The Purest Light

Vertex

17/01/2025

Le Cri Du Charbon

La colère a ceci d’incontrôlable qu’elle est impulsive. La rage quant à elle défie toute rationalisation pour exploser dans une gerbe de violence débridée. Mais au-delà de tout ça, que trouve-t-on ? L’océan derrière les vagues de DAUGHTERS ? Cette fameuse robe de cocktail de DILLINGER ESCAPE PLAN ? Le camion de glaces de CANDIRIA ? Mike Patton montant un projet ultrasecret avec les mecs de CONVERGE ? Ou bien, cet univers trouble et impénétrable que David Lynch nous promettait à chacune de ses réalisations ?

Non, au-delà de la colère, de la rage, on trouve le centre-ville lyonnais, ce que personne n’attendait vraiment. A priori, Lyon est une grosse ville assez calme, à peine agitée par le bruit des verres après minuit. Ou celui des répétitions de certains musiciens qui n’ont cure du niveau de décibels d’un tapage diurne. Et les locaux de VERTEX se carrent la loi bruitiste bien profonde, pour faire ce qu’ils savent faire de mieux :

Sublimer leurs influences pour devenir une référence.

Déjà largement repéré après avoir sorti un EP et quelques singles, ainsi que sur scène, en compagnie ou support de PSYKUP, MASS HYSTERIA, LOFOFORA, ou LOUDBLAST, VERTEX avance désormais en pleine lumière avec sa flashlight très puissante. The Purest Light est assez osé pour un disque aussi sombre, mais n’est-ce pas dans les ténèbres qu’on remarque le plus la lumière ?

Pour un premier album, l’œuvre se pose là. Presque une heure de chaos, pour une réactualisation des canons de DILLINGER sur le séminal Calculating. Mais une réactualisation mixée menue par les bons soins de MESHUGGAH, certainement très satisfait de cette précision mathématique qui tergiverse entre Mathcore et Math Metal. Le bilan est lourd, comme les riffs qui lacèrent les chairs, mais ces coupures mélodiques et bordéliques évoquent avec une acuité impressionnante la créativité de Fredrik Thordenal, une créativité post-Chaosphere, et mise en abime par un Ben Weinman encore intéressé par la lourdeur syncopée d’un Metal hautement répétitif et salement intuitif.

Un line-up (Kik Mastan - chant, Maxence Griffond - guitare, Pierre Rettien - batterie et porte-étendard d’HYPNO5E, Michaël Alberto Merone - basse), une ligne directrice, un projet artistique, mais surtout, une urgence. En tant que premier d’une lignée qu’on espère longue, The Purest Light impressionne durablement, et pas seulement parce qu’il est aussi intense que les deux derniers kilomètres d’un marathon couru à la vitesse d’un demi-fond. Il impressionne aussi par le choix de sa pochette, pour le moins abstraite, et œuvre de Farzaneh Hosseini, artiste Iranienne engagée contre le pouvoir en place, issue de sa série intitulée Open Boat. On se prend à interpréter cette figure qui semble s’accrocher pour ne pas sombrer, comme un auditeur pris au piège d’un album traquenard agressant les sens à chaque mesure comme si sa crédibilité en dépendait.

Pour être plus précis, je loue les qualités de cet album parce qu’il a le mérite d’aller jusqu’au bout de sa démarche. Pas de demi-mesure, pas de faux-fuyant, un exercice en rythmologie majeure, avec syncopes, mesures cassées, reprises musclées et riffs tassés. Tout au plus pourra-t-on se plaindre en toute discrétion du manque de variation des lignes de chant de Kik Mastan, totalement happé par la mystique hardcore, qui parvient même parfois à ressusciter la démence du chef d’œuvre Irony is a Dead Scene sur le monstrueux « Two ». Mis il n’est pas seul évidemment. Les autres donnent aussi de leur personne, et fusionnent leurs influences dans un réacteur en surchauffe.

Si certains disques sont habilement construits en crescendo, The Purest Light assume totalement sa linéarité rageuse. Peu décidés à sucrer les fraises, les lyonnais s’accordent tout au plus une intro plus posée et ambiancée (« Next Age »), pour mieux la démonter à coups de pied-de-biche et en faire un martyr de plus. On peut trouver ce systématisme cruel et assourdissant, mais ça n’empêche guère l’œuvre de montrer ses ambitions au grand jour. A l’image d’un DILLINGER désireux de quitter la scène sur une impression de too much, VERTEX se travesti en cyborg de l’extrême, totalement indépendant, et qui taille sa route en laissant quelques gueules bien amochées.

Et qu’on ne me dise pas que « Social Unborn » n’est pas le digne descendant de « Panasonic Youth ». Ça pourrait vraiment m’énerver.

Difficile d’encaisser ça juste après le petit déjeuner sans avoir des envies de rendre son estomac. Le punch est d’une violence rare, et le mix entre les mathématiques modernes de MESHUGGAH et l’inconscience physique de DEP assure d’une journée passée à panser ses plaies. Moi qui jusqu’à présent n’ai jamais eu la chance de voir le groupe dans des conditions live regrette ce manque, tant cet album sonne taillé pour la scène. La foule risque de se voir balancée de droite à gauche et d’avant en arrière à une vitesse intolérable (« Following Arrows », les flèches fusent et se croisent pour buter ce petit salopiaud de Cupidon qui n’a rien à faire là), comme lorsque NAPALM DEATH entame ses shows.

On tourne, on tourne, et si quelques points sont encore à améliorer, notamment sur la diversité et les pièges à loup plus nuancés, VERTEX est déjà un golem à la carrure effrayante. Un jeu de batterie lunaire qui renvoie le Metal à ses chères études Hardcore/Jazz, des riffs qui tapent les graves pour mieux taquiner les harmoniques et laisser les soli imiter Fredrik, et un mal de tête carabiné en mode hangover des tympans.

Hurlons tous ensemble, c’est la seule manifestation de haine qui nous reste. Et les raisons de haïr sont si nombreuses qu’on préfère en choisir une seule. Mais la bonne.             

                                                                           

Titres de l’album:

01. All My Hatred

02. War Is Peace

03. The Purest Light

04. Leviathan

05. Two

06. Next Age

07. Social Unborn

08. Following Arrows

09. Scalable

10. Tar


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par mortne2001 le 12/02/2025 à 17:37
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