A force de se vautrer dans la fange extrême, on finissait par se demander ce qui pouvait encore plus souiller notre âme et nos habits. Après tout, ils étaient déjà salement tâchés par les déjections internationales qui n’en finissaient plus de vomir leur bile sur le tissu de notre complaisance, et la surprise et le dégoût semblaient devenir des concepts du passé, tant nous devenions blasés de tant de violence assumée.
Alors, la questions se posait, et restait d’importance.
Etait-il encore possible d’être extrême sans tomber dans l’exagération cocasse et rester efficace dans l’assaut sonore ? Certains albums tendaient à le prouver, même si le Darkened Core devenait la nouvelle norme en assombrissant la violence pour la rendre encore plus hideuse.
De cette constatation un peu résignée en forme d’impasse, surgit un jour un mince filet de lumière blafarde qui représentait sinon un espoir, tout du moins une possibilité. Oui, il paraissait alors encore possible d’aller plus loin sans aller trop loin, et de nous faire retrouver les sensations éprouvées il y a quelques années, lors de la découverte d’œuvres d’une vilénie aussi tétanisante qu’un projet de loi émis par Vladimir Poutine en revenant d’une chasse à l’ours, ou à l’homme.
La réponse allait-elle venir des USA, les suprématistes Noisy ultimes ? Ou bien de l’Est, qui depuis quelques années tente de nous prouver sa pertinence en termes de terrorisme sonore ?
Mais à ma grande surprise, la réponse était négative. La planche de salut tendue au-dessus du pont était finalement fabriquée en Europe, à Belfast plus précisément, et se voulait d’un bois rigide mais friable, suffisamment en tout cas pour nous jeter dans le grand bain d’acide de la dissonance.
UNYIELDING LOVE. Marrant comme nom, mais formation serrée, très jeune (2014), et une simple démo en carte de visite. Et hop, plongeon dans la faune, et premier album sorti l’année dernière en format tape, et réédité cette année par les sadiques de Sentient Ruin, qui ont flairé le potentiel destructeur de la formation, en respirant leurs émanations d’ultraviolence à plein naseaux.
Une ultraviolence concentrée, qui s’exprime via un médium totalement privé d’empathie rythmique et mélodique, empruntant au Grind sa folie et au Darkcore sa vilénie. Un premier album d’une brièveté trompeuse qui au prime abord fait méchamment penser à une énième exaction Grind tout ce qu’il y a de plus roborative, avant de nous exploser les oreilles de déviances Indus, de folie Noise, et de démence Sludgecore. Le tableau est dépeint avec précision, et se veut simple. Une vieille zone résidentielle décatie, tombant en lambeaux, un petit matin. Le silence environnant, et puis le débarquement soudain d’une équipe de démolition sortie de nulle part qui entame son entreprise de démolition sans se soucier du bien-être du voisinage. La wrecking ball qui fracasse les parois, démonte les parpaings sans pitié, et regarde tomber les tours dans un fracas de bruit blanc, avant de constater les dégâts d’un air narquois et d’un sourire sardonique. Une farce ? Peut-être, mais l’une des plus efficaces qu’il n’ait été donné de constater depuis longtemps.
A dire vrai, je n’avais assisté à tel massacre depuis les dernières missions de FULL OF HELL, et pas seulement leur duo gant dans le bruit avec le taré de MERZBOW, et à côté de cette gymkhana sanglante et assoiffée de violence, les INSECT WARFARE et autres NAILS ou DISCORDANCE AXIS et TRAP THEM passent pour de gentils entrepreneurs à peine capable d’arracher la moquette sans se casser un ongle.
Boucherie ?
Maniement de la hachette à une vitesse défiant les lois de la physique ?
Un peu tout ça, et surtout, une attitude frondeuse sans complexe qui relègue la concurrence des mercenaires dans une fausse jungle du treizième arrondissement, histoire de pouvoir planter de nouvelles espèces rares.
Les UNYIELDING LOVE sont de grands malades, aucun doute à se faire là-dessus. Pourtant ils ne tombent jamais dans le drame contemporain du n’importe quoi pour choquer le bourgeois, et animent leur musique d’une âme noircie qui ne confond pas pêché de vitesse et ambition de bruit. Leurs morceaux, aussi terrifiants soient-ils en sont vraiment, et la violence dont ils font preuve est structurée, bien que se figeant dans une grimace horrifique de Grind torturé de Noise et de Blackened Core transformant n’importe quelle tentative des SUFFERING MINDS en plaisanterie douteuse de fin de banquet.
Avec un son qui fricote ses infrabasses pour distordre ses aigus au-delà du raisonnable, The Sweat of Augury est un déchaînement de haine viscérale qui vous cogne les tripes tout en vous remuant le peu de neurones qu’il vous reste.
D’ailleurs, les originaires de Belfast ne s’embarrassent pas de principes, ni de longues intros en guise d’amuse-gueule, et enfoncent les clous dans votre chair dès l’entame « Abandon The Body », qui suggère une horde de barbares assassins se débarrassant d’un corps encombrant dans les eaux boueuses d’une rivière isolée.
Stridence, dissonances, feedback, blasts, hurlements en dualité, on pense évidemment à la furie d’un FULL OF HELL en pleine dépossession de ses moyens, qui hurle et vitupère enfermé dans une cage de rationalité dont il veut s’extirper par n’importe quel moyen.
On sent même en arrière-plan et en trame de fond des velléités Jazzcore assez prononcées, avec ce faux rythme fait de cassures, qui rappelle tout autant les TOTAL FUCKING DESTRUCTION que PSYOPUS ou COMITY. L’intensité est d’ailleurs la même, à cette différence près que les UNYIELDING LOVE sont au moins aussi deux fois plus tarés que n’importe lequel d’entre eux.
« Cruor Whelm » semble faire la jonction entre le NAPALM le plus débridé, le NAILS le plus déridé et le FULL OF HELL le moins ridé, et accentue encore plus la pression pour faire gicler vos yeux médusés hors de vos orbites abusés.
Symphonie de l’outrance totale et assumée, The Sweat of Augury est excessif dans tous les sens des termes du contrat que vous n’avez pas forcément signé. En poussant le paroxysme aux antipodes des frontières de l’impossible, les Irlandais jouent avec nos nerfs, en accumulant les plans (« Ardent Shroud »), sans jamais se départir de cette précision qui rend toutes leurs interventions fatales. Production énorme et ronflante, morceaux brefs qui frappent sans retenue, et final ambivalent d’un Sludge pas vraiment rassurant (« The Pregnant Hurt » / « Sweated Augury »), pour deux derniers chapitres de plus de cinq minutes, tout sauf cathartiques.
Un cauchemar sonore éveillé, qui pourtant vous endort à jamais, mais surtout, la preuve que l’extrême peut aller encore plus loin sans tomber dans le n’importe quoi. Un truc qui enthousiasme autant qu’il n’effraie. Un solo de marteau piqueur à huit heures du matin, dans votre salon, mais qui vous sert le thé et prépare un petit dèj aux petits oignons.
Ce premier album des UNYIELDING LOVE est un caillou dans la chaussure du Grind qui abime la voute plantaire en vous obligeant à courir.
Sadique non ?
Et si les FULL OF HELL débordent d’un enfer bruitiste, The Sweat of Augury est un enfer bruitiste. Mais un enfer si malin qu’il panse vos plaies avant de vous cramer de la tête aux pieds.
Titres de l'album:
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