Lorsque le terme « supergroupe » est employé dans un laïus promotionnel, j’ai souvent tendance à me méfier. Car bien souvent, l’opération ne donne pas le résultat escompté. Au lieu de multiplier les talents pour les transcender, elle ajoute souvent les egos, qui supportent mal cet amalgame. Le résultat est alors évident : des chansons sur lesquelles chacun tire la couverture à soi, pour un côté démonstratif insupportable et des crises autocentrées inexcusables. Mais dans le cas des italiens d’ICE SUCKERS, la problématique est autre. Présenté comme l’association de pointures, ce groupe recoupe en son sein des valeurs certes sûres de la scène italienne, mais qui restent inconnues pour le reste du monde. Désolé Wanikiya, mais je ne connais aucun de ces preux chevaliers, et encore moins ces orchestres dont ils font partie.
ICE SUCKERS est né du partenariat entre Mr. Jack (chant), CEO de Wanikiya Record, Steve Volta (basse/guitare), membre de PERPETUAL FIRE, Ivan D’Alia (guitare) axeman d’EVENFALL, et Luca Bonardi (batteur), également responsable de l’artwork de l’album. Un artwork évidemment centré sur la nostalgie d’années 80 qui refusent de trépasser. Certains d’entre vous connaissent sans doute ces mercenaires, ce qui n’est pas mon cas. J’ai donc abordé la critique de ce deuxième album l’esprit vierge, et la plume attentive. Ce qui en est ressorti est une sensation de fraîcheur qui m’a provisoirement éloigné de mes turpitudes négatives, en détournant mon attention des styles extrêmes pour me rapprocher du Hard Rock de mon adolescence.
Si ICE SUCKERS ne se contente pas de sucer les glaçons, il n’est en pas pour autant une référence de saison. Construit sur une base de Rock endiablé, ce deuxième album est concentré en énergie, focalisé sur un feeling festif qui ressemble à un samedi soir comme les autres, gorgé de riffs excitants et de refrains chantants. Produit à la louche pour ne pas perdre en énergie vitale, The Second Coming et son titre prévisible relance le débat sur l’importance du Sleaze et du Glam dans l’histoire de notre musique, même si les gimmicks les plus éculés sont évités avec un certain panache.
Le flair de la formation a été de laisser parler sa nature profonde, sans essayer de sonner comme « untel » ou de bouger comme « un autre untel ». On peut évidemment dégager quelques influences, mais le quatuor italien possède une âme sincère qui l’éloigne des parallèles trop évidents, même si l’ombre des fêtards eighties plane bas au-dessus du tracklisting.
Gorgé de feeling, avec ses quelques notes d’orgue Hammond, sa guitare soudainement romantique (« I Don’t Believe in You » au fumet seventies délicieux), et sa capacité à transcender le classicisme d’un coup de rein, The Second Coming est une fête en demi-teinte, entre exubérance et émotion, qui rappelle que le Hard Rock est une musique de grands sensibles qui hésitent souvent à dévoiler leur vraie nature.
Entre attaques directes et plans plus réfléchis, le quatuor s’en remet souvent à la stabilité d’un binaire en mid tempo, pour mieux exposer ses arguments, qui parfois rappellent des discours bien connus. Ainsi, « You Are Like My Cat », qui miaule au milieu de la nuit recycle l’humeur de « Kids in America » sur son couplet, alors que le plus tamisé et filtré « Sonny » accepte l’incrustation de motifs plus acoustiques pour raconter son histoire. Le timbre de voix de Mr. Jack, nasillard et proche d’un Taime Downe désabusé, colle assez bien à la peau de ces chansons sans artifices inutiles, qui donnent l’impression d’avoir été captées live pour ne pas perdre en naturel.
Les soli, solides sans être époustouflants se mettent eux aussi au service des chansons, le travail collectif primant toujours sur les individualités. « Sonny », sensible et traînant confirme un milieu d’album solide et « You Lost Your Chance » se place entre les STRUTS, les HELTER SKELTER et Mike MONROE. Du beau monde au petit jeu des références, et un disque qui s’il reste hautement perfectible, possède une humanité énorme qui déborde des sillons.
Disponible en CD et tape, histoire de rester en phase avec la mélancolie old-school, The Second Coming est la confirmation de la validité de ce projet, trois ans après un album éponyme déjà bien troussé. Des évidences, mais aussi une poignée de petites surprises, dont le très marin « The Sandland », généreux en bruitages venteux, et très intelligent en tant que fausse ballade iodée qui fait monter la goutte au nez.
Disque atypique, The Second Coming prend son temps pour infuser dans votre organisme, avant de le contaminer complètement à l’occasion du final « The Other Girl », nerveux en diable et californien jusqu’au dernier grain de sable. Revival du mouvement Sunset Strip, ICE SUCKERS est un cocktail frais et revigorant, aux fruits achetés au marché et à l’alcool bien dosé. Les plus pointilleux argueront d’un son un peu âpre pour la saison, mais les autres s’enthousiasmeront d’un allant qui jamais ne se dément.
Et puis après tout, sucer de la glace en hiver n’est pas un réflexe si incongru. A condition de ne pas rester la langue collée au poteau.
Titres de l’album:
01. Destroyer of Love
02. Lonely
03. I Can’t Live Without You
04. Drive Faster Than the Light
05. I Don’t Believe in You
06. You Are Like My Cat
07. Sonny
08. You Lost Your Chance
09. The Sandland
10. The Other Girl
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30