Leatherface l’avait lui-même inscrit comme devise sur sa chaîne à trancher les traînées. Et SODOM nous l’avait chanté, « The Saw Is The Law ». JACKYL s’en faisait une joie de soli accomplis, et EXHUMED s’est aussi beaucoup amusé à découper de gros tronçons Gore pour amuser les cantonniers. Alors c’est vous dire si dans le Metal, la tronçonneuse, on connaît. En Allemagne aussi, puisque les barges MORPHOSYS nous en proposent une nouvelle variante, en concept d’album, qui finalement, taille dans le gras aussi, pour tenter de nous présenter quelques côtelettes bien soignées. Bon, on ne va pas se mentir, aussi artisanale soit la boucherie familiale, on en connaît les rayons, et pas seulement parce que le groupe en décore les étals depuis 2002. Une première démo (Morphosys, 2004), un premier EP en langue de Goethe (Der Blutmond, 2006), et deux longue-durée, The Chopping Block en 2009 et A Face Of Leather (tiens donc…) en 2011, avant un long silence de six ans, sans doute pour aiguiser des couteaux émoussés. Les voici donc de retour avec The Saw Is Family, qui ne fera bizarrement pas tâche dans leur discographie, non parce qu’ils bossent proprement, mais parce qu’il reprend peu ou prou les mêmes techniques d’équarrissage que ses prédécesseurs. Alors, si vous aimez le bon gros Death à tendance Thrash saignant, un conseil, ne laissez pas passer l’occasion de venir les saluer.
Pochette ornée d’un outil chromé, à la lame chaînée bien huilée, pour une grosse demi-heure de brutal qui laisse les tendons saigner. Autant être franc, le quatuor (Chris Caravello - chant & tronçonneuse, Marko - guitare, Jazz – putain de basse et Alex – batterie), ne fait ni dans la dentelle, ni dans les crépinettes sur lit de brocolis, et ne se perd pas en conjectures pour nous refourguer ses riffs limites faisandés et ses grognements étouffés. Aucune originalité à attendre d’un groupe qui multiplie les références, celles déjà citées, mais aussi CANNIBAL CORPSE, DEBAUCHERY évidemment, et même MASSACRE, dont ils reprennent le « Corpse Grinder » en fin de parcours. De quoi se faire les dents et se coucher avec un taux de satiété satisfaisant ? Certes, les allemands ont bien chargé la sauce Death, qui prend, malgré des automatismes flagrants et une propension à aller toujours du même avant. Heureusement pour eux, quelques passages sympathiquement Heavy viennent faire la différence et alléger la pitance, de même qu’une patine Thrash barbare générale qui rend le tartare plus digeste. En dehors de ça, rien de notable à pointer du doigt coupé, si ce n’est un certain flair pour décocher des parties accrocheuses et timidement mélodiques.
Ça joue assez bien, très carré, les mecs connaissent leur boulot, mais au petit jeu du « qui joue quoi ? », la partie est vite gagnée, puisque les références ne sont même pas planquées. A vous de voir si vous serez capables de les repérer, mais je vous garantis que même en étant à moitié sourd, elles ne sont pas difficiles à dénicher.
Un certain sens du chaloupé rythmique apporte à l’ensemble une fraîcheur qui permet d’aérer la chambre froide, tout comme des vocaux, qui lorsqu’ils sont uniques ont tendance à se répéter, alors qu’ils assurent la pesée lorsqu’ils sont superposés. On imagine alors très bien une famille de tarés vous introduire à leur petite échoppe familiale planquée, alors que dans l’arrière-boutique, un vieux transistor fatigué résonne d’un tube Heavy/Thrash oublié (« Storm Of Blood », l’une des meilleures plâtrée).
Tout n’est pas dit dès le jeu de mot d’intro « Carniwar », qui pourtant ne ménage pas ses effets de bruitages motorisés, et c’est certainement ce qui apporte une plus-value à cet album somme toute assez prévisible. MORPHOSYS tente quand même quelques nuances dans la vitesse d’abattage, et atteint parfois des sommets de violence performante, comme le démontre « Memory Of The Insane », intelligemment accéléré, au pont rythmiquement désaxé, et aux arrangements vocaux possédés. Blasts, ambiance à la CANNIBAL CORPSE, on se laisse embringuer, et finalement, le déplacement n’est pas si déplaisant.
Nous avons même droit à des séquences purement Heavy, lourdes, emphatiques, et légèrement empruntées, mais qui permettent de saucer son plat sans rien gâcher (« Fleischelust »). Le title-track lui-même vaut le détour avec son Death à rebours, qui ne tente pas l’aller-retour et qui impose sa graisse dans la largeur, mais mangeable à toute heure (« The Saw is Family », classique, mais efficace comme un coup de trique).
En version longue, le quatuor sait imposer son point de vue pour nous laisser repus de blasts, de cris et de menace impromptues (« You Shall Bleed », le plus conventionnel du lot, mais belle démonstration de force sur le taureau), pour mieux nous surprendre l’instant suivant d’un dernier coup de machette Heavy qui vaut tripette (« Todesengel », groovy et moody).
La reprise de MASSACRE respecte l’original, et vaut presque celle de From Beyond, sauf qu’elle nous en épargne l’interminable intro, pour se concentrer sur la charge plombée de Kam Lee & co. Du beau boulot, scolaire et linéaire, mais qui permet de finir l’album sur une note joyeuse.
En gros, une bonne feuille bien meulée, pour un troisième album qui ne chamboulera pas le genre, mais qui y apportera sa petite et modeste contribution, tout en s’offrant quelques pistes Heavy’n’Thrash qui redorent un peu le blason. MORPHOSYS reste donc avec The Saw Is Family le petit groupe sympathique que l’on a toujours connu, qui sait vous rassasier, sans se faire passer pour une enseigne hautement respectée. Mais l’essentiel est d’en avoir pour son argent, et de rester entre bonnes gens aux goûts un peu déviants, comme Leatherface et sa bande d’allumés texans.
Et si la tronçonneuse fait partie de la famille, c’est qu’elle touche sa bille. Et qu’elle la coupe aussi un peu.
Titres de l'album:
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