Ils sont quatre, viennent de Guayaquil, Equateur, et ont de la bouteille, vous pouvez me faire confiance. Il est possible de les présenter de bien des façons, en disant qu’il leur aura fallu quelques années pour se roder et devenir pleinement professionnels, ou alors préciser que le facteur obstination a provoqué la collision avec le facteur chance pour qu’ils cassent enfin la baraque en dehors de leurs frontières, mais quelle que soit l’introduction que vous choisissez, le résultat est le même. Les BLACK SUN, s’ils obtiennent la reconnaissance mondiale après laquelle ils courent depuis leurs débuts, l’auront amplement mérité.
Et c’est leur troisième album qui vous le prouvera plus que n’importe quel discours.
Depuis 1999, les équatoriens n’ont jamais lâché un pouce de terrain, et se sont battus, au point de partager les plus grandes scènes de leur pays avec des pointures comme EDGUY. Ils partagent d’ailleurs quelques points communs avec eux, en terme d’inspiration et de lyrisme, et il est certain que leur Metal traditionnel mais convaincant séduira les plus fervents amateurs d’un Hard-Rock saignant et mélodique, dans la plus grande tradition du plus grand HELLOWEEN.
Niveau technique, il serait plus légitime de les rapprocher de STRATOVARIUS, puisque The Puppeteer a été produit conjointement par Timo Tolkki et Santtu Lehtiniemi aux fameux Sonic Pump Studios d’Helsinki. Mixé par le fidèle Mikko Karmila et masterisé par Mika Jussila aux Finnvox studios, ce troisième LP, le plus critique à négocier dans la carrière d’un groupe, se cache sous un superbe artwork signé Thomas Ewerhard, dont les pinceaux et l’imagination ont orné bien des covers et autres affiches de festivals…
Des auspices fameux donc, des atouts soigneusement mis de côté, mais niveau musique, quel est le bilan de ce marionnettiste barbu qui semble manipuler des poupées assez inquiétantes et diaboliques ? Une sorte de comptine pour Père Noël Heavy saignant ses rennes une fois sa mission acquittée ? Un Geppetto transposé de l’univers de Collodi à celui plus sombre de JUDAS PRIEST ?
La seconde option semble la plus fiable, même si les BLACK SUN se revendiquent tout autant d’HELLOWEEN, STRYPER, HAMMERFALL, IRON MAIDEN, EDGUY, AVANTASIA, ACCEPT, HELL, MASTERPLAN ou FIREWIND, que de la bande à Rob Halford. Nous avons donc affaire à un LP qui déborde de riffs d’acier, de soli enflammés, et de lyrisme vocal assumé, mais qui évite avec intelligence les pièges à loup de l’emphase dramatique, et les axcès d’un Metal trop burné qui aurait laissé sa cervelle au placard à balai. En gros, nous dégustons chand des morceaux qui ne carburent pas piano, mais qui galopent à l’image probante de cet énergique et harmonique « Vain », entonné de concert avec Henning Basse, ex METALIUM et nouveau vocaliste de FIREWIND.
Mais là n’est pas le seul featuring de The Puppeteer, qui nous propose aussi une collaboration avec la belle Netta Dahlberg, (artiste finlandaise qui a travaillé avec des membres de STRATOVARIUS, WINTERSUN ou TRACEDAWN, et qui connait aussi une belle carrière solo nationale), pour les quelques minutes d’un « Let Me Be », aussi efficace qu’un mid tempo maousse partagé par Kai HANSEN et QUEENSRYCHE. Riff bien dru, dualité vocale enragée, pour un classique du Metal échauffé qui brise la glace et nous laisse enchantés.
Heavy donc, mais pas uniquement, puisque les quatre BLACK SUN (Chemel Neme – chant, Christopher Gruenberg – guitar, Santiago Salem – basse et Nicolás Estrada - batterie) savent aussi revendiquer une variété d’ambiances assez intéressante.
Ils le démontrent d’ailleurs avec une belle conviction sur le hit médium « Wasted Love », qui se rapproche avec délice d’un Hard-Rock mélodique à la GAMMA RAY des années les plus modérées, et qui nous distille un refrain hautement fédérateur à la ALTER BRIDGE/PRETTY MAIDS.
« Mind Control » évolue peu ou prou sur le même terrain, quoique d’un pas beaucoup plus lent et harmonieux, avec une cadence de basse à la Steve Harris tout à fait surprenante. On se reprend à penser au Metal estampillé 80’s, lorsque les cavalcades épiques marquaient du sceau rougi du lyrisme les œuvres d’ACCEPT, de MAIDEN ou même MANOWAR, tout en gardant cette touche abordable de la génération précédente. D’ailleurs, « Take The Ride » enfonce encore un peu plus le clou dans un registre SRATOVARIUS/HELLOWEEN hautement performant, pour une nouvelle bordée de chœurs collégiaux et de riffs plaqués avec brio.
Mais c’est décidément le gros Heavy qui colle au perfecto des équatoriens, et lorsque l’atmosphère s’alourdit, la voix puissante de Chemel Neme fait le job à merveille.
Ainsi, le contagieux « We Are One » suggère autant un rapprochement germanique avec WARLOCK qu’une poignée de main avec Kai Hansen, alors que le tressaillant « Shattered Illusions » n’a rien oublié des enseignements nordiques de STRATOVARIUS.
Guitares à la tierce, qui brodent des motifs simples mais précis, arrangements vocaux royaux, basse qui gronde et batterie qui fronde, c’est une jolie démonstration de force classique, qui parvient toujours à nous attirer dans ses filets par l’entremise de refrains accrocheurs. Certes, certains plans semblent émerger d’un rêve éveillé partagé par toutes les influences du groupe, réunies dans un même décor, mais l’énergie que développe le quatuor finit de dissiper les derniers grincements de dents suscités par ces emprunts un peu trop évidents.
Rien de bien original somme toute, mais une marge de progression tangible depuis leur second effort, Dance of Elders, qui lui-même occultait sans peine le premier LP, Tyrant From a Foreign Land publié en 2005 et qui cherchait encore ses marques stables.
La production de Timo Tolkki et Santtu Lehtiniemi, solide et moderne ne polit pas trop les aspérités d’un Metal qui se veut encore tranchant, malgré des inclinaisons de plus en plus évidentes vers un Hard-Rock mainstream susceptible d’ouvrir des portes encore plus grandes (« Rollin’).
Mais il est évident que les BLACK SUN en ont encore sous le coude, comme le suggère « The Puppeteer » de sa dualité couplet/refrain très marquée, qui ose briser un peu le carcan d’un plan trop bien dessiné et rodé.
The Puppeteer placera sans problème ce sympathique combo sur l’orbite Heavy d’exigences de rotation mondiales, tant sa rigueur nuancée de fraicheur fait plaisir à entendre, et confirme tout le bien que l’on pensait d’eux suite à Dance of Elders. Souhaitons-leur d’arpenter les scènes du monde entier en support de grands noms, ou sous leur propre bannière, puisqu’ils le méritent vraiment. Espérons juste que nous n’aurons pas à attendre six années supplémentaires pour entendre parler d’eux.
Titres de l'album:
Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)
01/05/2025, 23:51
Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"
01/05/2025, 22:41
Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)
01/05/2025, 21:22
Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)
01/05/2025, 19:06
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01/05/2025, 17:54
Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle
01/05/2025, 16:57
Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
29/04/2025, 08:26
Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.
29/04/2025, 02:27