The Theatre Of Invention

Conniption

10/01/2025

Autoproduction

Certains groupes se retrouvent sur des majors, d’autres sur de gros indépendants, d’autres sur de plus humbles structures, et certains ne trouvent jamais chaussure à leur pied. C’est un peu la loterie des labels, et le résultat ne dépend pas toujours du mérite. Sinon, comment expliquer que les américains de CONNIPTION s’autoproduisent depuis vingt ans maintenant, alors qu’ils ont les armes pour séduire des maisons de disques ayant pignon sur rue ? Est-ce parce que leur style est flou ? Parce qu’ils refusent les petites cases bien pratiques ? Manque de chance ? Ou alors…un simple choix de carrière ?

Toujours est-il qu’en écoutant leur cinquième album, vous ne pourrez pas vous empêcher de vous poser cette question, légitime. Mais cette dimension de « groupe qui nous appartient encore » n’est pas si désagréable, même si on aimerait que le destin donne un coup de pouce aux plus méritants. Dont les CONNIPTION font évidemment partie.

Depuis la sortie de leur premier long à tirage confidentiel (A Method to Madness), les originaires de Milwaukee, Wisconsin ont assuré un rythme de production assez soutenu, mais surtout, un niveau de qualité rarement vu. Quatre albums en huit ans, et puis…plus rien. Il aura donc fallu attendre neuf longues années pour que Relentless Tides connaisse les honneurs d’une suite, laps de temps conséquent qui ne laissait guère place à la moindre erreur. Ce qui tombe à pic, comme l‘homme, puisque The Theatre Of Invention est à la hauteur des promesses de son titre.

Nick Smith (basse), Andy Martin (batterie), Bill House (guitare/chœurs) et Michael Brigham (guitare/chant) se cachent donc derrière cette pochette théâtrale, comme quatre personnages de l’ombre dans une pièce American Heavy Metal. Heavy, et même thrashy par la même occasion, bien que les quatre larrons ne se départissent jamais de leur sens de la mélodie. J’ai vu dans cet album un gigantesque patchwork, parfois à la lisière du Power Metal à l’ancienne, et un métissage aux confins des genres, comme si METALLICA se souvenait de sa prime jeunesse sans renier sa maturité.

Beaucoup plus intéressant et enrichissant que les trois ou quatre derniers albums des californiens, The Theatre Of Invention trouve cette juste limite entre agression et séduction, cette frontière que MEGADETH a réussi à atteindre avant de plonger corps et âme dans le commercial un peu lâche. Mieux. Je dirais que les CONNIPTION parviennent à faire de l’ombre à mes chouchous d’ARMORED SAINT, en leur damant le pion sur leur propre terrain. TESTAMENT, LAAZ ROCKIT, DRIFTER, ANTHRAX, les modèles ne manquent pas, et la comparaison est tout sauf exagérée.      

ANNIHILATOR ? Aussi, celui de Never, Neverland, avec des soli du même acabit. Soit la quintessence du Heavy noble, joué avec les tripes et le cerveau, par des musiciens passés maîtres dans l’art de l’agencement et de la composition. Car il faut réfléchir un minimum pour construire un album, avec ses pics de tension, ses moments d’attention, et même sa sensibilité de saison, comme le souligne avec beaucoup de pureté « There’s No Going Back », très moelleux sur sa première partie, avant de s’enflammer dans un incendie de guitares en folie. Bien joué, mais à vrai dire, rien de surprenant. Ces mecs-là en ont sous la dent.

En se tenant éloigné de toute connotation nostalgique, CONNIPTION se détache aisément de la masse grouillante des grouillots old-school balbutiant leur Big 4 ou leur Ruhr en colère. Passant allègrement d’un mid tempo appuyé à une cadence affolée, The Theatre Of Invention n’invente pas, mais réinvente le genre, en lui ouvrant grand les fenêtres de l’inspiration. Crédible en mode grand public, brave lorsque la tempête fait rage, le groupe se laisser aller, et nous emporte dans son univers, fait d’ombres célèbres, de mouvements prestes, et d’une technique appuyée.

Avec une basse qui ose s’incruster dans le mix et nouer quelques boucles mélodiques précieuses, et une dualité vocale efficace, CONNIPTION nous offre là le meilleur de son parcours, osant même le titre fleuve en clôture. « Reap the Whirlwind », qui pourrait avoir été composé dans les 80’s ou les 90’s cite Mustaine, John Bush, James Hetfield, et Jeff Waters, dans un tourbillon magique, entre la Californie et le Canada du grand froid.

Nous agrippant par le colback dès « Set It Alight », compromis de vente signé entre l’ANTHRAX de Bush et le PANTERA le plus discipliné, CONNIPTION place ses pions, et a déjà sa partie en tête. Les coups sont anticipés, les mouvements calculés, et le résultat évident : un triomphe de Heavy torride mais nuancé, qui va marquer de son empreinte cette année à peine entamée.

Je suis très pieusement devenu un adepte du culte théâtral de l’invention. Les CONNIPTION m’ont converti sans prosélytisme ni lavage de cerveau, juste en exposant leurs théories et leur crédo. La force de persuasion sans insistance étant une qualité prédominante, ces garçons-là vont convertir les masses sans effort.

De là, maison de disques ou non….

                                                                                                        

Titres de l’album:

01. On the Horizon Dreamed

02. Set It Alight

03. Valley of the Void

04. The Theatre of Invention

05. Turn the Knife

06. Sweet Vengeance

07. Goddess Divine

08. There’s No Going Back

09. Forever War

10. Death’s Overture

11. What the Moon Brings

12. Reap the Whirlwind


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par mortne2001 le 12/03/2025 à 17:45
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