Une valeur sûre. Voilà ce qu’on peut dire de CARDIAC ARREST, qui depuis le début des années 2000 se rappelle à notre bon souvenir en longue-durée. Aucune condescendance dans ces mots, bien au contraire. Une véritable marque de respect pour un groupe qui n’a que très rarement déçu, et qui n’a jamais dévié de sa ligne de conduite. On se souvient très bien des quatre gigantesques claques que le quatuor de Chicago nous avait assénées entre 2006 et 2012, creusant fermement les fondations de sa philosophie. Une philosophie très simple.
Jouer le Death Metal tel qu’il était pratiqué au départ par les brutes de Floride et de Birmingham.
On reconnaît immédiatement la patte des américains. Des titres qui en disent long sur les obsessions, des structures classiques, un fondamentalisme morbide, et une efficacité humble. Pas de démonstration inutile, l’essentiel, des passages rapides, des écrasements de vertèbres, et un batteur en constant roulement, comme s’il était assis sur un volcan très actif. Ainsi, The Stench of Eternity ne déroge à aucune règle et poursuit les travaux entrepris depuis les débuts du groupe, suivant de près artistiquement parlant The Day That Death Prevailed.
Alors comme ça, l’éternité ça pue ? Visiblement et olfactivement oui, si l’on en croit les dix nouvelles histoires d’horreur racontées par ces maniaques. A la barre, l’indéboulonnable Adam Scott, toujours accroché à sa guitare et son micro depuis 1997, et toujours secondé par les mêmes comparses depuis plus d’une décennie (Dave Holland - basse/chœurs, Tom Knizner - guitare/chœurs et Nick Gallichio - batterie). Le cap ? Une sorte de digression sur les agressions de BENEDICTION, AUTOPSY, DEICIDE, CANNIBAL CORPSE, et même le NAPALM DEATH de Harmony Corruption. Du terroir donc, préparé avec haine, et qui sent bon les abats et les tripes légèrement faisandées.
Un véritable festin pour les asticots attachés à leurs racines, et qui préfèrent bouffer de la bidoche rance et mise en cercueil que des cadavres frais à peine trépassés. La beauté du geste chez CARDIAC ARREST, c’est principalement ce côté analogique qui nous éloigne des productions énormes et des compressions excessives. Ici, on entend un percussionniste jouer, et non une boîte à rythme humaine, et ce côté artisanal nous renvoie au meilleur des travaux floridien et anglais de l’orée des nineties. Car pour parler de la mort parfois, il faut être bien vivant.
Alors évidemment, tout ça nous donne parfois quelques décalages à la croche, des harmonies un peu hésitantes, mais c’est justement ces petites approximations qui font le charme d’un album comme The Stench of Eternity. Le Death propre et carré est évidemment très appréciable, mais celui joué avec les tripes et sans click est aussi délectable, au moins autant que ces démos que l’on s’échangeait en cassette il y a de ça quelques décennies.
Mais CARDIAC ARREST est toujours aussi féroce, et sonne toujours comme le groupe le plus anglais du marché américain. Il suffit pour s’en rendre compte d’écouter le monstrueux (dans tous les sens du terme) « Bullets Are The Only Cure », qui aurait largement eu sa place sur le séminal Subconscious Terror, et qui sonne encore plus roots qu’un remugle de John Tardy. Si la durée des morceaux est très variable, le contenu est cohérent, et suit une logique implacable. Une série d’à-coups, des soli qui sonnent parfois en dehors de la gamme mais qui font usage d’une utilisation très juste du vibrato, un chanteur/grogneur qui ne change jamais d’humeur, et évidemment, des riffs, encore des riffs, vendus par paquets de dix dans un linceul déjà bien moisi.
On savoure donc ce fromage musical qui coule, et qui dégage une très forte odeur de fermentation. CARDIAC ARREST n’est résolument pas un camembert pasteurisé au goût inexistant, mais bien une belle rondelle de tradition, que les vers finissent par investir. Le quatuor n’est donc pas comme le bon vin, mais plutôt comme le bon fromage, à la croute épaisse et légèrement marronnée. Chaque bouchée est donc une jouissance, lorsque les dents se plongent dans la part « In The Name Of Sufferring », avant que la langue ne caresse le moelleux de « Victims To The Blasphemy ».
De temps à autres, il presse justement, et le rythme s’emballe au son de l’acharné « Born To Be Buried » qui décrit en quelques mots choisis le destin funeste qui nous attend. Avec sa production qu’on imagine transfuge des souvenirs de Tampa, ses inclinaisons d’outre-Manche et sa façon de le manier, The Stench of Eternity ne cherche pas à créer la surprise, mais plutôt à nous en faire une belle.
Mais simplicité et franchise ne veulent pas dire manque d’ambition. Et avec un final de plus de dix minutes, CARDIAC ARREST nous comprime encore un peu plus le thorax, allant jusqu’à citer le feedback de SLAYER sur « Raining Blood ». La lenteur nous pèse sur les épaules, la gravité peinte en noir notre avenir, et le présent se transforme en dimanche interminable, entre un « Dimanche Martin » particulièrement pénible et un enterrement de troisième classe.
Et de la classe, le groupe en a. Celle de perpétrer l’esprit originel d’un style qui s’accommode toujours aussi bien de ses démons, et qui n’aime rien tant que retrouver ce son d’origine qui nous a un jour tétanisés avant de nous fédérer.
Sincèrement, j’aime bien quand ça pue. Et j’aimais bien « Dimanche Martin ». Alors, CARDIAC ARREST aura toujours une place dans les colonnes de mon Télé 7 Jours personnel. Et si vous avez manqué le début, ça n’est pas bien grave. La fin sera la même pour tout le monde.
Titres de l’album:
01. Maggotbrain
02. Victims To The Blasphemy
03. Beg, Plead, Crawl
04. Means To An End
05. Bullets Are The Only Cure
06. In The Name Of Sufferring
07. Born To Be Buried
08. No Human Will
09. This Is How You Die
10. From Civilized To Sadistic
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