Nous touchons là à la quintessence de la nostalgie, à l’épitomé des souvenirs chamarrés, à l’acmé d’une attitude qui consiste à penser « qu’avant, c’était franchement mieux ». J’adhère partiellement à ce point de vue, qui me replonge dans mon adolescence avec délice, mais qui occulte aussi les avancées du marché musical actuel. Néanmoins, les MULLETT - et leur nom évoquant sans détour cette coupe de cheveux emblématique des eighties que James Hetfield a arborée avec fierté - n’ont jamais fait de mystère quant à leur passion pour cette décennie de tous les possibles qui a vu le Hard-Rock passer d’une musique marginale à un mouvement de masse. Et s’il est un groupe qui s’y connaît en recyclage, c’est bien celui-ci, qui pendant des années à repris le répertoire original des BON JOVI, DEF LEPPARD, MÖTLEY CRÜE avec une fidélité sincère et une foi indéfectible. Aujourd’hui, pas si loin de leurs reprises fameuses, les quatre musiciens proposent leur premier album personnel, avec un répertoire qui n’a pas à rougir de la comparaison. Depuis dix ans, ces olibrius, sosies presque pas officiels de grandes légendes permanentées agitent les scènes des USA avec leur back to the future fameux, et se sont même constitué un fan club des plus selects. On ne compte plus les stars de l’époque complètement envoutées par leur magie, et certains d’entre eux/elles se sont même fendu/es de formules à l’emporte-pièce pour en décrire la magie.
Ainsi, la belle Janet Gardner des VIXEN les a taxés de « tribute-band des eighties le plus authentique », tandis que le sympathique Ted Poley de DANGER DANGER a même dégainé un super gimmick pour les encenser. Sa formule ?
« Toc-toc, c’est quoi ce son ? C’est MULLETT qui botte le cul des années 80 toutes les nuits ! »
Alors, la pub c’est bien, une réputation on stage aussi, mais quid de la musique propre à ces quatre musiciens se cachant derrière des pseudos hilarant nous ramenant directement trente ans ou plus en arrière ? Elle est à l’image de l’application qui sert de principe aux reprises proposées par le groupe depuis des années, appliquée, joyeuse, fun, légère comme des cotillons qui s’envolent à la fin d’un concert, et tellement mimétique avec certains tubes que nous avons fredonné à seize ou dix-sept ans que c’en devient troublant. Dans les faits, et en simplifiant la problématique à outrance, avouons que les MULLETT sont une sorte de doppelganger positif des STEEL PANTHER, la vulgarité en moins, mais le talent égal. Pas question ici de paires de seins, de glory hole vulgaire, mais de fascination pour les hits Rock envahissant le Billboard entre 1986 et 1990. Et si les deux groupes partagent le leitmotiv de faire la fête comme si demain était la fin du monde, les MULLETT le font avec beaucoup plus de classe et d’optimisme.
Certes, leurs pseudos fleurent bon le décalage collégien, lorsque nous-mêmes acceptions de changer notre nom de baptême pour des sobriquets plus Rock. Mais Ron Jovi (chant), Dan Halen (guitare), Teddy Lee (basse) et Jef Leppard (batterie) sont d’authentiques musiciens de première classe, qui ont tout compris au Hard Fm et au Glam des années 80, celui des DANGER DANGER, de TYKETTO, de BON JOVI, de POISON et autres défenseurs de la cause fêtarde. Au hasard des rencontres, les quatre travestis se sont vite compris, et ont intégré le concept avec naturel et aisance. Mais en 2021, il était temps de passer à la vitesse supérieure, pour montrer qu’ils n’étaient pas que de simples imitateurs doués dans la reproduction. Alors, en dix chansons, le quatuor prouve qu’il a bien retenu les leçons d’une décennie d’hédonisme, entièrement dédiée au plaisir personnel, à l’oubli des convenances pesantes, et à ces samedis soirs passés au Roxy ou au Whiskey a Go-go pour y découvrir de nouveaux combos, mais aussi essayer de choper au passage une jolie blonde permanentée impressionnée par ce perf à franges et cette coupe improbable.
De fait, et objectivement, The Originals permet paradoxalement aux MULLETT de confirmer leur statut de meilleur tribute-band aux eighties qui existe sur le marché. C’est sans doute frustrant pour des créatifs, mais c’est ainsi, et en découvrant les dix tubes de ce premier longue-durée, impossible de ne pas s’y croire, et de ne pas croire écouter les valeurs sures qui servent de référence au groupe depuis dix ans. Dès la frappe matte de « 80’s Girl », sorte de « American Girl » de Tom Petty repris par BON JOVI et POISON, on comprend que le voyage va être le même que ceux proposés par le groupe live depuis longtemps, puisque tout est là, la production poussant même le vice jusqu’à adopter les inflexions de mixage d’époque. Guitare rêche, chant mis en avant, refrains catchy déboulant sur des refrains irrésistibles, les ingrédients sont dosés à la perfection, et le trip est aux petits oignons. Malgré leur dégaines risibles, les mecs sont capables une fois leur instrument en mains, et proposent donc des morceaux totalement irrésistibles, qui en appellent au ressenti le plus honnête du marché : ne pas tromper l’auditeur en lui faisant croire à un tour de manchette transformant le patrimoine en inédit, mais bien coller aux principes de base et s’en montrer fier.
Et il y a de quoi être fier d’avoir mis sur le tapis un tel tracklisting, qui remporte haut la main le tapis. Entre un « Talking To A Stranger » qui n’aurait pas dépareillé sur le mythique Pyromania de DEF LEPPARD, et la ballade « On My Way » qui se souvient avec émotion du « Heaven » de WARRANT, la copie est maculée de flou rose et vert, et sent bon ce passé qui revient à la surface pour nous guérir de la déprime actuelle.
Rien à jeter sur ce premier album, et pour cause, puisqu’il propose des démarquages même pas cachés de tubes d’époque. Certes, des tubes réarrangés, mais des tubes quand même, qui retrouvent cette énergie débridée (« Into The Night »), l’essence même de ce Rock typiquement américain pour stade que BON JOVI a fait exploser depuis son New Jersey natal (« Another Lonely Night »).
Et si je suis le premier à admettre que la formule est convenue, je suis aussi le premier à dire que les MULLETT sont les premiers à la porter à ce niveau de perfection. C’est simple, et pour adopter les compliments d’usage, je pense que même David Lee Roth aurait accepté la présence des MULLETT dans la même pièce que lui, en admettant ne pas être le seul centre digne d’intérêt. Et si les STEEL PANTHER t’élargissent l’anus, les MULLETT te dégagent la nuque.
Avec style.
Titres de l’album:
01. 80’s Girl
02. All About Love
03. Talking To A Stranger
04. Stop & Go (Follow Your Heart)
05. Tears In The Sky
06. On My Way
07. Into The Night
08. Around
09. Another Lonely Night
10. This Is Our Time Now
Très belle punchline finale haha !
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
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