« Le Stéphanois » pour moi, c’était ce grand bandit de Bernard Lavilliers, baroudeur musical jeunant avec les aigles et avouant sa passion pour l’Amérique du Sud, Cuba, et les tours du monde à la rencontre de cultures différentes.
Mais finalement, « Les Stéphanois », puisqu’ils existent, semblent plutôt se concentrer sur la meilleure façon de recycler un style extrême à leur sauce, sans vraiment s’aventurer trop loin. Et ces Stéphanois, ce sont Christophe Picolo et Martinou (guitares), Turie (basse/chant) et Jean-François Wujek (batterie), un quatuor à l’assise solide, qui depuis sa formation en 2005 poursuit son chemin de démos en EP, et de concerts en LP. D’ailleurs, depuis quelques mois, ils en ont un nouveau dans la musette à vous proposer.
Son nom ?
The Specter, et gageons qu’avec un tel barouf, nos héros du jour ne mettront pas de temps à tous les attirer dans un château abandonné ou au contraire, à les faire fuir dans une lande désolée. Du côté de St Etienne évidemment…
KORROSIAH, c’est corrosif évidemment, et pourtant peu de chances que leurs guitares ne rouillent en étant malmenées aussi souvent. Il est par contre évident que le processus risque d’endommager fortement vos conduits auditifs, qui eux ne sont pas inoxydables, même s’ils ont été rompus aux exercices les plus brutaux de la vague Thrash de la Bay Area ou celle de la Ruhr.
Car ces quatre malandrins du riff malin n’ont de cesse de puiser dans l’héritage de la musique extrême des années 84/90 (pour baliser un peu le contexte temporel), et ce, depuis leur première maquette The Rehearsal Room Demo en 2006, qui hésitait encore entre Thrash deathisé et Heavy appuyé.
Depuis, leur optique n’a pas vraiment changé, eux non plus d’ailleurs, ils se montrent toujours aussi hargneux, et ce The Specter leur permet de franchir un cap supplémentaire sur la voie de la crédibilité, en accumulant les rythmiques acharnées et les saccades de guitare acérées.
KORROSIAH, en substance, c’est un peu ne pas chercher midi à quatorze heures, mais quand même y attendre seize heures pour prendre son goûter. Une façon de rester collé à la puissance et l’efficacité, sans pour autant négliger un apport technique indéniable qui permet une belle fluidité leur évitant l’écueil du gros qui tâche qu’on a toujours du mal à digérer.
Et pour manger la chèvre sans se prendre le chou, affirmons comme postulat que les Stéphanois s’y entendent comme personne pour associer la crudité radicale d’un KREATOR du début des 90’s à la symbiose diabolique Heavy/Thrash des MEGADETH et TESTAMENT de la même époque. Le tout, interprété avec la rage d’un MASSACRA pour ne pas perdre le la, ce qui vous le constatez, ressemble à un joli mélanger facile à déguster.
Ce second longue durée, faisant suite à Creepy Feelings plutôt bien accueilli en 2009, est produit par Freddy Kroegher (HEAVYLUTION, BENIGHTED), et bénéficie donc d’un son plutôt béton, mettant en valeur les qualités rythmiques et harmoniques du quatuor, qui d’ailleurs ne se gêne pas pour en faire étalage sur quelques passages délicats et suaves (l’intro subtile de « Overcome », véritable synthèse de tout ce que le Thrash a proposé de meilleur en trente ans).
En parlant de ce morceau, c’est sans doute celui qui incarne le mieux l’ambivalence d’un groupe qui ne refuse pas la nuance d’une brutalité à outrance, et qui sait s’adapter aux standards de son époque, sans trop uniformiser sa musique.
Des riffs purement Thrash incrustés dans un schéma Heavy en diable, une voix bien grave au gros grain qui survole les débats, et quelques éclairs de génie au niveau des arrangements pour ne pas paraître trop passéiste, le tout mélangé dans un chaudron de Metal en fusion, pour un headbanging carton qui ne crache pas sur des accalmies bien senties.
A l’aise en format évolutif et en cadre serré, les quatre pistoleros dégainent vite, mais visent juste, et se permettent même quelques saillies écrasantes, au groove palpable et à l’atmosphère suintante (« The Specter », qu’on penserait exhumé de bandes cachées du Terrible Certainty de KREATOR reprises à leur compte par un AT THE GATES en plein hommage).
Mais l’intensité et la vélocité ne les effraient pas plus que ça, et ils manient l’art du contretemps aussi finement qu’un DARK ANGEL en duo avec des DEATH ANGEL plus récents (« Neurotic Winds », qui ose même le coup de lapin du refrain germanique et mélodique), poussant même le bouchon romantique du TESTAMENT le plus onirique encore plus loin dans la mare du Heavy Progressif habile (« Shades Of Darkness » aux soli évanescents).
Mais le but étant d’être aussi percutants qu’une série de bourre-pif à l’avenant, les KORROSIAH savent aussi faire parler les poings et avancer sans se retourner (« Seal Our Fate », aussi méchant qu’une béquille à un enfant dans le genre Heavy/Thrash suffocant, « Nihilist », qui effectivement n’invite pas à l’empathie avec son up tempo accentué d’une double grosse caisse en tête de marteau), tout en préparant leur plan de bataille avec application, tels des MEGADETH sournois mais en équipe avec les ICED EARTH pour un tournoi (« Witchcraft », au refrain grandiloquent d’un Death morbide et étouffant).
Plus légers et primesautiers quand le temps le permet (« From Beyond », qui tente le clin d’œil au MASSACRE vu au travers de la longue-vue des refrains de RUNNING WILD), mais définitifs lorsqu’il s’agit de refermer le chapitre en assimilant tous les épitres sans apôtres (« Iron Will », qui dépote sévère mais reste quand même dans une ambiance casanière de guitares incendiaires aux motifs un peu amers, propulsées par des syncopes sévères et des chœurs de l’enfer).
En somme, une jolie adaptation des canons Thrash de la décennie d’usage, chauffés à blanc par l’explosion d’obus Death pas trop puissants, le tout manié par des musiciens à l’aise dans la technique et la pratique, qui jouent sans faire semblant.
Brutal mais coulant, puissant mais pas abrutissant, ce The Specter se révèle habile synthèse de styles extrêmes qui entre les mains des KORROSIAH le restent.
Avec ça entre les feuilles, et même sous une pluie battante, vos articulations cervicales ne risqueront pas l’oxydation. Un spectre plein de vie qui hante les couloirs du Heavy, battant le rythme rapide de ses chaînes et hurlant à la haine Thrash pour défier la mort d’un Death hors d’haleine.
Titres de l'album:
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