De nos jours, nous sommes plus habitués à ce que la Finlande nous recycle le Hard Rock des années 70 revu et corrigé à la sauce Synth-Pop des années 80, mais comme les exceptions confirment toujours la règle, je prends acte du troisième album des nationaux de SOULWOUND. En activité depuis 2005, les originaires d’Anjalankoski ont travaillé à leur rythme, publiant quatre démos coup sur coup avant de se lâcher sur un premier longue-durée en 2013. C’est donc par le biais de Seeing Red que nous avions fait leur connaissance, et trempé nos oreilles dans ce subtil crossover de Thrash et de Death, se montrant évidemment plus efficace qu’original. Trois ans plus tard, ce fut No Peace qui alluma la mèche de l’obus de la guerre contre un Metal trop timoré, et après quatre ans de silence et d’élaboration, la troupe nous en revient encore plus déterminée via ce déterminant troisième LP supposé leur faire franchir une étape supplémentaire. Précisons que les musiciens ont travaillé d’arrache-pied pour offrir à leur fanbase l’album le plus solide qui soit, et à l’écoute de The Suffering, on comprend rapidement que les dits fans ne risquent pas de se sentir lésés. Utilisant depuis leurs débuts des références incontournables (SEPULTURA, FEAR FACTORY, SLAYER, MACHINE HEAD, TESTAMENT ou DEATH), les SOULWOUND se rapprochent aussi de la vague Melodeath scandinave, avec des clins d’œil plus que poussés à des ensembles comme AT THE GATES ou SOILWORK, quoique leur Thrash garde cette emprunte old-school qui leur permet de se détacher habilement de cette vague. Mais avec une frontière constamment foulée entre Thrash et Death, The Suffering peut-être apprécié par les accros à l’extrême raisonnable et mélodique de tout poil, et constitue une somme de travail impressionnante.
Emballé dans une jolie pochette, ce troisième tome de la saga finlandaise propose un visage lifté, une attitude renouvelée, et des muscles bandés. Sans vraiment choisir leur camp, les cinq musiciens osent donc viser la perfection dans un genre qui ne supporte plus le simple copié/collé, et proposent des compositions intelligentes, bien amenées, classiques, mais explosives. Alternant avec flair les décollages à 5G et les accalmies Heavy du plus bel effet, SOULWOUND distille donc un joli panaché de son œuvre, en s’appuyant sur une rythmique toujours aussi solide. Et avec des parties de batterie enregistrées, mixées et masterisées par Saku Moilanen (AEONIAN SORROW, WOLFHEART, BLOODRED HOURGLASS) aux Deep Noise Studios, The Suffering peut s’appuyer sur de solides bases de diversité pour nous entraîner sur la piste d’un Thrash/Death de première catégorie. J’en veux pour exemple le lourd et glauque « Pleasures », qui en six minutes impose une atmosphère pesante et moite, qui permet de placer des lignes de chant vraiment graves et rauques sur fond d’instrumental étouffant. En oscillant constamment entre toutes les fragrances du Thrash, le collectif finlandais constitué d’Ilkka Valkonen (chant), Niko Huusari (guitare), Mikko Huusari (guitare), Joni Järvenmäki (basse) et Janne Huusari (batterie) s’avance donc et refuse la facilité, proposant des compositions étonnamment variées pour un album de Thrash classique, et entame son parcours via une intro lourde de sens, et un « Waste of Life » ne lésinant pas sur les soli harmoniques, les sifflantes, ou les accélérations dantesques. On pense alors à une version de TESTAMENT très virile après un stage en Suède, ou à un AT THE GATES ayant relu tous ses songbooks de KREATOR, et si le résultat n’est pas encore totalement personnel, il n’en est pas moins percutant, et euphorisant.
Très proprement produit, ce troisième LP censé représenter le pinacle de la carrière du groupe l’incarne avec brio, et entre des écrasements de vertèbres méchamment puissants, et des BPM qui s’affolent à la moindre occasion, « Ritual Cleansing » confirme la bonne impression, et revisite les nineties de Roadrunner avec un panache certain. Breaks inspirés, cassures classiques mais bien amenées, chanteur qui puise dans ses tripes et phrase diabolique, paire de guitaristes en pleine osmose SLAYER, rythmique inépuisable, le groupe est au sommet de sa forme, et cavale bon train pour rejoindre la prochaine gare. Et il ne risque pas de manquer le départ, au vu de la fougue dont il fait preuve, et même si la plupart des plans sont d’un formalisme indéniable, l’ensemble dégage une sensation de fraîcheur assez incroyable. On sent que toutes les influences du groupe ont été mises à contribution, et que l’expérience de quinze ans de pratique commence à porter ses fruits murs, et les titres s’enchaînent sans temps mort, avec toujours en exergue un batteur qui abat un boulot incroyable, et qui adapte un tempo MOTORHEAD à une déclaration d’intention CARCASS (« The Cult of I »). Alors évidemment, sur près de cinquante minutes, le quintet n’évite pas toujours les maladresses et les redites, mais cette petite heure de Thrash/Death bouillonnant fait le job à merveille en ralentissant la cadence à des moments idoines, ou au contraire, en saccadant à la nordique pour nous les hacher menues (« Enter the Hivemind »). Toujours à cheval entre le classicisme purement Thrash des années 90 et la fluidité Death de la même époque, SOULWOUND revisite un répertoire historique pour en proposer sa version, et entre des intros bien trouvées, des percussions convaincantes, et deux guitaristes qui ne se contentent pas de doubler les mêmes parties, le résultat est détonnant à défaut d’être étonnant, et d’une efficacité endiablée.
Quelques morceaux auraient sans doute gagné à être expurgés de quelques passages, mais globalement, la tuerie est impressionnante, et les quelques mid-tempi vraiment prenants, même lorsqu’ils n’occupent qu’une petite partie du métrage (« Error in the System »). Faisant preuve d’ambition dans la confiance, le quintet trouve toujours la petite idée qui fait la différence, un chant plus grave, plus traité, une compression ébouriffante ou au contraire une aération pleine de flair. Il est inutile toutefois de nier que les quarante minutes passées, l’attention se relâche, même si le groupe nous a réservé un épilogue épique et bien construit (« Death of the Sun »). Et en mettant en balance tous ces arguments, il s’avère que The Suffering incarne le troisième album parfait pour une formation de la trempe de SOULWOUND, et une marche vers la reconnaissance franchie avec un brio incontestable.
Titres de l’album:
01. Waste of Life
02. Ritual Cleansing
03. Pleasures
04. The Cult of I
05. Enter the Hivemind
06. Meat Puppets
07. Error in the System
08. This Hatred
09. Apex Parasite
10. Death of the Sun
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30