Alors que – inutile de le cacher – l’évènement Thrash de cette fin d’année est l’annonce du prochain album de VOÏVOD début 2022, d’autres canadiens œuvrent plus modestement dans l’ombre, seuls face à leurs instruments et consoles d’enregistrement. Il est logique que Snake et sa bande occupent les gros titres, puisqu’ils furent les premiers avec CELTIC FROST à pousser le Thrash dans une autre dimension, moins linéaire, et perméable aux multivers musicaux. Leur influence, aussi importante soit-elle, n’a pas déclenché beaucoup de vocations tant leur musique a toujours été personnelle et impossible à reproduire via quelques modulations. Mais en tombant sur le premier album du concert national EXPIRED, je ne peux que penser que des albums comme Dimension Hatross ou Nothingface ne sont pas tombés dans les oreilles de durs de la feuille dans ce beau pays.
EXPIRED, comme beaucoup d’autres projets, est né de la frustration du confinement imposée par la COVID-19. Une frustration bien tangible, celle qui vous obligeait à rester entre quatre murs à ronger votre frein, et à vous empêcher de vous projeter vers un avenir scénique des plus flous. Mais cette période funeste – qui connaîtra sans doute une suite que l’on sent imminente – a aussi abouti à des créations plus personnelles, comme celle que propose Shane Mazerolle.
Omnipotent et multi-instrumentiste, Shane a imaginé à quoi ressemblerait le monde de demain, vu au travers du prisme du pessimisme. Il a donc créé son propre univers, et son propre cheminement apocalyptique, pour développer un art musical très personnel et…pour le moins étrange. D’ailleurs, les sites recensant ses travaux parlent de lui comme d’un chantre du Thrash expérimental : ce qui n’est pas si éloigné de la vérité que ça. Car la musique de Shane est étrange, en convergence, née de multiples influences qui aboutissent à un flou artistique assez intéressant. S’il est certain que le Thrash le plus diffus des années 80 est profondément enraciné dans sa culture, Shane ne s’arrête pas à des considérations old-school, trop étriquées pour lui, et explore, tente le coup de la déviation VOÏVOD assez habile parfois, malgré un son rachitique qui oblige à tendre l’oreille pour en apprécier les détails.
Le parrainage du monstre canadien est d’ailleurs palpable et évident dès la première composition de ce The Reaper's Line. « Through Hell and Back », son chant roublard, sa production brumeuse et ses riffs dissonants évoque évidemment le VOÏVOD de la fin des années 80, lorsque Piggy commençait méchamment à expérimenter avec le Post-Rock, osant des parties discordantes à la PIL, pour donner naissance au Sci-fi-Thrash. Mais cataloguer immédiatement EXPIRED comme simple clone de VOÏVOD serait injuste, et surtout, inexact. Car pour le moment, malgré sa bonne volonté et ses capacités, Shane n’a pas encore les armes pour lutter contre la créature de l’hyperespace.
On se prend alors à penser à un cousin éloigné, ou à un petit frère caché, faisant ses premières armes professionnelles dans l’ombre de son aîné. La lancinance, le parti-pris vocal très éloigné des grognements habituels du genre, les plans très éloignés de la franchise globale du style, et cette volonté planante qui le confine à une traduction brutale des canons du FLOYD le plus planant (« Caress of Darkness ») font que ce premier album est assez décalé dans son époque, les quelques arrangements synthétiques rappelant même une version plus moderne et moins psyché des magiques et défoncés HAWKWIND.
Dès lors, le travail du canadien apparait plus personnel, encore largement perfectible, mais frais dans une époque rongée par le formalisme old-school épuisant et suffocant. Si certaines compositions sont encore un peu faibles, l’ambiance générale, l’envie d’autre chose qu’une resucée des succès eighties, et cette curiosité permanente transforment donc ce premier album en découverte plus que sympathique, qui peut laisser présager d’un avenir en univers parallèle.
On aime par exemple les nuances presque gothiques de « Horizon », le décalage très habile de « Nightfall » qui cette fois-ci ne fait pas grand mystère des accointances avec les mondes dessinés par Away, et plus généralement, cette sensation d’univers qui s’ouvre devant nos yeux, et qui révèle des contours mystérieux, qu’on ne demande qu’à explorer dans de meilleures conditions la prochaine fois.
Beau premier jet, belle dérive dans l’espace-temps, pour des influences encore trop présentes, et quelques erreurs de jeunesse dans la complaisance. Mais l’envie est là, et le potentiel aussi. Alors, qui sait…
Titres de l’album:
01. Through Hell and Back
02. The Reaper's Line
03. Imperfections
04. Roadblock
05. Caress of Darkness
06. Horizon
07. Ignition
08. Nightfall
09. Daybreak
Ah oui, on sent bien l'influ Voïvod sur certaines compos et c'est loin d'être désagréable.
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