Dès la pochette, on sait d’avance que le traitement sera différent. Alors que la majorité des groupes de Thrash privilégient le vert fluo et les pochettes flashy, les allemands d’ERADICATOR nous offrent un noir et blanc légèrement bleuté, et une iconographie très sobre. Ce qui ne m’étonne guère de leur part, puisque leur musique est certainement l’une des plus fines de la nouvelle vague Thrash des années 2000. Quoique nos amis germains accusent maintenant le poids des années depuis leur formation en 2004. Vingt ans de carrière pour six longue-durée, une constance dans la qualité, mais aussi dans le line-up qui a très peu changé.
Retrouvons donc avec plaisir les frères Jan-Peter (batterie) et Sebastian Stöber (guitare/chant), toujours épaulés par Sebastian Zoppe à la basse et Robert Wied à la seconde guitare. La même formation depuis Madness Is My Name, publié en 2012, et qui trouve aujourd’hui un écho certain via la naissance de The Paradox, douze ans plus tard. Un gros bébé de cinquante minutes, produit à la perfection, et qui trône au milieu de ses langes comme un démon prêt à mettre la terre à feu et à sang.
ERADICATOR continue donc sur sa lancée, et offre un petit frère à Influence Denied. Trois ans sans nouvelles, on commençait à se demander si la gestation n’était pas un peu longue, mais le groupe de Lennestadt nous répond fermement et sans langue de bois. Son Thrash est toujours aussi solide et furieux, excellent compromis entre les écoles américaine et allemande, pour un festival de méchanceté qu’on encaisse directement dans les dents. « Beyond The Shadow’s Void » se veut donc limpide et cruel, et se pose comme l’un des morceaux les plus efficaces de ce début d’automne 2024. Dans un registre MEGADETH sous stéroïdes, il casse quelques bouches, et nous enthousiasme de son ampleur, les riffs se succédant comme les vierges au bal des débutantes, avant que la voix ne s’impose et ne laisse planer aucun doute. La cuvée 2024 est agressive, compacte, lourde comme le plomb et solide comme le titane.
En convergence de nombreuses références du cru, ERADICATOR brasse ses références, et nous propose les fruits de ses réflexions. « Kill Cloud », qu’on croirait inédit du PANTERA de l’époque « Revolution is My Name », mixe aussi en petits morceaux les belges de CHANNEL ZERO pour se poser sur un groove irrésistible sublimé par des guitares saccadées. En à peine vingt minutes, le quatuor valide son retour avec panache, et nous embarque dans un festival de figures imposées transcendées par une technique éprouvée. Capables d’enchaîner deux ou trois thèmes différents par morceau, de se montrer aussi souples que fermes, les musiciens impressionnent, et livrent peut-être la prestation d’une vie. Sans aller jusque-là, affirmons quand même que pour un sixième album The Paradox n’en est pas un, et sonne plus frais et dispo que bien des suiveurs old-school nés entre 2020 et aujourd’hui.
Un seul mot d’ordre, ne jamais faiblir et poser le médiator à terre. Très intelligemment construit, The Paradox alterne mid, up et fast tempo, pour ne pas sonner linéaire et autopiloté. Ainsi, après une sacrée crise de vitesse, « Hell Smiles Back » vient gentiment nous rappeler que les allemands ont toujours été les rois du refrain scandé, en se rappelant de l’ardeur d’HOLY MOSES. Des citations dans le texte fort agréables, et qui permettent d’apprécier le son de cette basse grondante et ronde qui refuse de se laisser museler par le mixage.
Mais tout album ambitieux se doit d’explorer des éventualités progressives. C’est la charge assumée par le long et ambiancé « The Eleventh Hour (Ramble On) » qui revisite le METALLICA du changement, celui de Ride the Lightning, qui il y a quarante ans redéfinissait de façon très précoce les règles du Thrash. Un petit parfum « Fade to Black » mélangé avec des effluves de TESTAMENT, c’est de bonne guerre, et très envoutant. D’autant que le morceau en question se cale sur la ligne du parti, et oppose deux phases très distinctes en déroulant un final féroce au possible.
Quelques dissonances de ci de là, des boucles mélodiques, des à-coups rythmiques, et des crises de folie qui donnent envie. « Perpetual Sacrifice », punky et thrashy se fond dans la masse en sifflant du ONSLAUGHT et du MEGADETH dans un parc public, avant de prendre d’assaut la gloriette pour y entamer un headbanging acharné.
Impossible de décrocher, oubliée l’envie de bailler, ERADICATOR s’appuie sur ses qualités naturelles, et donne une bonne leçon aux amateurs de ritournelles. Si bien sûr toutes les chansons ne sont pas d’importance, c’est la cohésion d’ensemble qui reste remarquable, avec une thématique suivie à la lettre et une rage qui ne demande pas son reste.
« Debris of Demise » se charge de l’épilogue, et grouille une fois encore de ses graves tremblants et de sa vitesse soutenue. Comme d’habitude, le quatuor de Lennestadt s’est débrouillé comme un chef pour conserver sa position de leader intacte, et nous fracasse avec The Paradox. Un album 100% Metal, complètement Thrash, mais fin, éduqué, et surtout, très bien enregistré et composé. On se prend de passion pour ce radicalisme nuancé, et par ces titres qui nous laissent foudroyés.
Joli retour, et un sixième long qui va déchaîner les passions. Tout éradiquer ? C’est une solution drastique, mais peut-être la seule qui soit encore viable. Nous ne sommes pas à un paradoxe près.
Titres de l’album:
01. Beyond The Shadow’s Void
02. Drown In Chaos
03. When The Shooting Begins
04. Kill Cloud
05. The Paradox
06. Hell Smiles Back
07. The Eleventh Hour (Ramble On)
08. Perpetual Sacrifice
09. Fake Dealer
10. Debris of Demise
Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)
01/05/2025, 23:51
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29/04/2025, 02:27