2021 commence très mal, et chaque jour charrie son lot de mauvaises nouvelles et de décès pour le monde du Metal. Alors, ne m’en veuillez pas de consacrer cette chronique au premier album d’un groupe de Death old-school, et n’y voyez pas d’ironie mal placée : mais en effet, le style correspond bien à mon humeur du moment, entre tristesse et temps gris. Tristesse et plutôt résignation. Comme si nous avions abordé l’année dernière le dernier virage de la civilisation telle que nous l’avons toujours connue, pour rentrer dans l’âge sombre du déclin de la société. Comme si, à partir de maintenant, le ciel n’avait de cesse de s’assombrir pour nous faire comprendre que la fête est finie, et que les cadavres vont maintenant s’amonceler sur fond de catastrophes sanitaires et climatiques dramatiques. Autant d’impressions renforcées par l’écoute de ce noir et putride The Stench of Suffering, qui ne ment pas sur son contenu de son titre. Ici en effet, tout empeste la mort, la souffrance, les plaies mal refermées et le sang qui sèche sur le sol, et si le timing colle d’un peu trop près à la réalité des faits, il n’en reste pas moins que ces trois américains s’y connaissent en méthodes ancestrales d’embaumement.
Fondé en 2019 du côté de Phoenix, Arizona, UNEMBALMED est le type même de groupe qui a bien retenu les leçons de ses aînés. En trouvant le juste milieu entre le Death suédois de la fin des années 80 et les exactions les plus nauséabondes de SEMPITERNAL DEATHREIGN et AUTOPSY, ces joyeux drilles nous donnent rendez-vous dans les égouts de l’humanité pour célébrer sa fin proche. Sans se présenter autrement qu’avec ce premier album, les trois arizoniens n’ont même pas pris la peine d’accoucher d’une démo mort-née, et se lancent directement dans le grand bain de tripailles, les riffs en avant, et le chant d’outre-tombe peu rassurant. Sans bouleverser le grand ordre des croque-morts, UNEMBALMED pose discrètement son linceul moisi sur la tombe du Death moderne et technique, pour revenir aux fondamentaux du Death américain, et ces plans lancinants durant des plombes, à la lisière d’un Doom vraiment poisseux qui colle aux doigts.
Alors évidemment, pour qui a l’habitude de visiter les morgues, les ossuaires, les fosses communes et autres lieux de réjouissances pour nécrophiles assumés, The Stench of Suffering ne proposera aucun fumet inédit ni lambeau de chair plus pourri que la moyenne. Mais la façon dont ces trois malsains gèrent leurs attaques à quelque chose d’hypnotique, spécialement lorsque le tempo décroît à l’occasion du glauque et peu ragoutant « Swarm Of Flies ». On imagine très bien la nuée de mouches voler au-dessus d’un cadavre plus très frais, l’odeur du processus naturel de putréfaction, et le regard distancié d’un ouvrier qualifié commencer son travail de dissection. En optant pour une technique assez marécageuse et Doom, les UNEMBALMED privilégient donc la puissance et la lourdeur, mais ne restent pas figés sur un plan monolithique. Ainsi, les cassures modérées se succèdent, et donnent parfois un parfum légèrement NOLA à l’ensemble (« Visceral Entropy »), ou au contraire nous rappellent les débuts du Death tel qu’il avait été conçu et pensé dans les années 80, en Suède comme aux Etats-Unis (« Pandemonic Exultation »). Du classicisme donc, mais des émanations tout à fait naturelles, quelques ballonnements précédant une expulsion de gaz assez malodorant, et une atmosphère globale confinée et véritablement sombre.
De quoi rassasier les appétits les plus douteux, et nous ramener à l’époque glorieuse ou le genre ne s’appréhendait encore que pur et non fusionné. Pas de démonstration technique egocentrique, pas l’ombre d’un solo, une voix rauque à la BENEDICTION (et une philosophie qui s’en rapproche), pas de double grosse caisse concassée, une production qui sent bon le huit pistes analogiques et qui ne singe pas la froideur des studios Sunlight ou l’exotisme du Morrisound. Pour un premier album, les trois originaires de Phœnix s’en sortent avec plus que les horreurs, nous servent encore bouillant des restes fumant (« Lost In Cremation », avec cette grosse caisse qui semble captée en live et sans micro), et ne déviant jamais de leur ligne de conduite rigide comme des muscles quelques heures après le décès. De quoi commencer l’année 2021 sous les bons/mauvais auspices, et se mettre au diapason de l’humeur générale.
Titres de l’album:
01. Stonedead
02. Where Light Will Never Reach
03. Swarm Of Flies
04. Visceral Entropy
05. Pandemonic Exultation
06. Lost In Cremation
07. Feasting On The Flesh Of The Undead
08. Ripping Through The Dead
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49