On connaissait tous le RAZOR canadien, celui qui coupait plus près et plus net qu’un paquet de Gilette, mais on connaît aussi depuis quelques années le RED RAZOR brésilien, celui qui coupe autant mais qui laisse les oreilles en sang. Il faut dire que sa lame, aussi affûtée soit-elle n’est pas des plus tendres pour les tympans, puisque la marque lusophone prône une attaque de l’âme plutôt violente…Fondé en 2011, ce quatuor (Fabrício Valle - guitare/chant, Daniel Rosick - guitare, Gustavo Kretzer - basse et Igor Thiesen - batterie) n’est pas vraiment du genre à cacher ses affinités, et avec un premier long au baptême aussi franc que Beer Revolution, il était inutile de s’attendre à des aventures progressivo-intellectuelles, mais bien à une simplicité Thrash très en vogue dans le pays depuis les années 80. Il est de notoriété publique que le Thrash bestial est l’apanage du Brésil depuis longtemps, mais les groupes nationaux s’inscrivant dans la mouvance nostalgique semblent lui préférer l’approche européenne, moins brutale, mais plus lapidaire et précise. D’ailleurs, les originaires de Florianópolis se dégagent de leur héritage encombrant en citant quelques références, dont les principales sont BLACK SABBATH, THE CLASH, POSSESSED, EXODUS, KREATOR, DISCHARGE, CRASS, DEATH, ENTOMBED, BAD BRAINS, ou les RATOS DE PORÃO. De l’éclectisme dans la violence donc, et un bel équilibre entre tradition Metal, purisme Thrash et ouverture Hardcore, pour une musique plus plurielle qu’il ne pourrait y paraître au vu du lettrage et du graphisme de la pochette. Une inclinaison crossover donc, qui rapproche nos amis du jour de leurs aînés de RATOS DE PORAO, et pas mal de similitudes, notamment dans le traitement des rythmiques et des chœurs, qui s’inscrivent en porte-à-faux entre la franchise allemande et la fantaisie d’Amérique du Sud, pour un trip pas si anodin et linéaire qu’il n’en a l’air.
Avouons derechef que le quatuor sait s’y prendre pour multiplier les ambiances et instaurer une atmosphère de brutalité et de liesse. Incapables de choisir entre le sérieux d’un Thrash millimétré et la légèreté d’un Hardcore débridé, entre la rigolade cruelle d’un SOD et la fulgurance Thrashcore d’un ASSASSIN, les membres de RED RAZOR choisissent donc de ne pas choisir leur camp, et de truffer leur Thrash d’interventions plus ludiques, un peu comme si les EXCEL, EXODUS, MOD et SEPULTURA s’unissaient sous la même bannière de la véhémence et du fun. Tout est d’ailleurs très clair dès l’entame « The Revolution Continues », qui expose tous les rudes arguments des brésiliens, et qui s’amuse beaucoup de ses changements de tempo et d’humeur. Entre des couplets qui empestent la Bay-Area et des refrains qui s’accordent plus de la région de Rio ou Belo Horizonte, des chœurs assez festifs et des riffs qui massent les tifs en version mastiff, des soli qui vont à l’essentiel, et l’organe assez rauque d’un leader de tête, le résultat est plutôt convaincant, en version longue comme en version courte. Ce qui est d’ailleurs remarquable, c’est le nombre de plans que les quatre sont capables de caser en un laps de temps très court, puisque le tempétueux « Brewtal Mosh » au nom si évocateur nous fait tourner en bourrique, accélère, vitupère, tempère, avant de repartir de plus belle, laissant les guitares faire ce que bon leur semble à notre plus grande joie. Ouvert mais organisé, le groupe ne se laisse jamais dépasser par son appétit, même si un morceau aussi fédérateur que « Born in South America » pourrait laisser penser le contraire.
Ce titre est d’ailleurs l’occasion de découvrir le groupe sous son meilleur jour, avec cette accumulation d’idées parfaitement imbriquées, et ce mid tempo rageur qui rampe sous une basse en traquenard, aussi claquante que celle de Frank Bello. Un peu de BIOHAZARD dans le traitement vocal et la colère, un peu de NUCLEAR ASSAULT, la folie des IRON REAGAN et MUNICIPAL WASTE, mais le sérieux rythmique des cadors du Thrash US des années 90, et le tableau brossé est impeccable, sauvage ce qu’il faut, mais sans souiller la toile du solfège. Les intermèdes plus courts ne sont pas moins brillants, entre « Violent Times », qui s’amuse beaucoup à mixer VIO-LENCE avec l’efficacité Mosh du « Toxic Waltz » d’EXODUS, sous la haute surveillance de SOD, « Sour Power », aussi Hardcore et Thrash qu’un souvenir partagé entre Billy Milano et Dan Lilker, et « For Those About to Thrash » avec son gros clin d’œil à AC/DC qui dégénère vite en hommage à DC et la scène Thrash/Hardcore locale, les assoiffés de chaos organisé auront de quoi danser, slammer et slam diver, pour leur plus grand plaisir déchaîné. Instrumentistes plus que compétents, et compositeurs de talent, les RED RAZOR revisitent donc la culture de leur pays et de celles de ceux qui ont vu naitre les styles qu’ils affectionnent, mais donnent aussi un coup de chaud à cette vague nostalgique qui ne cherche pas toujours à voir plus loin que le bout de son Reign in Blood. The Revolution Continues, sans être la révolution annoncée est quand même une bonne gueulante contre la normalité facile et tacite, et agite le bocal old-school pour décrocher le cocotier. Good friendly violent fun comme disaient nos bons vieux EXODUS, et une petite demi-heure en compagnie de furieux qui n’ont pas oublié de riffer avant de gueuler.
Titres de l’album :
1.The Revolution Continues
2.For Those About to Thrash
3.Violent Times
4.Born in South America
5.R.I.P. Democracy
6.Sour Power
7.Brewtal Mosh
8.The Sadist
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