Suède, sixième album, le second pour l’armada italienne Frontiers, et un bilan pour les SEVENTH WONDER, dix-sept ans après leur émergence via Become : ils sont bien devenus la septième merveille du Prog moderne et ouvert aux arrangements électroniques, et il semblerait que peu de rivaux puissent leur disputer ce titre en toute honnêteté. Et entre DREAM THEATER et SHADOW GALLERY, la place est toute chaude, et ce The Testament, malgré son titre, est loin de représenter une fin quelconque pour ces musiciens doués, sincères et terriblement attachants.
Les fans seront donc ravis de retrouver leurs héros pour de nouvelles aventures musicales, et les néophytes - s’il en reste dans le cas de SEVENTH WONDER - se laisseront peut-être tenter par ce Metal mordant et mélodique, frappé du sceau « made in Sweden », qui est un gage de qualité non négligeable. Et ces mêmes néophytes auraient raison de prendre le train en marche, tant ce sixième album pourrait bien représenter un pic de créativité pour le quintet (Andreas Blomqvist: basse, Andreas Söderin: claviers, Johan Liefvendahl: guitare, Stefan Norgren: batterie et Tommy Karevik: chant), qui n’a jamais paru aussi décidé, impliqué et inspiré. Et même si Tiara il y a quatre ans atteignait déjà des sommets que l’on pensait hors de portée, The Testament est un legs incroyable laissé au profit d’une nouvelle génération désireuse de percer les mystères de la salsa.
Ce qui pose toujours problème avec ces suédois, c’est le délai de latence entre deux témoignages. N’oublions pas que Tiara avait rompu huit ans de silence, et que The Testament en accuse la moitié, ce qui a certainement le don de rendre les fans plus méfiants, et pour le moins plus exigeants. Impossible donc pour la bande de se contenter d’un effort minimum ou d’une simple suite logique, il faut pousser les murs à chaque fois pour accueillir plus de monde et satisfaire tous les convives. Et autant admettre qu’en écoutant ce sixième tome, on a clairement la sensation d’être passé d’un gros manoir à une demeure victorienne royale.
Tommy Karevik et sa bande se sont surpassés, on mis les petits plats dans les grands, pour nous offrir un album de toute beauté, entre Progressif moderne et Heavy Metal mélodique, le mélange parfait pour rappeler ANGRA ou même le DREAM THEATER de Falling into Infinity. On sent aussi quelques émanations de VANDEN PLAS ou ROYAL HUNT, soit la quintessence des coffres du Metal à tendance évolutif, et l’un dans l’autre, The Testament déroule de l’apéritif au dessert avec une maestria insolente, que l’on sent dès l’ouverture/présentation « Warriors », single imparable qui bande les muscles et donne un bilan plus que positif de ce retour longuement attendu.
Entre violence et émotion, entre prétentions techniques et séduction harmonique, SEVENTH WONDER reste la merveille que l’on a toujours connue, et en tombant sur un tube de la trempe de « I Carry The Blame », on se dit que la plume des suédois est toujours aussi affûtée. Il est incroyable de réaliser que le quintet a réussi une bonne fois pour toute à trouver le plus parfait compromis entre Progressif et Heavy, au point d’incarner un style à lui seul. Une fois encore, les mélodies sont sublimes, le talent de Johan Liefvendahl intact en solo, et la voix de Tommy Karevik toujours aussi puissante, suave et nuancée. Résultat sans appel : The Testament est une perle trouvé dans une huître bien cachée, et certainement le meilleur album de la salve Frontiers estivale en termes de Heavy Metal de grande classe.
Claviers prononcés en mode piano nostalgique, enchainements logiques entre les morceaux pour donner cette sensation de concept global, puissance soudaine qui décoiffe même les chauves (« Reflections », groovy, fluide, mais agressif comme un scorpion qui se fait marcher sur la queue), le voyage est passionnant, et aucune étape ne parait dispensable. Pourtant, en nous trimbalant pendant presque une heure, le groupe avait pris un gros risque, et le pari est remporté de la plus belle des façons : logiquement, en accentuant les qualités et en aérant quelque peu la musique pour la faire respirer.
Sans s’attarder sur un niveau technique largement au-dessus de la moyenne qui permet aux SEVENTH WONDER d’inventer à peu près tout ce qu’ils veulent, on soulignera le soin apporté aux chansons, qui ne sont pas que démonstration. Des chansons qui parfois se souviennent du meilleur de Broadway et ses comédies musicales éternelles, mais qui n’oublient pas non plus qu’un bon Heavy puissant est toujours apte à séduire les foules (« Mindkiller »).
En tant qu’acmé inévitable, SEVENTH WONDER nous fait le cadeau d’un pénultième titre en mode bijou étincelant, et « Under A Clear Blue Sky » de se vouloir clair comme de l’eau de roche, mais complexe comme un labyrinthe de Thésée. Basse ronde et caressante, tempo à la LED ZEP, prouesses individuelles cimentées pour le collectif, et interventions divines de Johan Liefvendahl, guitariste capable de défier les Petrucci et autres Malmsteen sans avoir à forcer son talent.
Superbe monde donc dépeint par des esthètes au pinceau agile, The Testament ne lèse personne dans ses articles, et distribue le talent à grande échelle. En signant ce qui sera sans doute son meilleur album avec un peu de recul, SEVENTH WONDER nous enchante encore une fois, et excuse ses longs silences qui finalement, sont justifiés par un soin maniaque. Un sixième tome qui réclame bien des écoutes, mais qui rend accro dès la première. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes.
Titres de l’album :
01. Warriors
02. The Light
03. I Carry The Blame
04. Reflections
05. The Red River
06. Invincible
07. Mindkiller
08. Under A Clear Blue Sky
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