Difficile d’être plus franc que ce premier longue-durée de NEMEDIAN CHRONICLES. Dès la vision de la pochette, l’univers se dessine, et les éléments se mettent en place. Et rien ne viendra entraver le bon déroulement des évènements, cette célébration d’un Power Metal larger than life, inspiré par la scène italienne et grecque, mais aussi par quelques preux chevaliers français comme NIGHTMARE. On savait les toulousains capables de grandes choses, en voici aujourd’hui la démonstration, et quelle démonstration. Un blockbuster bourré d’effets spéciaux, un hommage rendu à l’Heroic-fantasy, un salut de la main vers MANOWAR, et une bande-dessinée pour les oreilles aux héros torse-nu et aux pauvres créatures pourchassées par des démons.
On entre en The Savage Sword comme on rentre dans les ordres. Il n’est guère étonnant que les grecs de No Remorse se soient adjoint les services de nos sudistes, leur optique correspondant parfaitement à l’éthique True Metal du célèbre label hellène. Et dès les premières mesures de l’intro, très influencée par Ramin Djawadi, le monde change, les murs s’éloignent, la pièce devient le théâtre de batailles menées contre le mal, et le terrain de jeu de soldats de la foi qui maîtrisent l’art de la grandiloquence et celui de la mélodie qui tue.
Et Dieu, que c’est bon.
C’est pourtant un réfractaire à la cause Power Metal qui vous parle. N’étant que peu porté sur les dragons et autres elfes qui dansent la gigue à la pleine lune, je m’interrogeais sur la pertinence d’un éventuel laïus. Mais une fois emporté par ce tourbillon créatif, l’interrogation n’était plus de mise. Il était évident que le sextet méritait ses louanges, et le travail devenait alors si facile.
David Royer et Thomas Tesseidre (guitares), Guillaume Lefebvre (basse), Joris Blanchard (claviers), Alexandre Duffau (chant), et Guillaume Rodriguez (batterie, ex-ARSENIC, ex-MANIGANCE, ex-STONECAST (live), ex-TITAN (live), ex-MELTEM) entrent donc dans la cour des grands et défient les monarques. Quelque part entre la pugnacité d’un BLIND GUARDIAN et la musculature d’un RHAPSODY, The Savage Sword joue sur la force de persuasion des poncifs, et se joue des clichés, les transformant en qualités indéniables et indispensables pour agencer un album comme on écrit un roman épique.
Epique, le mot est lâché, et les chiens de l’enfer aussi. Avec des intitulés aussi clairs que « Born on a Battlefield », « Tower of the Elephant », « Monsterslayer » ou « The Song of Red Sonja », NEMEDIAN CHRONICLES nous invite aux agapes de Conan, l’armure étincelante et le courage en étendard. Et la formule fonctionne, parce que le groupe n’a pas fait les choses à moitié. Si le premier EP montrait des signes encourageants, rien ne nous préparait à ce déluge biblique, ni à la violence apocalyptique de « Venarium ». Le groupe a donc resserré les boulons, poli les chromes et bichonné l’acier, pour se montrer à la hauteur de ses influences.
Influences qu’il tutoie maintenant avec une belle morgue.
Il faut dire que la qualité rime avec la quantité. Avec pas moins de soixante-et-onze minutes au compteur, The Savage Sword est à prendre comme un cadeau de Saint Valentin un peu tardif, en témoignage d’amour d’un genre qui s’épanouit sous la lumière des grands espaces. En laissant sa fougue s’exprimer sans la brider, le groupe nous attaque sans relâche, tout en aménageant des espaces plus nuancés, une fois le trépidant « The Thing in the Crypt » encaissé.
Deux gros morceaux et d’autres coupés un peu plus fin, voilà le menu des baladins. Et ces gros morceaux justement nous permettent de dévoiler une autre figure de tutelle, celle d’IRON MAIDEN évidemment. D’ailleurs, « Tower of the Elephant » aurait sans conteste pu figurer sur Powerslave ou Piece of Mind, tant sa noblesse rappelle la passion de Steve Harris pour les longues comptines terrestres et marines. Truffé de breaks, de changements de cap, cette composition de près de neuf minutes justifie à elle-seule l’achat de cet album, tant la brillance de NEMEDIAN CHRONICLES nous éblouit comme des épées sous la lumière des étoiles.
De l’autre côté du spectre, et en pénultième position, « The Song of Red Sonja » use aussi d’effets bien sentis, d’harmonies chevaleresques, et de ce dramatisme de fond qui tend vers la chanson de geste. Les gestes sont d’ailleurs précis, et les coups de dague très ciblés, ce qui rend cette musique encore plus dangereuse qu’une passe d’HAMMERFALL. Basé sur un principe de rythmique puissante et de guitares volubiles et saccadées, The Savage Sword flirte parfois avec un Thrash Folk très inspiré, et surtout, très remonté.
Heureusement pour nous, quelques reflets un peu différents viennent déformer le miroir, lorsque le sang de JUDAS PRIEST coule dans les veines de « Tigress of the Black Coast ». Avec un batteur au rendement phénoménal et un vocaliste parfaitement en phase avec son sujet, l’album cumule les victoires, et plante son drapeau en terre impie.
Je vous sens dubitatifs quant à mon euphorie, ce que je peux comprendre si vous n’avez pas encore laissé cet album diffuser sa magie dans votre quotidien. Mais entre la hargne de rottweiler de « Black Lotus / The Curse of Thog », aussi mordu qu’ANNIHILATOR et aussi baveur qu’HELLOWEEN, et l’efficacité lourde de « Monsterslayer » qui taquine les abdos de MANOWAR et de l’écurie Heavy allemande des années 80/90, le bilan est lourd, les victimes nombreuses, et le chaos permanent.
Mais ce chaos est justement bien traité par ces musiciens déchaînés, qui s’ils refusent la moindre concession, n’en acceptent pas moins d’assumer leur part de sensibilité. « Road of the Kings » nous allonge donc en mode repos du guerrier, et panse ses plaies avec virilité, mais sans machisme. Une fois de plus, les superbes mélodies et le contrepoint aux claviers offert par Joris Blanchard peignent un tableau rouge sang, aux oranges prononcés pour rappeler les flammes de la cheminée.
NEMEDIAN CHRONICLES a réussi le tour de force de composer un classique dès son coup d’essai. Les fans de Power Metal du monde entier vont être conquis par cette verve métallique, et cette assurance Heavy. Il y a de quoi s’enthousiasmer pour des mois, et sincèrement, je doute que vous puissiez trouver mieux avant la fin de l’année.
Une chronique admirative pour des chroniques combatives.
Titres de l'album :
01. Nemedian Chronicles
02. Born on a Battlefield
03. Venarium
04. The Thing in the Crypt
05. Tower of the Elephant
06. Tigress of the Black Coast
07. The Savage Sword
08. Monsterslayer
09. Black Lotus / The Curse of Thog
10. Stygian Sons of Set
11. The Song of Red Sonja
12. Road of the Kings
Terrible.
Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !
Achat obligatoire
Commande faite direct au label.
Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.
Meilleure nouvelle de la semaine,
Merci pour la chronique en plus hyper favorable
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15