Voilà quelque chose qui devrait plaire à tous ceux qui pensent que le Death Metal se doit être complexe, technique, dissonant, progressif et atonal. A ceux qui fondent pour la discographie de GORGUTS, qui craquent pour la folie d’ULCERATE, et qui ne sont guère intéressés par la bestialité gratuite et les évidences nostalgiques. En gros, à ceux qui aiment se triturer le cerveau pour comprendre des équations acrobatiques, ou calculer des fonctions complexes. Entre le 0 absolu et l’infini, quelque chose se tapit dans l’ombre, et ressurgit à intervalles irréguliers, une créature des abysses qui elle aussi a souffert de la pandémie, au point de se terrer artistiquement pour mieux revenir une fois les variants rentrés chez maman.
BARING TEETH, c’est un peu le LITTLE WOMEN du Death technique et évolutif. Depuis 2009, les texans construisent une discographie cohérente, faite de plans jazzy en constante mutation, et depuis la sortie d’Atrophy en 2011, le trio n’a eu de cesse de repousser ses propres limites pour atteindre une sorte de plénitude musicale qui s’épanouit dans le chaos, les dissonances et autres irritations auditives.
Scott Addison (basse/chant), Andrew Hawkins (guitare/chant) et Jason Roe (batterie) fêtent donc leur quatrième nouveau-né, et ce petit dernier est aussi avancé que les trois premiers. A peine né, le bambin s’exprime déjà dans un langage soutenu, hurle lorsqu’il a faim, et ne fait évidemment pas ses nuits. Colérique, instable, affamé, l’enfant est certainement le plus turbulent de la fratrie, mais il semblerait qu’il soit encouragé dans ses caprices par des parents ravis de son caractère indomptable.
« Obsolescence » est en quelque sorte le cri primal poussé après un accouchement aux forceps. Pas question de péridurale, la souffrance est embrassée comme une récompense, et le résultat ne manquera pas d’irriter les amoureux des harmonies, qui n’y trouveront pas leur compte. Et si d’aventure, vous vous sentiez l’âme d’une baby-sitter en puissance, sachez que les deux dernières ont perdu la raison, mais aussi la logique. Traumatisé par le comportement erratique et incontrôlable du joufflu, elles ont rendu les clés et leur tablier pour aller se sevrer d’une sévère dose de CANNIBAL CORPSE et OBITUARY.
Le Death technique que symbolise donc ce charmant minot est le parangon d’une approche sans concession. Si la référence GORGUTS est évidemment la plus évidente, PESTILENCE, MORBID ANGEL, ARTIFICIAL BRAIN et AD NAUSEAM peuvent aussi prétendre tenir le rôle de parrains légitimes, et observer les progrès sadiques d’une petite créature diabolique intenable.
On a beau avoir légèrement les foies, on ne peut que s’attacher à cette capacité à transcender les inspirations pour acquérir sa propre personnalité. Loin des délires interminables et des extractions de dents de sagesse, BARING TEETH compose des morceaux solides, cohérents, justifiés, et qui une fois assemblés forment un tout compréhensible, et pas si inextricable qu’il semblait au prime abord.
Alors, je ne vendrai pas le produit avec la faconde d’un camelot malhonnête. Non, je vous avertirai en toute honnêteté du caractère assez familier de l’œuvre en question, qui ne fait que reprendre des recettes de fabrication éprouvées, pour produire moins, mais mieux. Les discordances et irritations initiales sont finalement toujours les mêmes d’un morceau à l’autre, et si l’ensemble dégage un parfum étrange et très musqué, ce même parfum est assez connu des esthètes des fragrances qui s’en sont aspergé dans les années 90 et 2000. Et comme les formules parlent plus que les tournures de phrase complexes, sachez que BARING TEETH pourrait être le point d’union le plus étrange reliant VOÏVOD à DEMILICH.
Mais l’autre intérêt d’un album qui n’en manque pas, se cache dans sa construction logique et sa narration progressive. Les titres ne sont pas agencés au hasard, et se suivent très intelligemment pour construire un crescendo qui trouve son acmé dans le final gargantuesque « Terminus ».
Et ce terminus-là ne mène évidemment que dans les limbes du Death le plus élitiste, et fier de l’être. Arrivé à bon port, le groupe lâche tous ses arguments pour convaincre la foule, et dessiner les plans d‘une conquête globale d’un monde médusé de tant de précision et de liberté. Cet ultime chapitre est de ceux qui laissent sur le flanc, le regard hébété, comme hypnotisé par une densité indivisible, et le souffle court d’avoir couru en apnée pour se voir frappé à la pomme d’Adam sur la ligne d‘arrivée.
La chute n’en est que plus lourde, et l’étouffement gravissime.
Tel est l’effet produit par The Path Narrows, qui comme son titre l’indique, réduit les options, et oblige la route à se recentrer. Jusqu’à devenir un petit chemin qui ne sent pas la noisette, mais bien la violence aveugle, l’apathie amère, et la lancinance obsessive.
De quoi voir l’avenir d’un œil neuf, et souffrir les dents serrées.
Titres de l’album:
01. The Gate
02. Obsolescence
03. Culled
04. Rote Mimesis
05. Liminal Rite
06. Wreath
07. Cadaver Synod
08. Terminus
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