Seizième album pour MEGADETH, l’institution américaine, et le premier depuis six ans et Dystopia, en 2016, soit le plus long silence entre deux chapitres, comme une page banche qu’on peine à noircir. Il faut dire que l’histoire du groupe n’aura pas été de tout repos pendant cette période, entre contretemps, changement de personnel, scandales, prises de position et autres défenses nuisant quelques peu à la créativité. Mais une fois les pièces du puzzle mises en place, Dave Mustaine a pu rassembler ses esprits et faire appel à son sens de la composition accrocheuse pour nous pondre un digne successeur, ce The Sick, The Dying… And The Dead! qui de son titre nous ramène à la grande époque des Killing is my Business…And Business is Good, Peace Sells…But Who’s Buying et autre So Far, So Good…So What. Il est évidemment beaucoup trop tôt pour dire si ce nouvel effort se rangera de lui-même aux côtés de ces classiques, mais une voie royale semble lui être pavée par des fans déjà amplement satisfaits du résultat.
D’abord, accueillons à bord du navire Dirk Verbeuren, poulpe à tout faire au CV ressemblant à un who’s who Metal, apport non négligeable pour un groupe se voulant plus agressif, plus rapide, plus démonstratif et plus performant. De fait, le batteur nous sort le grand jeu, rappelant parfois les tentacules de Dave Lombardo, lâche les chiens, opère dans la plus grande précision, et apporte immédiatement du sang neuf à cette réalisation tout sauf classique.
Ensuite, agitons nos mouchoirs pour saluer David Ellefson, parti avec pertes et fracas suite à une sombre affaire d’échanges sexuels sur le net, et qui aura empêtré le groupe dans une toile de justifications, comme une mouche se débattant pour échapper à l’araignée de l’opinion publique. Mustaine a coupé court à la controverse en effaçant toutes les lignes de basse de David sur l’album, avant de les faire réenregistrer par le monstre à quatre cordes Steve Di Giorgio. Bonne pioche, l’homme s’en remettant humblement à ses réflexes les plus naturels pour former un vrai/faux duo avec Dirk.
Toute cette agitation aurait pu méchamment nuire à un album pas encore sorti, mais abondamment teasé par Mustaine via quelques clips qui ont déridé la fanbase. Cette façon d’appâter le chaland état évidemment de bon ton, et les trois clips proposés d’un niveau supérieur, seuls ou accompagnés, comme cet épidermique « Night Stalkers (feat. Ice-T) », dédié au 160ème bataillon de l’armée US, et ses hélicoptères prenant la nuit d’assaut. En invitant Ice-T comme avait pu le faire SLAYER il y a quelques décades, MEGADETH s’offre un featuring fameux, et livre une des chansons les plus probantes de son nouveau répertoire.
Sans doute motivé par l’adversité, remonté comme une pendule par les manchettes des journaux et par les problèmes entourant la gestion interne du groupe, Mustaine a sorti les griffes, et tailladé le dos de la mauvaise fortune pour se sortir les tripes et signer l’un des albums les plus passionnants de son comeback des années 2000. On le sait, le handicap majeur de Mustaine est cette complaisance dans la composition, cette incapacité à faire la différence entre un hit Metal et une scorie Hard, incapacité qui plombait bien des albums en les tirant par le bas, par complaisance ou fainéantise. Mais lorsque le rouquin teigneux se réveille et fait le tri dans ses idées, le résultat ne se fait pas attendre, et « Night Stalkers (feat. Ice-T) » est d’ores et déjà un classique qu’on attend de pied ferme live, d’autant que pour une fois, la production d’un groupe majeur ne se veut ni anonyme ni trop compressée, ce qui nous permet d’apprécier les nombreux soli de Kiko, guitariste fantastique qui donne le sentiment d’avoir toujours fait partie du groupe.
Dave et les siens ont à peu près tout osé sur ce sixième album, de la composition épique à souhait au pamphlet en poing dans la gueule, osant même l’interlude percussif (« Psychopathy ») pour mieux nous prendre à rebours d’un morceau vicieux comme un serpent, et sournois comme un transfuge de l’est (« Killing Time », qui nous ramène plus à Youthanasia qu’a SWEET SAVAGE et la passion de la NWOBHM.
L’autre écueil majeur à contourner pour Mustaine et sa bande, la présence de fillers encombrants, embarrassants, qui depuis la fin des années 80 prennent de la place sur des albums bancals, uniquement sauvés par un ou deux énormes morceaux complexes et progressifs. Visiblement, The Sick, The Dying… And The Dead! en est pratiquement exempt, et si le tracklisting n’est pas homogène en qualité, il ne présente en tout cas pas de disparité grave. « Sacrifice » pourra paraitre facile de ses chœurs emmêlés et de son solo enflammé, bondissant sur un up-tempo évident, et lâchant des riffs de seconde zone. « Junkie » emprunterait presque le même chemin, mais heureusement son ambiance sombre le sauve de la condamnation, sonnant méchant comme une teigne et agressif comme un drogué en phase de manque. Et Mustaine en connait un rayon sur la question.
The Sick, The Dying… And The Dead! peut éventuellement s’appréhender comme une sorte de Best-Of des années 2004/2016, avec en exergue un répertoire solide, des habitudes bien ancrées dans les réflexes (« Soldier On! » et ses syncopes si familières sur fond de solo à la « Peace Sells »), un désir de se montrer sous un jour plus sauvage mais toujours professionnel (« Célebutante »), en proposant quelques petites choses inhabituelles, comme ce très cinématographique « Mission To Mars », qui aurait pu être la B.O du film de Carpenter.
Rien de vraiment surprenant, quelques passages en écriture automatique, mais une réelle envie de s’extirper de ces années passées dans le brouillard, à affronter des revers pas forcément très agréables. Et toujours, cette capacité à pondre de petites merveilles comme ce possédé « Dogs Of Chernobyl » qui nous entraîne du côté de Prypiat, à humer le parfum de désolation et les radiations toujours actives.
MEGADETH a souhaité un album long, de près d’une heure, pour faire plaisir à sa fanbase, et fêter en grandes pompes son retour. Sans vraiment parier que ce seizième album deviendra un classique avec le temps, on peut déjà affirmer qu’il se hisse plus vers le haut du panier que vers le fond de la poubelle, sans vraiment forcer, et s’en remettant aux qualités individuelles de son line-up de dingue. Après tout, un album joué par Dave Mustaine, Steve Di Giorgio, Kiko Loureiro et Dirk Verbeuren est un évènement suffisamment marquant pour qu’on s’y intéresse. Et comme le dit très clairement Mustaine en fin de métrage, « We’ll Be Back » (méchamment affilié à « Black Friday » et d’autant plus appréciable), contre vents et marées, contre Speed et Heavy, la rage toujours intacte et le détachement rouquin en étendard.
On ne la fait plus à Mustaine depuis longtemps. Il sait ce dont il est capable, et nous en donne un méchant aperçu sur ce disque mélangeant les humeurs et contenant les saillies les plus brutales depuis très longtemps. Mais le monde lui-même est brutal, alors autant se mettre au diapason.
Titres de l’album :
01. The Sick, The Dying… And The Dead!
02. Life In Hell
03. Night Stalkers (feat. Ice-T)
04. Dogs Of Chernobyl
05. Sacrifice
06. Junkie
07. Psychopathy
08. Killing Time
09. Soldier On!
10. Célebutante
11. Mission To Mars
12. We’ll Be Back
Je trouve cet album plus attirant que ne l'était Dystopia, que je trouvais également sympa.
Ravi de ce nouveau Megadeth.
Comme beaucoup, j'avais été soufflé par le fabuleux single "We'll be back"...
De fait, j'attendais beaucoup (trop ?) de ce nouvel album.
Alors certes, il y des putain de titres (putain ! "Nightstalkers" ! C'est du riff à la SLAYER ça bordel !) mais aussi (je trouve) pas mal de remplissage.
Bon... Je ne l'ai écouté que deux fois pour l'instant hein...
A voir sur le long terme donc, mais pour paraphraser mortne2001, "on peut déjà affirmer qu’il se hisse plus vers le haut du panier que vers le fond de la poubelle".
@Humungus : "on peut déjà affirmer qu’il se hisse plus vers le haut du panier que vers le fond de la poubelle".
Ce qui est déjà mieux que la quasi totalité des albums Thrash sortant ces dernières années.
Perso, je trouve pas de titres de remplissage alors que sur Dystopia, je pense qu'il y en avait. Ou tout du moins, des morceaux dispensables. Là, j'ai toujours un riff ou un truc qui m'attire à chaque nouveau morceau.
Arioch91+1.
J'en suis à ma 4ème ou 5ème écoute et je ne m'en lasse pas bordel.
Effectivement, le "remplissage" que j'entrevoyais il y a encore quelques jours n'est absolument plus de mise.
Futur achat.
Futur album de ma playlist 2022 fin décembre en ces lignes.
PS : Pour me convaincre réellement de tout ça, j'ai même prévu de me réécouter toute la disco depuis "Cryptic writings"...
Moi ??? Sadique ???
Aucune innovatio, la même rengaine encore et encore. AUX CHIOTTES MUSTAINE LA PLEUREUSE!
Ouais c'est vrai : il aurait pu faire un album de bal musette ! Ca aurait été si inventif, si créatif, si génial !
@arioch91 : garde ta condescendance pour tes potes. Le mec n'est pas de ton avis, et alors? Il y en a qui apprécient qu'un groupe explore à chaque album, d'autres sont satisfaits quand le groupe s'en tient à une formule. Et pour le coup, il a raison, la vieille rouquine est une putain pleureuse.
"Chacun a le droit de donner son opinion mais c'est lui qui a raison..." OK, c'est un concept
C'est un con cept.
Simony : apprends à lire. Je dis qu'il a raison de dire que Mustaine est une pleureuse (le mec passe son temps à ressaser ce qu'il s'est passé il y a 40 ans, et maintenant à chier sur son ex bassiste).
Perso, je m'en tape un peu du Mustaine band, mais par contre, je ne supporte pas qu'on prenne les gens de haut. Pas étonnant de voir qu'il s'agit toujours des 3 ou 4 même personnes qui commentent dont certainement une majorité qui sont de metalnews...
La seule pleureuse que je vois ici c'est toi.
Après Pastis le défenseur de victime beta, voici venir Hoover, l'aspirateur à foutre. C'est sympa comme site, vous avez pris les pires fiottes de vs pour le regrouper ici.
Si t'aime tant que ça VS retournes y, au moins plus grand monde pour lire tes dégueulis.
J'arrive pas encore à avoir un avis tranché sur l'album. Au mieux, je le trouve cool avec des morceaux ou passages vraiment bons et et marquants. Au pire, je trouve que les morceaux manque de folie en jouant sur la répétition d'un riff quand celui-ci est de qualité ( ex: les fins de "Life in Hell" ou "Dogs of Chernobyl" qui tourne en boucle ) .
Dommage aussi que le featuring de Ice-T soit anecdotique.
La seule chose dont je suis certain, pour le moment, est qu'aucun morceau ne fait de l'ombre à "We'll Be Back".
@Buck Dancer : "La seule chose dont je suis certain, pour le moment, est qu'aucun morceau ne fait de l'ombre à "We'll Be Back". Ah si ! "Nightstalkers" est franchement excellent, du calibre de "This Day We Fight" si l'on compare avec le répertoire récent. J'adore aussi le morceau éponyme avec son riff principal MORTEL ! D'ailleurs j'adore quand Megadeth compose ce genre de morceaux, dans la lignée de "Dystopia" et "Die Dead Enough". Une sorte de Heavy technique et assez mélancolique absolument irrésistible. Ce nouvel album est quand même bien bon !
Totoro, j'aime aussi beaucoup "Night Stalkers" (déjà évoqué plus haut Ice-T) par contre pour la chanson titre je suis plus dubitatif. Surtout en entrée d'album, je crois que j'aurais aimé un morceau plus rentre dedans.
Je l'ai acheté et écouté aujourd'hui.
Il est puissant, la prod est excellente. Dirk est phénoménal et Kiko renversant.
Les morceaux semblent avoir été pensés pour le timbre de voix de Dave.
Les chansons sortent des sentiers battus couplet ref couplet ref solo couplet ref.
Il me faudra plusieurs écoutes pour l'apprécier vraiment.
Mais !
Mais, comme ça, à brûle pourpoint, je ne suis pas convaincu...
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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