GROZA est un groupe allemand, formé de musiciens totalement anonymes. Pas de noms, pas d’image, impossible de savoir d’où ils sortent ni ce qu’ils veulent. Mais là n’est pas le plus grand mystère à propos du groupe. Pour toucher du doigt l’énigme la plus absolue à leur égard, il faut aller consulter leur entrée sur le site référentiel The Metal Archives, en s’intéressant de près à leur premier album, Unified in Void, sorti en 2018. Sorti du contexte, ce premier chapitre diabolique était écrit d’une main ferme et versatile, et empilait les lignes Black Metal comme Baudelaire les rimes pour ses poèmes. Un album tout à fait digne d’intérêt, pas transcendant pour autant, mais faisant preuve d’une vraie dualité brutalité/harmonie. Pourtant, ce premier album qui aurait pu passer inaperçu ou au moins séduire une partie de la frange la plus tolérante du BM underground a été massacré par les critiques publiques, récoltant un sidérant 0% en trois chroniques. Dès lors, et une fois l’album écouté et apprécié ou non, l’unique question émerge : pourquoi cette haine viscérale ? Tout simplement parce que les puristes avaient condamné le groupe dès le départ, le reléguant à une copie carbone d’un autre groupe détesté et décrié par les true.
MGLA.
Je le concède, à l’époque, trois ans avant cette chronique, les allemands de GROZA ressemblaient énormément à MGLA, et tout le monde sait que MGLA est le groupe qu’on aime haïr dans les cercles fermés pour sa grandiloquence, et, osons-le terme, sa façon de banaliser la violence pour la rendre plus consensuelle. Alors pensez donc, un autre groupe s’amusant à copier avec bonheur un bouc émissaire ne pouvait s’attirer les bonnes grâces de la plèbe, et c’est telle une armée revancharde que les opposants sont tombés sur ce quatuor allemand qui dépassait les bornes déjà dépassées par leur modèle honni.
Trois ans plus tard, et cette histoire plus ou moins enterrée, GROZA revient, avec un second album ambitieux, qui s’éloigne plus ou moins des influences de départ. Si l’empreinte de MGLA est toujours là, elle s’enfonce dans le sol et devient moins perceptible. Les quatre allemands de Bavière ont donc légèrement dévié de leur trajectoire, mais n’en ont pas pour autant trafiqué leur ADN. The Redemptive End repose donc sur la même stratégie que Unified in Void, opposant la lumière des mélodies aux ténèbres de la brutalité, avec une précision chirurgicale à rendre fou un légiste fan de CARCASS. Enrobé dans une production exemplaire, permettant même de ressentir la basse dans son échine, ce second épitre maléfique développe des trésors de séduction pour s’attirer les grâces de détracteurs qui seront bien obligés de se rendre à l’évidence : GROZA possède désormais une identité propre, encore légèrement ombragé par leur admiration, mais prometteuse d’un avenir sombre et déliquescent.
Entre délicatesse et destruction de masse, The Redemptive End propose un superbe diptyque d’intro qui pose les jalons, et résume les intentions. « Sunken In Styx », entre mélodies Post et bestialité blasts, accroche l’oreille, et donne méchamment envie d’en savoir plus. Le chant rauque et assuré rétablit l’équilibre en tassant les harmonies subtiles, avant évidemment que le groupe ne cède à ses instincts les plus primaux, poussant la rythmique dans ses derniers retranchements à la MARDUK de Heaven Shall Burn pour bien nous assurer de sa fidélité envers la tradition du nord. Dans les faits, GROZA n’a jamais caché qu’il ne se sentait pas à l’aise sur la scène BM nationale, très âpre, industrielle, lourde et belliqueuse. Ses références se situeraient plus volontiers en Scandinavie, avec une attitude que le DISSECTION de la belle légende prônait avec emphase. Ainsi, « The Redemptive End », superbe suite de plus de huit minutes synthétise le meilleur de l’avant et du maintenant, et nous offre une performance collective hallucinante de cohésion. Avec quelques transitions mélodiques héritées du Post ou du Blackgaze, le groupe aère sa haine et construit ses progressions, nous emmenant aux limites du BM moderne qui respecte la tradition.
Concrètement, ce second album publié par la compagnie nationale AOP Records regorge d’idées, fourmille de plans fascinants, et propose un BM entre deux eaux, mais plus proche de la lave que de la rivière au clapotis apaisant. Avec une fin d’album en trois parties dépassant les vingt-cinq minutes, et des évolutions de plus en plus ambitieuses, il prend des airs de descente dans les abysses des traumas modernes, et des obsessions malfaisantes. Ainsi, la lancinance de « Nil » retrouve l’impulsion originelle des groupes les plus cités dans les encyclopédies noires, mais aussi le malaise CELTIC FROST par moments.
Pluriel, le groupe évitera donc cette fois-ci les comparaisons embarrassantes permettant aux juges de crédibilité de les enterrer vivants. Avec cette constante juxtaposition de sophistication mélodique et de crudité rythmique, GROZA développe une œuvre aux contours fascinants, et à la progression envoutante. Certes, les recettes sont d’usage, les plans connus, mais la façon de les assembler est terriblement personnelle, entre DSBM pas totalement décomplexé de la lame de rasoir et BM traditionnel et brutal nuancé de romantisme morbide.
« Homewards » en final, donne des indices sur les capacités. Epilogue aux proportions dantesques, il est le point final dont cet album avait besoin pour faire taire les hyènes. Avec un riff d’entame simplissime et quelques coups de cymbales sentencieux, des samples de voix enterrés dans le mix, il lâche une intro majestueuse, avant de reprendre le travail de sape et replacer au centre des débats ces patterns si catchy qui rendent la musique si attachante et presque groove.
De là, deux questions restent en suspens. Les détracteurs parviendront-ils à passer l’éponge et à considérer GROZA comme un véritable groupe et non une vulgaire photocopieuse laser, et pourquoi MGLA est-il un combo si haï ?
Titres de l’album:
01. Sunken In Styx – Part I : Submersion
02. Sunken In Styx – Part II : Descent
03. Elegance Of Irony
04. The Redemptive End
05. Nil
06. Homewards
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