Vous ai-je déjà dit à quel point j’affectionnais les traductions Google ? Oui je crois, mais qu’à cela ne tienne, je vous donne un autre exemple ce matin. Alors que je cherchais quelques menues informations sur le premier LP des IRON BORIS, je suis tombé sur le dernier paragraphe de cette review express, dénichée sur un site local.
«Alors que The Road To Valholl pas encore la conscience de ce coup, l'ensemble joue un énergique et viril. La hittikamaahan réelle ce n'est pas, mais parfois oui très accrocheur, légèrement hulluakin, et, bien sûr, accompagné d'une petite étincelle dans les sourcils aussi »
Et après avoir écouté les neuf morceaux de ce premier jet, je dois admettre que je suis d’accord sur deux points. D’une, il est certain que « La hittikamaahan réelle ce n'est pas », et de deux, je ne peux nier le fait que ce LP est légèrement hulluakin.
Vous savez tous de quoi je veux parler, et je pourrais presque m’arrêter là tant ces mots décrivent à merveille The Road To Valhöll. Mais…
Mais comme je suis un indécrottable bavard, il me vient quand même l’envie d’ne dire plus. Alors glosons, puisque le plus important a déjà été énoncé. Et que mes sourcils étincellent dans l’obscurité.
Les IRON BORIS ne sont pas les cousins éloignés et attardés des IRON MAIDEN, mais bien un quintette Finlandais nous venant d’Helsinki. On retrouve dans ses rangs Asmo Palteisto, Mikko Sulonen, Otto Ruokolainen, Ilari Kivelä et Topi Ruokolainen, qui ont déjà gravé quelques œuvres pour la postérité, dont un split single avec PIGEON HUNT et un EP au format 7’’ éponyme.
Ce The Road To Valhöll est donc leur première épreuve longue durée, et admettons qu’ils l’ont presque remportée haut la main.
Le style de ces iconoclastes du froid est assez étrange en soit, et se complait dans la multitude. Pas mal de Hardcore, beaucoup de Black, une pincée de Stoner, quelques poussières de Sludge, le tout joué avec l’énergie d’un Hard Rock N’Roll débridé au possible.
Tout ceci est hautement étrange mais concrètement viable, et l’énergie de tous les diables dont font preuve les Finlandais est patente au travers de tous les morceaux de ce LP introductif.
Production assez wide, son un peu abrasif sur les bords, distorsion délicieusement vintage, IRON BORIS n’en est pas pour autant un ensemble capitalisant sur un passéisme outrancier, mais bien un groupe à l’aise dans ses vieilles baskets qui mélange les genres avec un brio indéniable. Un peu de DOWN, un peu d’IMPALED NAZARENE, une grosse louche de DARKTHRONE, et quelques allusions à la scène D-beat/Crust locale pour faire bonne figure. Si vous les écoutez, il s’agit là de leur meilleur boulot, auquel ils accordent un bon B+, et qu’ils définissent comme un gros Heavy Rock satanique, ce qui n’est pas si loin de la vérité que ça. Ce qui est certain, c’est qu’ils s’éclatent à jouer une musique extrême qui bouffe à tous les râteliers pour pouvoir se goinfrer d’une botte de foin parfaite.
Cette botte de foin contient plusieurs aiguilles, qu’ils aiment savoir plantées dans votre gosier Metal, mais autant dire que malgré les piqûres, on l’avale goulument.
Que les gus se la jouent gros Stoner à tendance Doom de la mort sur « You Are The Wizard », aux doux relents SABBATH/DOWN, agrémenté de cris de goret Black et de soli un peu feignasses sur les bords, ou bien qu’ils mélangent le Crustcore avec le Heavy tordu et aliéné mental avec l’intermède bruitiste déconstruit « Ropes Through Ashes », ils le font avec la même aisance et le même brio. Ils sont éclectiques, un peu barges sur les bords, mais savent proposer des rythmiques bancales qui soutiennent d’énormes riffs qui imposent leurs saccades diaboliques.
Outre tous ces exemples assez hétéroclites, les IRON BORIS ne rechignent pas non plus à pratiquer un Heavy maladif qui profite de riffs sombres pour tomber dans l’occulte paillard, et proposent avec « Godspeed (Slow Death) » un nouveau prototype de Hard Stoner terriblement accrocheur qui rappelle les meilleurs moments du ENTOMBED A.D, l’humour et l’originalité en plus.
Il est difficile de se raccrocher à un wagon dans leur cas, puisqu’ils passent du restaurant aux bagages sans avoir composté leur billet à la borne de la cohérence, mais cette délicieuse versatilité en fait l’un des combos les plus surprenants du moment, et surtout, l’un des plus attachants.
C’est original mais cohérent, et ça donne salement mal à la tête de temps à autres, lorsque les alternances sont vraiment marquées.
Pour exemple, le terrifiant « The Ghost Of Reciprocity » au feeling mi Black, mi Doom, qui se traîne le long d’une litanie biscornue avant de nous les clouer par de fulgurantes accélérations qui mettent la pression et appuient sur les tempes. Dans ces moments-là, les Finlandais font feu de tout bois sur le bûcher de la banalité, et trempent leurs pieds dans l’acide d’une mer d’indécision, qui pourtant se traverse sans encombre.
Death’N’Roll’Stoner ? Vintage Occult Neo Heavy ? Black N’Groove ? Les qualificatifs me viennent à l’esprit, mais aucun ne me satisfait. Il faudrait en fait les amalgamer, ou complètement les occulter pour pouvoir cibler les IRON BORIS, qui prennent un malin plaisir à brouiller l’écoute et à brouter les c….
Et le petit jeu dure de l’intro tonitruante « Penance », plus Black N’Core progressif que nature avec ses nappes de clavier étranges, jusqu’à l’épilogue glauque «Acidbaked », qui plonge un étrange Heavy Black dans un bain d’Acid occulte, et qui multiplie les contretemps et changements de rythme tout en gardant la même intensité Metal.
En gros, voici quelques ingrédients pour mieux comprendre la recette. Chant vociféré comme un diable qu’on a aspergé d’eau purifiée, guitares qui tâtent de tout ce qui passe à leur portée et qui peut altérer leurs sonorités, rythmique polyvalente capable de tout envoyer bouler ou de soutenir le bousier, ce sont donc les bases d’un quintette qui prend plaisir à les saper pour qu’on ne puisse pas le situer.
Alors après, les références allusions, comparaisons, ils n’en ont cure, et ils ont raison. Bref. Rappelons que ce LP est distribué par leur propre structure We Are The Trail Records, dispo en vinyle à trois cents exemplaires, mais aussi en version digitale sur leur Bandcamp.
Et vu la dose de folie engagée, un conseil, qui est leur d’ailleurs. Faites venir des potes à la maison, sortez les pizzas et avouez leur votre allégeance à IRON BORIS. S’ils décident de rester, c’est que l’herbe était bonne.
C’est aussi une façon comme une autre d’être populaire sans l’être. Mais quelle éclate !
Titres de l'album:
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