Il semblerait qu’à mesure que l’apocalypse attendue se dessine de plus en plus, entre les coups de sang nationalistes de Donald T, les missiles Satan-2 de Poutine, les explosions interdites de Kim, et le flux de migrants fuyant les bombes ravageant leurs pays, sans parler des attentats signés Daesh ou l’EI, le pouvoir du serpent, figure ancestrale du pêché et de la chute morale se fasse une place de plus en plus importance dans l’actualité.
Et de facto, devienne un gage de qualité dangereux pour de nombreux groupes utilisant son iconographie. TESTAMENT en a orné la pochette et flanqué le titre de son dernier et excellent album, MARDUK en a fait de même avec son Serpent Sermon, et voilà donc CROWBAR fêtant son retour de la même façon, aussi tonitruante, et cherchant, quelque part dans ses origines, une façon d’avancer vers un futur de plus en plus incertain, mais indubitablement violent…
Outre cette remarque pas forcément anecdotique, ce The Serpent Only Lies pose de multiples questions. La plus importante étant celle-ci :
Est-ce qu’un groupe qui a défini les fondements et contours d’un style à lui tout seul est encore capable de se renouveler, de ne pas radoter sa lenteur et d’imposer une pachydermie stérile à une horde de fans dont la soif de lourdeur n’est jamais étanchée ?
La réponse est possible, mais ne va certainement pas plaire à tout le monde. Car visiblement, pour aller de l’avant, les créatifs sont parfois obligés de regarder en arrière. Très loin en arrière. Vers leurs propres origines, mais aussi vers celles qui les ont poussés à prendre les instruments pour développer une vision personnelle. C’est ce que Kirk Windstein déclare à mots non couverts…
« J’ai regardé en arrière, volontairement, et réécouté un paquet de vieux trucs de CROWBAR, comme l’album éponyme ou Broken Glass, pour savoir où j’en étais vingt ans plus tard. Je me suis aussi replongé dans les influences de mon groupe au départ, des trucs comme TROUBLE, SAINT VITUS, les MELVINS ou même le premier TYPE O NEGATIVE…C’était comme faire mes devoirs en quelque sorte… »
Avec une déclaration pareille en guise de justification pour ce onzième album studio, nous étions en droit d’attendre un pèlerinage sur les terres saintes des origines, et donc des échos d’Obedience Thru Suffering, de Crowbar ou de Time Heals Nothing, sans même parler d’embruns exhalant d’une mer de Doom à la TROUBLE, ce qui semblait peu probable au vu des efforts récents de la bande.
Qui plus est, The Serpent Only Lies célébrait le retour à la casa de Todd Strange, ce qui en soi était un signe plutôt rassurant sur les intentions originelles dévoilées par Kirk. Mais las, une fois de plus, l’enthousiasme promotionnel prit le pas sur la réalité, et même si certaines sonorités nous rapprochaient des origines, il faut avouer que ce onzième LP ressemble plus aux travaux récents de CROWBAR qu’à leurs jets de bile grasse initiaux…
« Certains morceaux ont moins de paroles pour laisser les riffs respirer, méthode que j’avais abandonnée depuis quelques années. Et ce retour à cette façon de procéder était purement volontaire. »
Alors oui, quelque part des réminiscences du passé se font sentir, par touches fugaces. Ces lourds riffs processionnels, ces longues litanies instrumentales lourdes et sourdes qu’on trouvait déjà aux origines du mal. Ce chant un peu en retrait, semblant souffrir des mots qu’il distille avec parcimonie.
Mais soyons réaliste, le malaise ambiant d’albums tétanisant comme Obedience Thru Suffering, le grain des guitares et le monochrome passé et trouble de la production font défaut, et The Serpent Only Lies se rapproche plutôt de l’œuvre charnière du groupe, celle des années 2000, celle d’Equilibrium ou de Sonic Excess, avec évidemment de fréquents clins d’œil à Sever The Wicked Hand ou le dernier LP paru il y a deux ans, Symmetry In Black.
On retombe parfois sur la poix dans laquelle se fondaient les riffs énormes du passé, de manière régulière dans la forme d’ailleurs, mais moins dans le fond. CROWBAR, après presque vingt ans d’existence sait maintenant via les désirs de son leader où se situe la bonne situation pour exploiter ses idées, et ne dévie que très rarement de cette zone dans laquelle il se sent bien.
Ce qui donne des itérations parfois irritantes, comme ces deux premiers morceaux qu’on penserait issus de la même globalité d’idées (« Falling While Rising » et « Plasmic And Pure »), mais là aussi, le style ne permettant que des mouvements d’ampleur minimale, il est difficile de juger…
De qualité, joué comme d’habitude avec les tripes, mais un peu trop « rassurant » dans l’exécution. Il faut alors se retourner vers les impulsions plus « nerveuses » ou au contraire vers les instants plus délicats et sensibles, comme la mélodie amère de « Song Of The Dunes », qui peut évoquer un DOWN apaisé ou un ALICE IN CHAINS qui tenterait le coup de la cover cachée de TROUBLE pour avoir son lot de surprise.
A contrario donc, un titre comme « I Am The Storm », qui pendant un peu moins de trois minutes cavale d’un tempo que n’aurait pas renié le EYEHATEGOD le plus énervé, celui de « Agitation! Propaganda! » apporte une bouffée d’air vicié un peu moins systématiquement oppressante qu’une simple succession de riffs lourds et pesants, qui finalement tombent souvent un peu à plat.
Soufflé qui retombe trop vite ?
Non, juste un plat que l’on a dégusté tant de fois avec plaisir qu’on en connaît les moindres nuances…
Mais le seul défaut de The Serpent Only Lies est justement d’être bon du début à la fin, mais…sans la fève à l’intérieur qui nous cassera les dents ou fera de nous – et d’eux – des rois. Juste un survol de carrière, pas si fouillé que ça d’ailleurs, et qui ne fait que frôler les origines, malgré les déclarations affirmées.
« On Holy Ground », après quelques harmonies passées sait trouver les changements de tempo idoines pour accompagner un riff nostalgique, et se place au premier plan, tandis que « As I Heal » retrouve les tics réguliers pour offrir un épilogue un peu plus noir que la moyenne, et ne se contente pas du pilote automatique Sludge qui permet à la majorité des pistes d’atterrir sans encombres.
« Si tu sors des albums de qualité, que tu continues de donner de bons concerts chaque soir, et que tu traites toujours tes fans avec respect, alors les gens se rappelleront de toi ».
C’est Kirk lui-même qui affirme ceci, et comment lui donner tort ? De ce point de vue honnête, The Serpent Only Lies respecte la parole d’un homme qui n’a jamais dévié de sa trajectoire et qui a toujours considéré ses fans comme des amis qu’il convient de traiter avec les honneurs.
D’où cette musique certes sans grands chamboulements, mais toujours aussi dense et troublante. Et n’est-ce pas plus important que des effets de manche à l’impact immédiat mais fugace ?
Le serpent ment, mais CROWBAR rétablit toujours la vérité.
Titres de l'album:
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