'album:
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