« Digging deep inside of me, getting past this agony, I can’t seem to get away, another day rotting in vain »
Les mauvaises langues, fans d’hier, admirateurs de Life is Peachy, les rockers, les rollers, les fans de Dub, les thrashers, les metalleux, les rageux, et ceux qui plus généralement passent leur temps à se plaindre et pointer du doigt en hurlant (doucement) :
« C’est bien fait, tout ça n’est qu’une fumisterie, je vous l’avais dit »
Mais tu nous avais dit quoi au juste ? Que KORN depuis des années errait en quête d’identité ? Que le groupe avait du mal à se remettre de ses mutations, qu’il se regardait de l’autre côté du miroir pour voir si Alice emprisonnait son reflet dans une petite boite ? Jonathan lui avait pourtant donné rendez-vous pour résoudre ses problèmes, elle avait répondu qu’il fallait juste qu’elle se rappelle qui elle était.
Et la question fut posée.
Qui était KORN ?
Les chantres d’un Néo Metal devenu Rap Metal, puis Disco Metal, Funky Metal et Dub Metal ? Non, juste un groupe de précurseurs qui ne le sont plus depuis longtemps, qui ont souvent accouché dans la douleur, et qui aujourd’hui, trouvent leur sérénité dans la souffrance. Et visiblement, cet équilibre leur est cher, et salvateur, puisque pour une fois, leur postulat mettra (presque) tout le monde d’accord.
Evacuons la question du retour au giron de Brian « Head » Welch, il est entériné depuis The Paradigm Shift, qui lui par contre avait encore divisé, comme une sale habitude qu’on reprend tous les…deux ou trois ans. Mais il fallait bien se chauffer un peu les doigts avant de les tremper de nouveau dans la poix et écrire de nouveaux hymnes à la joie.
La joie selon KORN aujourd’hui se conjugue avec l’atmosphère la plus délétère depuis disons…Untouchables. La joie selon KORN doit être Heavy puisque la puissance dégagée par ce douzième album studio est la plus soufflante depuis…Korn.
Sauf qu’ils n’ont jamais été aussi lourds, gras, énormes qu’ils le sont aujourd’hui. Issues, tiens…Cette pochette lui multiplie les appels du pied graphiques, semblera un peu cheap pour beaucoup, mais finalement, ce montage décrit bien dans quel état d’esprit vous allez retrouver le groupe en écoutant The Serenity Of Suffering. Old vs young, past vs future, on puise dans le patrimoine pour faire fructifier les rentes de l’avenir. Quel avenir ? On n’en sait rien, mais s’il ressemble aux pistes de ce douzième enfant, il risque d’être classique, tragique, et…effrayant parfois, ne le nions pas.
Alors, en dehors de tout ça, onze morceaux, treize sur la version deluxe dont je vous parle, mais le contenu…On connaît déjà les deux évidences les plus directes, sorties en single ET vidéo depuis des semaines, et il est possible de leur régler leur compte en quelques lignes.
« Insane », et son clip digne du The Awakening de Nick Murphy est un joli exercice de tradition, avec son énorme riff, son phrasé vocal typique et ses amorces de tempêtes sous contrôles de lick de guitares inventés sur Follow The Leader. Leader ? Oui, puisque seul dans sa catégorie…
« Rotting In Vain », confirme, et infirme. Jonathan nous avait promis que la liberté d’expérimenter sur ses envolées serait le leitmotiv de ses enregistrements, mais il s’est contenté de rester en zone de confort, adaptant juste la gravité de ses borborygmes à celles des huit-cordes. Ça fonctionne, ça percute, mais ça n’est rien de plus ni de moins qu’une adaptation de « Right Now » sur un canevas «Narcissistic Cannibal ». Alors oui, ça marche, parce que le passage central effleure le scat d’autrefois, celui qu’on trouvait sur Life Is Peachy, mais…rien n’avance vraiment. Heavy, mélodique, suffisamment énervé pour tromper, et finalement, on adhère, comme d’habitude.
Dernier détail qui en est vraiment un, ce fameux « duo » avec Corey. « A Different World » n’apporte rien au puzzle, et reste une pièce isolée, comme un bout de ciel qu’on réussit à ajouter à cause des feuilles qui indiquent sa place. Jolie friandise fondante, joli patchwork entre STONE SOUR et KORN, récréation distrayante, mais pas plus riche ou surprenante qu’un after eight délicatement posé sur la soucoupe de la tasse de café. Du sous Untouchables, pas forcément raté, mais pas non plus emballant.
Quid du reste, quid de la direction globale, quid de ce qui va faire revenir les anciens fans dans la bande, une bonne fois pour toutes ? Ceux qui se posaient les mêmes questions que Nick Raskulinecz au moment de rencontrer la bande dans leur fief de Bakersfield ?
« Les mecs, des trucs me manquent. Les guitares qui avancent et reculent, les gros riffs, le scat de Jon. Et puis où est passé la basse de Fieldy depuis ces dix dernières années ? Comment se fait-il que je ne puisse plus l’entendre ? Je suis fan et c’est ÇA que je veux entendre ».
Alors, il a tout fait pour que ça arrive.
Sur « Everything Falls Apart », qui présente le KORN le plus cohérent et mélodique depuis très longtemps. Sur « The Hating », qui après une intro faussement doucereuse balance la sauce la plus Heavy depuis Untouchables justement. Jon chante comme un ado, puis hurle comme un vieil homme en manque de morphine, avant qu’un des refrains les plus malins de leur carrière ne s’impose comme une évidence.
Cette putain de basse qui claque et frappe sur « Rotting In Vain », le producteur l’a imposée funky sur le bondissant « When You’re Not There », qui la aussi enfonce des harmonies amères dans le cœur de pierre d’un Néo Metal qui n’a jamais paru si enragé, même si l’électronique si chère à Jon domine encore un peu le match des arrangements.
La nostalgie de Raskulinecz va jusqu’à pousser le quintette à enregistrer un véritable leftover de Life Is Peachy/Follow The Leader, avec ce « Take Me » qui une fois de plus roule sur le parcours d’une carrière si riche et difficile à suivre que beaucoup ont préféré arrêter de le faire. Dommage.
Plus progressif ? D’une certaine façon oui, et c’est plus ou moins ce que confirme Munky.
« Avant, si un morceau sonnait cool, c’est tout ce qu’on demandait. Maintenant, on se pose la question de savoir où un morceau doit emmener l’auditeur. Doit-il se sentir triste, effrayé ? Sur quel chemin doit-on l’emmener ? Aujourd’hui, la composition pour nous est plus un art que cinq types qui se retrouvent dans la même pièce pour jammer »
Alors tout ça donne de petites surprises comme ce « Please Come For Me », funky, chaloupé mais Heavy, placé étrangement en fin de disque, ou presque selon la version de l’album. Car la version deluxe, étrangement là aussi, propose deux joyaux perdus pour la sortie « classique ». « Baby » est ses motifs circulaires, son refrain étonnant et chatoyant, sa construction en paliers, et ses parties parmi les plus épaisses qu’on a pu entendre depuis très longtemps sur un disque des mecs de Bakersfield.
Mais aussi « Calling me Too Soon », et ses pulsations cardiaques qui indiquent une fois de plus un électrocardiogramme irrégulier, dont les oscillations suivent les impulsions d’infra basse et les motifs de Head et Munky, pendant que Fieldy et Ray s’amusent à syncoper comme une attaque qui pourrait laisser sur le flanc, mais qui au contraire régénère. Vraiment bizarre d’avoir réservé ces deux morceaux pour une version allongée d’un album qui aurait pu se révéler être l’expresso le plus corsé de la carrière du groupe, une fois expurgé de quelques sucrettes pas vraiment indispensables, dont ce fameux duo avec le vengeur masqué de l’Iowa.
Le présent, le passé. Comment le jugent-ils d’ailleurs ?
« Il n’y avait aucune arrière-pensée. C’était juste de la colère pure ».
Nouveau chapitre, nouveaux fans chez les anciens, « nouvelle » direction qui n’en est pas une. Sursaut de fierté, maturation, même si les lyrics piochent une fois de plus dans le bestiaire horrifique de l’enfance décidemment étirable à l’infini de Jonathan, qui pour une fois depuis très longtemps, évacue ses traumas comme un grogneur de Death parlerait d’éviscérations.
La basse est enfin de retour, la transition est palpable, mais finalement, KORN délivre un de ses meilleurs et plus puissants albums en assumant…ses meilleurs et plus puissants albums, sans chercher à les reproduire.
Un, deux trois, nous irons à Bakersflied, mais pas dans les bois. Non, près de la falaise. Jouer à la marelle, poupée de chiffon à la main pour une partie de colin-maillard un peu dangereuse.
« I used to care, I used to try, but what’s the use, it always ends with goodbyes »
Facile, mais mon cher Jon, tout se termine souvent par des adieux. Alors sois heureux, puisque The Serenity Of Suffering te vaudra bien des bonjours, une fois que tes admirateurs auront compris que tu n’es heureux que lorsque tu souffres. Et plus tu souffres sereinement, plus ils sont heureux. Et pour une fois, ta souffrance est réelle, lourde, harmonieuse et délicieuse.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
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