J’ai déjà eu affaire à cette grosse bête velue. Je l’ai traquée dans le Derbyshire en Angleterre en 2017, lorsque ses premières traces furent remarquées dans la campagne anglaise. Des vergers dévastés, des boîtes aux lettres arrachées, des prospectus mâchés, des réserves de bière pillées, et de gigantesques excréments lâchés dans les jardins. Son premier cri, il y a trois ans avait effrayé la population de Chesterfield, et les locaux semblaient dépassés par les évènements. Ils avaient donc fait appel à votre serviteur, spécialiste de la traque des immondes bestioles crossover pour la capturer et l’identifier, et c’est sans peine que j’étais parvenu à acculer la bête jusque dans son local de répétition. Cette bête à cinq têtes (guitares: Bruce Lightning et Stanley Knife, basse: Carlos Fandango, batterie: Clive Bonecrusher, chant: Nigel Condor) se présentait sous son propre nom de THRASHSQUATCH!, sorte d’hybride entre Bigfoot et le Crossover américain. Et c’est un peu inquiet que je constatais que trois ans de silence me séparaient de sa première capture, me demandant ce que la créature velue nous préparait comme coup fourré. Il faut dire que sa première sortie était plutôt courte, et uniquement destinée à se faire un nom dans le bestiaire des créatures les plus néfastes de la perfide Albion. Et alors que nous étions en droit d’attendre un trip hors de sa tanière de plus longue durée, le monstre se dévoile encore une fois en une attaque éclair, uniquement destinée à se rappeler à notre bon souvenir.
D’ailleurs, avec The Return of the Living Shred, THRASHSQUATCH! n’a pas pris le moindre risque en ne s’aventurant à l’extérieur qu’un petit quart d’heure, en reprenant le même cheminement que sa première fugue. On retrouve donc les pas dans l’herbe, les branches cassées, les mines déconfites des passants, mais rien de plus effrayant que sa première exaction. Toujours adepte d’un Thrash de destruction modérée, l’hydre à cinq têtes ne dévie pas de sa ligne de conduite et refuse d’accélérer le pas, restant dans une moyenne de marche en mid tempo agrémentée de pas plus lourds. Aucune émotion nouvelle donc, pas de nouveau plan pour la prendre dans mes filets, visiblement, la bête na pas appris de sa première capture, et recycle ses méthodes de chasse sans se demander si elles sont vraiment les plus efficaces.
Enregistré dans les bois et masterisé par Jim Pinder, décoré par Seeming Watcher (superbement d’ailleurs, avec un sein en cadeau gratuit), The Return of the Living Shred ne fait aucunement avancer les choses, et n’héritera pas d’entrée majeure sur les sites de chasse au monstre sacré. Le Crossover des anglais est toujours enthousiaste, constellé de samples rigolos, mais reste dans une moyenne de brutalité un peu gênante, comme si les musiciens avaient peur d’aller un peu trop loin. On regrette encore que l’énergie débridée ne se soit pas fait une place, et que l’ambiance soit plus gentiment Punk que violemment Thrash. Loin de la folie des voisins de GAMA BOMB et du délire organisé des TOXIC HOLOCAUST et autres MUNICIPAL WASTE, THRASHSQUATCH! reste fidèle à l’éthique anglaise en vogue à la fin des années 80, lorsque les SLAMMER et autres ACID REIGN marquaient mollement l’époque de leur philosophie un brin timorée. Non que le répertorie soit déplaisant, grâce à des breaks finement lâchés et agencés, mais on regrette clairement que la bestiole n’ait pas laissé parler son instinct plutôt que sa réflexion. Résultat, le cri est encore timide pour une horde aussi jeune, même si un morceau aussi diabolique que « Shreds Of Sanity » nous fédère de ses fluctuations et de son chant délicatement hâbleur.
Il faut dire qu’entamer son retour par « Human Compost », très mid et raisonnable n’était sans doute pas la meilleure façon de rétablir le contact et d’affoler la population du quartier. Archétype du morceau cool et skate, cette poignée de main n’est pas des plus fermes, et ne laisse même pas de poils sur la veste en jean. Trop hésitant, le groupe préfère se réfugier dans la cage d’un crossover sage et drôle plutôt que de péter les compteurs en jouant avec les limites de vitesse et d’intensité. Et lorsqu’on ne dispose que d’un petit quart d‘heure, il convient de ne pas en perdre une seconde pour s’imprimer dans les mémoires et les appareils auditifs. Alors certes, « Head Transplant » accélère un peu la cadence, mais seulement sur moins d’une minute, et après un sample interminable. Les titres sont désespérément similaires, et toujours bloqués sur ce tempo trop classique, ce qui rend les griffes du fauve un peu émoussées.
Sympathique, mais loin d’être inoubliable, cette nouvelle traque se termine de la même façon que la première, avec un quartier se sentant un peu stupide d’avoir été effrayé par un faux Yeti à peine plus dangereux qu’un Yorkshire contrarié. La prochaine fois les gars, n’hésitez pas à montrer les dents et à baver un peu.
Titres de l’album:
1. Human Compost
2. Head Transplant
3. Destroyer Of Worlds
4. Hostile Force
5. Shreds Of Sanity
6. Skeleton Men
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21/11/2024, 08:46
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