A force d’assister impuissant à la déferlante de groupes puisant leur inspiration dans l’essence Thrash d’origine, on finit par croire que chaque nouvel album du cru n’est qu’une goutte parmi cette vague immense. Alors on traite en tant que tel, on oubliant bêtement de vérifier s’il n’y a pas anguille sous roche. Mais surtout, à se renseigner pour savoir si certains ensembles n’étaient justement pas déjà actifs au moment de la deuxième vague Thrash de 87/88.
Il est vrai que l’on pense surtout cette vague originaire des côtes des USA, ou des plaines Allemandes, mais pas forcément d’une île du soleil levant, les groupes étant plus que rares à avoir pratiqué un Thrash féroce à l’époque.
Et pourtant, il y en avait. Oh, certes, pas des masses, mais ils existaient bien. La preuve puisque l’un d’entre eux vient de sortir son cinquième album au mois de mars, sous la bannière fédératrice de Punishment 18 Records, des habitués de l’asile.
Alors non, les BEYOND DESCRIPTION ne se sont pas formés il y a trois ans pour nous faire croire qu’ils étaient déjà nés il y a trente ans, puisqu’ils l’étaient. Certes, nous ne sommes pas nombreux à le savoir, et avec une seconde d’inattention, j’aurais pu traiter ce The Robotized World comme le premier LP qu’il n’est pas. Cruelle erreur s’il en est, mais après tout, elle est humaine elle aussi.
BEYOND DESCRIPTION n’est donc pas né de la dernière pluie saccadée, et a plutôt vu le jour du côté de Tokyo aux alentours de 1988, et n’a pas perdu de temps pour sortir une pelletée de démos, de EP et de splits avant d’avoir la chance de graver sa première rondelle longue durée, Acts Of Sheer Madness en 2002, quatorze ans après ses débuts.
Belle preuve de foi et d’abnégation pour ces nippons qui n’ont jamais raccroché les gants crossover au clou, et grand bien leur en a pris, puisque les décennies semblent n’avoir aucune prise sur eux.
Pour ceux ayant connu leurs débuts, et ce Punk hardcore assez gauche qui ne leur permettait pas de se distinguer de la masse, l’évolution sera flagrante.
Pour les autres, comme moi et sans doute vous aussi, cette même différence entre leur premier LP et ce dernier né ne sera pas évidente à souligner, puisque le quatuor au seul membre originel persistant (le chanteur Hideyuki Okahara) s’abandonne depuis des lustres dans les bras d’un Thrash à fortes connotations Crossover, sans jamais changer son optique.
Mais pour quoi faire après tout ? Ils sont de véritables références dans le genre, et c’est aussi pour ça qu’on les aime tant. Et The Robotized World, avec sa splendide pochette signée Ed Repka, ne fait aucunement exception à la règle, et ressemble trait pour trait à son prédécesseur, an Elegy For Depletion, paru il y a déjà quatre ans.
On y retrouve ces rythmiques parfois chaloupées et groovy, parfois Thrashcore allumé et youpi, ces riffs Hardcore/Thrash de la mort qui ne semblent pas avoir mesuré l’évolution du style depuis les années 80, et ce chant typique et mordant qui plante ses crocs gentiment sans laisser de plaie. En gros, on tombe sur un album qui aurait pu, sans qu’on n’y trouve à redire, être enregistré il y a trente ans, par Alex Perialas ou Bill Metoyer, tant il s’enivre de sonorité franches et street à la NUCLEAR ASSAULT, D.R.I., EXCEL, ou pour jouer de comparaisons plus récentes, des MUNICIPAL WASTE ou autres IRON REAGAN, en version beaucoup plus soft et familiale.
Et si les pistes (douze pour vingt-sept minutes, pas le temps de traîner) jouent la légère alternance en passant d’un Thrashcore à la CRYPTIC à un Moshover (néologisme que j’aime beaucoup) fruité et balancé, en prenant soin d’éviter toute prise de risque, on se sent quand même à l’aise dans le monde des BEYOND DESCRIPTION qui nous ramènent dans le giron de notre adolescence, lorsque des rondelles comme Four Of A Kind, Corrupt Minds, Beast On My Back ou Convicted tournaient sur notre platine sans relâche.
Les qualités d’un tel disque sont aussi ses propres défauts. Si l’on est rarement déçu par un excellent LP de Crossover, on est aussi rarement surpris par ses choix, ce qui est une fois de plus le cas sur The Robotized World.
C’est un disque qui se veut aussi franc que tous ceux sortis avant lui, et qui étale de belles qualités rythmiques, et une jolie folie mesurée d’ensemble qui évoque un ballet aérien dans un skate-park un bel après-midi d’été. Malheureusement, a postériori, il est quasiment impossible de se remémorer un riff vraiment accrocheur ou un thème un tant soit peu novateur. De plus, le chant assez atonal de Hideyuki Okahara n’aide pas à transcender des idées somme toute assez conservatrices, puisqu’il en oublie en route de moduler ou de grogner un peu plus grizzly que la moyenne.
Les soli, parcimonieux et timides sont justes là comme ornements discrets, et les morceaux s’enchaînent, à bonne vitesse certes, mais en restant parfaitement interchangeables. Heureusement pour nous, le batteur Hiroshi Yoshioka tente parfois quelques acrobaties de caisse claire assez ludiques et rebondissant pour dynamiser un peu le tout (« Steerage »), mais en dehors de ces tentatives éparses, rien ne vient troubler la marche en avant crossover de ces vétérans qui capitalisent sur un savoir-faire très professionnel, qui manque justement d’un peu d’audace pré-pubère.
Mais comment en vouloir à un groupe qui existe depuis tant d’années et qui peut se targuer d’avoir fait partie des premiers ?
Impossible en effet, alors on accepte les circonstances atténuantes, et on apprécie un album qui toutefois, reste dans l’ombre des meilleures réalisations des MUNICIPAL WASTE, bien plus festifs et allumés.
Reste une pochette évidemment admirable, et quelques morceaux, qui sortis de leur contexte global sonnent comme de bonnes charges Thrashcore (« Triumph », « Target », le final épileptique de « Saucer »), ou d’autres, plus travaillés, qui nous rappellent les débuts purement Punk Hardcore du combo (« Journey », sorte de ANTI NOWHERE LEAGUE en plus propre).
Bilan mitigé donc, pour un disque qui s’apprécie pour ce qu’il est, mais qui laisse un peu sur sa faim. On en aurait espéré plus de la part d’un groupe ayant connu l’époque qu’il se complait à célébrer, mais qui finalement, ne parvient pas à éclipser quelques nouvelles gloires ayant émergé bien après sa naissance.
Dommage, puisque les mécanismes systématiques des BEYOND DESCRIPTION prouvent finalement, à l’image de leur pochette, que le monde parfois, est bien trop robotisé.
Titres de l'album:
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